Le BEPOS, depuis son origine !

Par Alain MAUGARD, président de QUALIBAT le 04 Juillet 2019



Préambule

Nous allons consacrer ces prochaines chroniques « aux différents regards » que nous avons sur le Bâtiment à Energie POSitive, dit le BEPOS. Ces regards seront exposés sous la forme « d’une série » qui pourrait s’intituler : le BEPOS, de son origine, à l’ère industrielle ; les différents regards !

Que s’est-il passé au début pour que ce BEPOS soit né ? Aujourd’hui en 2013, où en sommes-nous, et où allons-nous et à quel rythme ? Demain, et très rapidement que se passera-t-il, et avec quels types de BEPOS ?

Nous allons construire notre propos en deux grandes parties. Une partie bâtiment, et une partie ville, avec le doux pressentiment que c’est la partie ville et le quartier qui demeureront prépondérants au niveau du sens. Pour chacun de ces environnements nous allons poser plusieurs regards, c’est-à-dire plusieurs angles de vue, sans que la liste soit limitée. Nous allons examiner l’aspect actuel du BEPOS, ces différentes définitions et possibilités, son incidence sur l’industrie, sur les moyens de transport ainsi que nos différents modes de vie. Nous laisserons bien entendu la liberté au lecteur de donner plus d’importance, selon sa sensibilité, à tel ou tel aspect et angle de vue.

Le BEPOS est né en 2005, de la maîtrise de la demande et de l’avenir prometteur des EnR !

La première fois que nous parlions du BEPOS en France, c’était en 2005 bien avant le Grenelle de 2007. C’était le début des réflexions concernant la maîtrise de l’énergie à l’horizon 2025. Nous étions plusieurs experts à nous pencher sur les problèmes de prospective de l’énergie. Les différents secteurs tels que le bâtiment et transport, l’agriculture, l’industrie,… étaient passés en revue. Il y avait des débats sur la politique énergétique de la France, sur la fusion et les techniques nucléaires (qui donneront lieu à ITER par après), … Etaient là l’AIE (l’agence internationale de l’énergie), l’ADEME, EDF,…, et tout le monde planchait sur la maîtrise de l’énergie à l’horizon 2025 !

Nous pressentions bien l’écueil du pétrole et des énergies fossiles en général quant à leur raréfaction, mais ce qui était novateur à l’époque résidait sur le fait que c’était la première fois qu’un propos du type « si on ne modère pas la demande, la France même avec sa production nucléaire, comme le monde, n’arrivera pas à répondre à ses propres besoins ».

Dans ce contexte de réflexion, il était ainsi question de s’intéresser plus à la demande, qu’à l’offre énergétique. Ce qui était une première dans « ces milieux-là», où résidait plutôt la réflexion inverse c'est-à-dire de maîtriser simplement l’énergie disponible ! Jusqu’à présent nous avions un point de vue qui consistait à s’attaquer « au simple gaspillage » de l’énergie. Rappelons-nous que jusqu’à présent, l’énergie était portée sur un piédestal, elle était synonyme de progrès et de développement économique et social. L’histoire le démontrant très bien avec le développement industriel de la fin du 19e au début du XXe siècle avec une énergie disponible et à coût abordable, notamment avec la politique nucléaire qu’avait instaurée la France.


Ainsi, pour la première fois, l’analyse portait plus, non pas sur la maîtrise de l’énergie, mais sur la maîtrise de la demande.

En ce qui me concerne, j’étais là comme sachant du secteur bâtiment...

Ce groupe de réflexion se dénommait au début groupe Bilger, puis ensuite Chambolle. Il y avait Monsieur François Demarcq, directeur général l’ADEME qui nous recommandait d’avoir des idées fortes et prospectives pour le secteur du bâtiment. En ce qui me concerne, je représentais le CSTB, et j’étais là comme sachant du secteur bâtiment, et mes idées se portaient sur un bâtiment de demain autonome en énergie, ou bien sur un bâtiment à énergie positive. Et j’ai pris la 2ème option que nous devions imaginer le bâtiment à énergie positive, c’est-à-dire, un bâtiment qui produit plus d’énergie qu’il n’en consomme.

Etait présent dans le groupe, le directeur de la recherche d’EDF M. Bamberger. Suite à l’idée de BEPOS que j’avais avancée, j’appréhendais plutôt une réaction négative par rapport à un bâtiment de demain susceptible de produire une énergie ; qu’EDF vendait. D’une façon inattendue, il déclara « je n’ai rien à rajouter à ce que vient de dire Monsieur Alain Maugard; c’est possible, et c’est même souhaitable de notre point de vue ». Rappelons-nous qu’à cette période-là, c’était également le début de la libéralisation des tarifs d’EDF. Et, sans que nous nous en doutions, il disposait de retours d’informations commerciales du terrain qui indiquaient à EDF non pas de mieux vendre son énergie, mais de trouver solutions pour en économiser !

Ce directeur d’EDF raconta alors l’anecdote suivante : « nous étions confrontés à un client industriel important qui nous demandait de baisser notre offre commerciale. En tant qu’EDF nous ne pouvions vendre en dessous d’un prix plancher. Le client alors intelligemment nous proposait deux solutions : si vous voulez continuer à travailler avec moi soit vous baissez le prix de votre énergie, soit vous trouvez des solutions d’économies d’énergie. Le but étant que ma facture finale baisse ». Pour la première fois, les commerciaux d’EDF, pour conserver leurs clients, étaient confrontés à une question de service pour trouver des solutions d’économies d’énergie. Il fallait vendre moins d’énergie pour conserver le client ! Or, à ce moment-là la direction de la recherche d’EDF n’avait pas forcément en main des solutions de services pour économiser l’énergie. Ainsi le contexte était posé : vendre moins d’énergie et vendre des solutions à valeur ajoutée permettant d’économiser l’énergie. Sous le spectre ancien du convecteur électrique à effet joule, la place devrait être faite à de nouvelles solutions et à des équipements plus subtils. De plus, cette idée de maîtrise de l’énergie allait bien évidemment dans le sens de la préservation des infrastructures de réseaux électriques qui auraient coûtés cher quant à leur renforcement continu sur le territoire national.

Dans ce contexte de maîtrise de l’énergie, l’idée du BEPOS, bâtiment économe et de plus à énergie positive était adoptée par la majorité y compris par ceux qui aurait pu « naturellement » s’y opposer. Et avec deux autres personnes du CSTB dont Daniel Quenard et Jean-Christophe Visier, nous mettions en forme le premier article prospectif sur le BEPOS publié en 2005 dans la revue FUTURIB.

Signalons que lors de nos échanges et débats entre experts, nous avions imaginé que la production d’énergie du BEPOS n’était pas obligatoirement photovoltaïque électrique. Elle pouvait être issue de la biomasse comme l’ADEME le préconisait ou d’origine éolienne.

Pour être honnête, signalons également que cette idée de BEPOS avait déjà été envisagée timidement deux ans auparavant au CSTB, avec même une origine plus ancienne provenant des États-Unis où ce type de bâtiment avait déjà été envisagé. Même si, lorsque nous avions ces échanges de prospective, nous n’étions pas au courant de la même démarche américaine. C’était notre propre intuition française, une intuition bien fondée puisque nous l’imaginions à l’horizon 2025, et que le BEPOS est désormais programmée pour 2020.

L’idée du bâtiment à énergie positive allait donc faire son chemin. Dans d’autres pays, il était davantage question de bâtiment à zéro énergie. En France, avec notre particularisme bien connu, nous voulions apporter « un plus », un bâtiment qui produit plus qu’il ne consomme ! Ainsi, le secteur du bâtiment allait produire de l’énergie !

La nouvelle « série » du BEPOS commence donc ! Vous venez de lire le premier chapitre d’une « saison » qui concerne le bâtiment, porte d’entrée d’une saison suivante : la ville !

Rendez-vous donc le mois prochain pour nos différents regards encore un peu sur le passé avec le BEPOS et le Grenelle de l’environnement, et très rapidement sur l’analyse prospective du BEPOS, le BEPOS positif en énergie, doit-il être faible en carbone ?, ….

Alain Maugard


Commentaires

  • ROBERT
    0
    25/03/2013

    Comme Jérémy RIFKIN, M. Alain MAUGARD veut nous montrez que le bâtiment n'est pas que consommateur, mais peut être producteur d'énergie. Si nous utilisons tous les toits de tous les bâtiments avec du photovoltaïque, nous sommes forcément positif en énergie, voire auto-suffisant. A condition de gérer les pointes avec "du stockage". Nous pourrions commencer par les bâtiments publics neufs en les réalisant tous Bepos!


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