Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
8 Septembre 2008
Tout se passe actuellement d'une façon bizarre, les pouvoirs publics de tous pays semblant reculer devant les réalités, les occultant souvent plus ou moins. Une sorte de pudeur anti-nucléaire par exemple, le nucléaire étant sans doute considéré comme une infirmité gênante …
Sont-ce des accusations graves ?
Prenons un exemple : dans ma lettre du 5 Mai j'ai soulevé le problème de la transformation de l'énergie électrique en énergie primaire, indiquant qu'en France (réseau EdF) chaque kWh électrique coûtait 0,28 kWh de combustible, et non pas 2,8 comme l'indique le chiffre officiel. En annonçant ces valeurs je savais bien que j'allais choquer un certain nombre de lecteurs, mais j'ai été surpris du résultat. D'abord les "chocs" ont été nettement moins nombreux que prévu. Ensuite les opposants sérieux n'ont pas remis mes chiffres en cause, m'opposant uniquement des textes "officiels", qui sont justement ceux que je critique. Ce qui est curieux c'est qu'il y a environ une vingtaine d'années j'ai énuméré ce que je considérais alors comme les trois grands défis que devrait aborder le vingt et unième siècle (encore à venir). Ces trois défis, plus que jamais d'actualité, étaient les suivants :. Allons-nous vers l'énergie nucléaire, et saurons-nous en gérer les déchets ?. Saurons-nous interrompre les rejets de CO2 et CH4, sinon séquestrer ces gaz ?. Saurons-nous utiliser les énergies naturelles de façon vraiment efficace et suffisante ?
Quelles sont, ou ont été vos réponses ?
Ce ne sont pas les miennes, mais celles que l'environnement scientifique et technique saura nous proposer. Prenez l'exemple du nucléaire. Pour des raisons purement psychologiques (probablement pour ne pas avoir l'air "pro-nucléaire") les pouvoirs publics pénalisent le système électrique français … mais en même temps construisent de nouvelles centrales. Ce n'est d'ailleurs pas qu'en France, la franchise à ce sujet étant assez variable selon les pays. Outre la France, la Finlande, la Slovaquie, la Bulgarie, la Roumanie, et désormais le Royaume-Uni et l'Italie font de plus en plus ouvertement appel à la relance du nucléaire. Sans compter l'Allemagne et la Belgique, qui auraient dû fermer leur parc, mais qui commencent à y réfléchir sérieusement. La chancelière Angela Merkel ne disait-elle pas récemment que "l'abandon de l'énergie nucléaire en Allemagne est une mauvaise solution". Tout cela ne règle pas le problème des déchets nucléaires, mais montre bien que la réalité devient vite incontournable. Si vous prenez les exemples du CO2 et du CH4, ou des énergies dites "naturelles", vous serez bien obligé de constater, là aussi, que la recherche ne nous a pas encore fourni les solutions performantes dont nous rêvions. Les solutions actuelles ne résolvent pas vraiment tous les problèmes. Il y a, hélas, encore beaucoup d'efforts à faire, et rien ne permet de deviner la solution qui, tôt ou tard, s'imposera.
Peut-on, néanmoins, tirer quelques conclusions ?
Il est manifeste que les problèmes posés par l'avenir de la terre agitent beaucoup d'esprits, et ce n'est sûrement pas un mal. Mais cela s'accompagne trop souvent d'opinions très subjectives, loin des réalités. Il n'est pas question de s'engager ici dans les polémiques, déjà nombreuses : il est simplement question de revenir aux réalités, même si elles sont parfois gênantes. Donc, s'il vous plait, pas de polémique, mais des réalités : si je me trompe sur les chiffres je suis prêt à les corriger. La seule vraie question, à mon avis, est finalement la suivante : devons-nous baser nos choix sur les consommations d'énergie ou sur les rejets de CO2 et de CH4, bien que le risque de manquer d'énergie revienne désormais en force face à celui du réchauffement climatique.
Comment y voir plus clair ?
Ne mélangeons pas tout, en voici un exemple. Actuellement l'Europe dépense environ 55% de son énergie pour le chauffage, mais cela ne concerne que l'existant. Si tout se passe bien, dans les bâtiments nouveaux le chauffage ne devrait plus représenter qu'un poids beaucoup plus faible. Nous avons un bon exemple de cette confusion en analysant le label PassivHaus à la mode en Allemagne. Pour obtenir ce label il faut :. consommer moins de 15 [kWh/m² an] en chauffage (souvent plus de 200 auparavant), . et moins de 120 tous usages (chauffage + ventilation + eau chaude + éclairage + usages domestiques).Dans ces conditions le chauffage ne représente plus qu'à peine un peu plus de 10% du total ! C'est dire quelle erreur est commise lorsqu'on confond (ce qui est encore très fréquent et implicite) les deux consommations.
Roger CADIERGUES