Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
Qu'en est-il, par ailleurs, des méthodes, que vous proposez également d'adopter ? N'est-ce pas un exemple isolé ?
Absolument pas. En fait cette initiative européenne n'est qu'une timide copie d'une procédure qui existe aux Etats-Unis depuis deux ans. Le Center for Diseases Control and Prevention d'Atlanta, qui est chargé de cette opération, vient de publier son deuxième rapport annuel sur le sujet. Il s'agit, chaque année, d'une enquête systématique couvrant 116 produits chimiques contenus éventuellement dans le sang et l'urine des sujets américains. Les teneurs constatées ne sont généralement pas très élevées, mais les références biologiques manquent : les limites souhaitables ou tolérables n'étant généralement pas encore bien définies, il reste assez difficile de dépasser les constats.
Ces incertitudes ne sont-elles pas, finalement, un obstacle irréversible ?
Non, parce que l'opération devrait se dérouler comme suit, cette
articulation démontrant bien le sens du parcours qui me paraît
inévitable lorsqu'il s'agit de développement souhaitable.
Deux cas peuvent se présenter.
1. Pour certains produits, par exemple le radon dans l'air, nous disposons de
données permettant, tant bien que mal, de décider.
2. Pour d'autres produits nous ne savons pas très bien comment faire
: c'est le cas avec la majorité des produits chimiques mis en cause dans
les mesures précédentes, certains étant vraisemblablement
cancérigènes. Dans une telle situation c'est la recherche qui
doit être déclenchée d'urgence, ce qui semble être
déjà le cas sur une grande partie du thème de l'environnement
chimique.
Qu'on ne s'y trompe pas, la présence de composants chimiques peu acceptables
ou inacceptables est le "fruit" de plusieurs phénomènes
:
- les processus chimiques intervenant normalement au sein du corps humain, car
ils existent (nous produisons, par exemple, du benzène),
- les ingestions alimentaires, l'eau comprise bien entendu,
- les ingestions respiratoires directes par voisinage immédiat des traitements
(cosmétiques capillaires, vernis à ongle, etc.),
- la pollution générale de l'air intérieur (produits de
nettoyage, pesticides, certains matériaux de construction ou de revêtement,
traitements anti-feu, etc.).
Ne se préoccuper actuellement que de la qualité de l'air, ou n'utiliser
(dans ce secteur) que des données datant d'il y a plus de 10 à
20 ans sera, désormais, de plus en plus inadapté.
Est-il vraiment normal de nous préoccuper d'aspects autres que ceux qui concernent l'air, par exemple les produits chimiques en général ?
Oui, car nous ne pourrons éviter de prendre partie. Ou bien certains produits chimiques, gênants ou nocifs, seront exclus des produits quotidiens, ou ils ne le seront pas. Nos choix finaux en dépendront.
Est-ce qu'en prenant l'exemple des risques chimiques vous n'êtes pas en train de démonter qu'on ne peut rien faire de valable ?
Absolument pas. Il s'agit, dans chaque cas :
- de bien choisir le cadre, le plus large possible, disons celui du "développement
raisonnable",
- de bien choisir nos démarches (positives bien entendu de préférence),
seul moyen de tenir compte efficacement (et rapidement) du développement
de nos connaissances, sans se limiter à un seul aspect isolé.
Sous cette réserve vous verrez qu'on peut facilement choisir des démarches
positives, pratiques, claires et simples.
Dans ma prochaine lettre, après avoir fixé - pour le moment un peu dans le flou - le cadre proposé, j'aborderai, avec des exemples, les raisons qui font que les démarches positives devraient constituer l'essentiel (je ne dis pas la totalité) du futur efficace.
Roger CADIERGUES