Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
Les démarches actuelles ne répondent pas aux détériorations de toutes natures qui se font jour, dont les conséquences seront plus ou moins irréversibles si nous n'agissons pas. C'est un des paramètres essentiels de l'évolution de nos métiers. Face à ces défis mon souci est très simple : ramener un grand nombre de décideurs et d'intervenants aux réalités. Ce qui n'est pas une mince affaire, et va nous obliger à un examen détaillé de nos techniques. En général il ne s'agira pas de calculs savants, mais de références à des expériences bien précises.
Le point de départ actuel semble pourtant correct ?
Les grands défis actuels, tels qu'ils sont publiquement annoncés, tournent d'abord, quoi qu'on fasse, autour de la maîtrise de l'effet de serre. Avec - en sous-jacent - la nécessité d'épargner nos ressources en énergies. Sans aborder le problème délicat de la prévision des températures d'ici 20 ou 50 ans, le défi dont il s'agit est celui du développement de la teneur en CO2 de l'atmosphère. Je discuterai plus tard de ce problème, car je voudrais d'abord me placer dans un cadre beaucoup plus général, l'effet de serre ne me servant que d'exemple. Ce qui me paraît essentiel c'est d'abord, et avant tout, de mettre en garde contre de trop nombreux raisonnements peu satisfaisants.
Un premier raisonnement erroné !
C'est le raisonnement le plus fréquent que je rencontre : croire qu'on peut protéger le monde en créant des diktats simples, pour ne pas dire "simplistes". En voici un exemple, en nous limitant pour le moment aux aspects énergétiques : la certification "européenne" des performances énergétiques. L'illusion est incroyable. Car la qualité de nos installations, et leurs réponses aux vrais défis énergétiques ne tiennent pas au respect d'un règlement, mais à une prise de conscience sérieuse et générale du fait que la qualité énergétique dépend d'un ensemble de facteurs bien concrets, allant très au-delà du calcul d'un critère conventionnel. Ces facteurs concrets sont les suivants : - l'intelligence de la conception, - la qualité de la réalisation, - la pertinence de la gestion. Les négliger est une catastrophe. Je sais bien qu'il est difficile de prendre tout en compte. Je sais bien qu'il est plus facile d'inventer des obligations mathématiques. Ce n'est tout de même pas un justificatif suffisant à l'instauration de démarches hypocrites.
Des conséquences stupides
Passons aux exemples et aux cas concrets.
- Premier exemple de défaut fréquent : imaginer des diktats simples et
universellement valables, par exemple en posant la question suivante, cette
manière de poser la question étant loin d'être innocente : "Faut-il climatiser
les résidences pour personnes âgées ?". Sous-entendu "oui" ou "non", alors qu'il
n'y a pas une réponse unique, ni en lieu, ni en technique (j'y reviendrai).
- Deuxième exemple de défaut du même genre, aggravé par une petite teinte
d'hypocrisie : prendre des dispositions réglementaires générales pour limiter
le risque légionellose des tours de ruissellement, mais avec deux hypothèses
fâcheuses : croire qu'un règlement suffit (comme s'il suffisait d'interdire
l'entrée du virus de la grippe pour régler le problème), limiter les obligations
à des tours de grande taille (parce que, juridiquement, on ne sait pas comment
faire). Alors que tous les cas de légionellose que j'ai eu à examiner concernaient
des tours "artisanales", de petite taille, même dans un cas hospitalier dramatique
provocant accompagné, hélas, d'une douzaine de décès. Vouloir tout régler par
décret, même sous décision européenne, ne peut conduire qu'à un mépris des réalités,
dû pour l'essentiel à une globalisation largement excessive. Nous en verrons
de nombreux exemples par la suite.
Dans ma prochaine lettre, je poursuivrai sur les vrais défis.
Roger CADIERGUES