Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
Dans ma dernière lettre je vous ai parlé du développement durable, et promis de revenir sur deux manières de traiter le problème : la "manière française" et la "manière américaine". Cette lettre est consacrée à la première.
La démarche française est-elle à ce point originale ?
Oui et non. En tous cas elle est claire, et ce à travers deux actions
:
- une mise en place 2005 (à venir) de plusieurs certifications environnementales,
- un document AFNor de référence.
Quand vous parlez de certification environnementale française à quoi faites-vous allusion ?
Aux trois mises en place suivantes, à venir :
- l'une pour les maisons individuelles, par le CEQUAMI,
- l'autre pour le logement en général par Qualitel
- la dernière, enfin, pour le tertiaire par le CSTB.
Il faut attendre pour savoir en détail ce dont il s'agit, mais il existe
néanmoins un document de référence qu'on ne saurait oublier.
A quel document faites-vous allusion ?
Au document AFNor, n° GA P01030, intitulé "Qualité environnementale
des bâtiments, Système de management expérimental".
Comme tout outil d'analyse il définit un certain nombre de "cibles",
avec les coefficients dits d'équivalence, permettant de passer des grandeurs
physiques aux "grandeurs environnementales". Voici quelles sont ces
cibles :
1 - la consommation des ressources énergétiques (énergie
primaire totale, énergie renouvelable, énergie non renouvelable),
2 - la consommation de ressources non énergétiques,
3 - la consommation d'eau,
4 - la production de déchets solides (déchets valorisés,
déchets éliminés),
5 - le changement climatique,
5 - l'acidification atmosphérique,
7 - la pollution de l'air,
8 - la pollution de l'eau,
9 - la pollution des sols,
10 - la destruction de la couche d'ozone,
11 - la formation d'ozone photochimique,
12 - la modification de la biodiversité (qualitatif par essence, difficile
à réaliser).
Douze cibles, n'est-ce pas beaucoup ?
Il est vrai que c'est une très longue liste, mais - une fois les modes d'évaluation bien préparés - le travail final est largement allégé. Sauf qu'il sera parfois très difficile de définir les quantités de "polluants" produits.
A ce propos vous avez parlé de "coefficients d'équivalence". De quoi s'agit-il ?
Les coefficients d'équivalence ne s'appliquent pas à toutes les cibles, et certains font l'objet d'une liste assez longue. Pour faire comprendre ce dont il s'agit, je vais prendre un exemple "court", celui dit "du changement climatique".
Comment peut-on évaluer une telle cible ?
Le "changement climatique" cache en réalité le développement
de l'effet de serre. Pour cette cible l'évaluation repose sur un calcul
en deux temps :
- d'abord l'évaluation des quantités de gaz à effet de
serre émises, exprimées en kilogramme,
- ensuite le regroupement des différents gaz concernés en affectant
à la masse de chacun d'entre eux une pondération liée à
son importance.
Dans la terminologie du développement durable, la première évaluation
porte sur la quantité d'unités fonctionnelles (UF), par exemple
la quantité [kg] de méthane émis. Ensuite, il faut passer
aux valeurs "environnementales" en pondérant chaque gaz selon
son "coefficient d'équivalence", ces derniers valant :
- 11 pour CH4,
- 1 pour CO2,
- 310 pour N2O.
Voilà ce que ces termes curieusement choisis signifient. Si vous produisez
40 [kg] de méthane (CH4) cela correspond en "grandeur environnementale"
à 40 x 11 = 440.
Si vous le voulez bien je n'irai pas plus loin.
Vous nous aviez également promis d'aborder les méthodes "américaines".
Ce sera pour la prochaine fois.
Dans ma prochaine lettre, j'indiquerai la solution américaine qui me semble aujourd'hui assez significative et intéressante.
Roger CADIERGUES