Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
Comme je l'ai indiqué antérieurement la littérature technique (celle des revues les plus courantes de nos métiers) semble s'accrocher de plus en plus aux énergies renouvelables. Avec de nombreuses, et souvent brillantes démonstrations concrètes qui - manquant de données économiques - ne sont pas toujours finalement aussi convaincantes qu'elles le souhaiteraient. Il ne suffit pas d'une démonstration spectaculaire, encore faut-il qu'elle soit largement reproductible.
Est-ce à dire que c'est une mode qui passera ?
Certainement pas d'une mode mais néanmoins d'une technique qui peut rencontrer de sérieux obstacles. Je sais bien que ce que je vais dire va choquer certains lecteurs, mais d'affronter la réalité est - à mon sens - la meilleure méthode (et peut-être même notre dernière chance) de défendre vraiment les énergies renouvelables. Sans mélanger, en tous cas, les usages et les perspectives.
Qu'entendez-vous par là ?
Prenons d'abord l'exemple de l'eau chaude solaire. Des économies énergétiques moyennes de l'ordre de 50% y sont souvent assez faciles à réaliser. Mais il faut bien voir que cette technique possède quelques limites. Beaucoup d'installateurs souhaiteraient s'implanter sur ce marché, et ils ont raison : c'est d'ailleurs une technique classique, rien n'empêchant d'aborder ce domaine. Il faut néanmoins en connaître les limites immédiates et les risques futurs.
Qu'entendez-vous par "limites immédiates" ?
Le fait que le marché reste encore relativement faible. En 2005, par rapport à 2004, la vente de chauffe-eau solaires a augmenté de plus de 100%, mais à partir d'un niveau relativement faible. Même en 2005, dans le neuf comme dans l'existant, il ne se serait vendu que 16 000 à 17 000 appareils. Si je me limite au neuf et à la maison individuelle tous les éléments statistiques dont je dispose prouvent que l'insertion de l'eau chaude solaire n'y a pas dépassé 2,5 % des nouvelles constructions. Bien sûr les augures prédisent que tout va changer, mais rien n'est sûr numériquement. Sans compter les incertitudes du futur en matière de durabilité.
Qu'entendez-vous par là ?
Il faut bien comprendre que les capteurs sont soumis à des conditions climatiques très sévères, qui en limitent la durée de vie. Il faudra donc voir ce que le marché en conclura dans 10 à 12 ans, le passé n'étant pas - à cet égard - totalement rassurant. Personnellement, ayant essayé il y a près de 30 ans d'aider au mieux les fabricants de capteurs dans la fourniture de produits durables, j'estime que nous manquons encore de données suffisantes pour être totalement sûr de l'avenir. Néanmoins, d'ici là, je ne vois aucune raison d'exclure le solaire de la production d'eau chaude, technique classique et non pas "nouvelle" comme on le dit parfois faussement. Classique depuis plusieurs décennies, en particulier depuis les années 1930, les capteurs venant alors du Maroc ou du Sud de la France.
N'est-ce pas la même chose pour tout le solaire ?
Absolument pas. Par exemple, pour le chauffage solaire d'ambiance, j'ai indiqué dans les lettres de Juin pourquoi c'était un relatif échec au plan des bilans énergétiques. Permettez-moi de croire que nous ne disposons pas actuellement de solutions solaires qui pourraient inverser cette situation.
Reste bien d'autres possibilités d'usage de l'énergie solaire ?
Incontestablement, par exemple la climatisation solaire ou la production photovoltaïque d'électricité. Comme ce sont des solutions qui méritent plus qu'un trait de plume, j'y reviendrai dans une de mes prochaines lettres.
Roger CADIERGUES