Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
23 Juin 2008
Dans ma dernière lettre, en revenant sur le photovoltaïque et l'éolien, j'ai finalement dépassé la question de départ : "faut-il décentraliser ou non la production d'électricité". Voici la suite de cette analyse.
Vous aviez tracé un bilan assez pessimiste du photovoltaïque et de l'éolien en matière de production d'électricité, que la production soit centralisée ou non.
Je n'ai pas du tout volontairement tracé un bilan aussi pessimiste, mais je suis là aussi - et plus que jamais - convaincu que d'occulter les problèmes aboutira à ce que les décisions euphoriques (trop souvent notre lot quotidien) conduiront tôt ou tard à des échecs particulièrement lourds. Sans vouloir, à tout prix, m'appuyer sur un livre récent - et très sévère - concernant le sujet qui nous intéresse je suis bien obligé de constater qu'en France, comme d'ailleurs dans bien d'autres pays, on commence à se poser des questions.
Quelles sont donc vos références et vos conclusions ?
Je voudrais, là, m'appuyer sur un auteur bien précis (Christian Gérondeau) bien qu'il soit honni par certains pour avoir publié un livre intitulé "L'Ecologie, la grande arnaque". Christian Gérondeau est parti des décisions prises en 2006 d'imposer (en France et en 2015) 17500 MW de puissance électrique à base d'énergie éolienne. En tablant sur le tarif actuel de rachat (82 euros le MWh), la note annuelle (3,1 milliards d'euros) se traduira par un surcoût de 2,5 milliards d'euros qu'il faudra bien que les usagers de l'électricité compensent. Essentiellement pour le bénéfice des constructeurs de parcs éoliens. Malheureusement ce n'est pas tout.
Que voulez-vous dire par là ?
Que deux décisions plus graves sont en fait suspendues au-dessus de nos têtes. Première proposition : le Grenelle de l'Environnement propose de porter la puissance éolienne (en 2015), au lieu de 17500, à 25000 MW. Deuxième proposition : la Communauté Européenne veut porter la proportion des énergies renouvelables à 23%, ce qui conduit, non pas à 17500, mais à 35000 MW. Christian Gérondeau en a calculé - dans les trois cas - les surcoûts à payer par les clients de l'électricité : au lieu de 2,5 milliards d'euros pour la décision de 2006 c'est 3,3 milliards d'euros que va coûter la proposition du Grenelle de l'Environnement, et 5 milliards d'euros celle du respect éventuel de la consigne communautaire. Le calcul du supplément par foyer est facile : 200 euros par an et par foyer (pour la proposition communautaire) sur la facture d'électricité, 200 euros à payer par an sans bénéfice direct. Sauf la satisfaction un peu facile "d'avoir fait quelque chose pour la planète".
Tout cela ne concerne que l'éolien ?
Absolument, mais le bilan est encore pire pour le photovoltaïque, puisqu'il semble bien qu'il faille alors multiplier par au moins 5 les coûts unitaires que nous avons indiqué pour l'éolien. Là encore ce n'est pas une condamnation du photovoltaïque, mais une prise de conscience des problèmes posés par une technique qui ne date pas d'aujourd'hui … et dont on nous promet, depuis trente ans, qu'elle sera économique dans les dix années à venir.
C'est un échec terrible pour toutes les énergies renouvelables ?
Absolument pas si vous respectez la consigne que j'ai déjà proposée : ne pas mélanger toutes les formes d'énergies renouvelables. Selon les cas et - pour certaines selon le site - la situation économique peut être beaucoup plus satisfaisante, et beaucoup moins défavorable. Ce qui peut conduire à choisir certaines formes d'énergies renouvelables (ou classées comme telles). De toutes façons il existe bien d'autres moyens d'assurer l'amélioration de notre situation énergétique, et surtout de notre position face au développement durable et à la lutte contre l'accroissement de l'effet de serre. Ce que je vous proposerai, à la fin de cette année, au lieu de calculs compliqués, c'est un certain nombre de démarches simples et cohérentes, à mon sens beaucoup plus efficaces que des obligations complexes et souvent même aveugles ou impuissantes. En attendant cet examen nous allons essayer de conclure nos bilans énergétiques. Et ce en dehors de toute querelle subjective sur les énergies dites renouvelables. A la semaine prochaine donc …
Roger CADIERGUES