Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
1er Décembre 2008
Il n'est guère, aujourd'hui, de quotidien ou de mensuel qui n'ait titré sur le Grenelle de l'Environnement lancé en Juillet 2007, et dont on commence à mesurer les premières retombées législatives et réglementaires. En fait, nous ne savons pas encore parfaitement où nous allons, les textes de détails n'ayant pas encore été discutés. Mais il existe quelques pistes assez sûres …
Nous savons pourtant très bien les voies qui doivent être suivies ?
Sans doute, d'autant que le plan concernant le bâtiment est l'un des plus
commenté. La cible visée concerne trois milliards de mètres
carrés selon le directeur de l'Habitat, de l'Urbanisme et des paysages
au sein du Ministère supervisant les opérations. La loi concentre
effectivement une attention particulière sur le bâtiment avec deux
grands cadres :
- une réglementation thermique dite RT 2012 pour les constructions neuves
(+ RT 2020 ?), attention à ne pas confondre avec la " RT
2010 ", apparemment abandonnée,
- une réduction des consommations du parc de 38% d'ici 2020, avec une
rénovation thermique pour les 800 000 logements existants les plus consommateurs.
Le plus important pour nous, dans l'immédiat, est la préparation
de la RT 2012 qui - contrairement aux RT 2000 et 2005 - s'ouvre beaucoup plus
à l'extérieur, tentant plus ou moins de répéter
ce qui a fait le succès du Grenelle de l'environnement : l'appel à
des participants de multiples origines. Dès maintenant le chantier est
ouvert. Sa clôture est prévue pour Novembre 2009, les textes réglementaires
finaux devant paraître mi-2010.
Tout est donc en bonne voie ?
Théoriquement oui. Mais en supposant même que les textes évitent un certain nombre de pièges, reste à savoir si le résultat sera au bout de la route.
Que voulez-vous dire par là ?
Que le résultat ce n'est pas la parution des textes, mais l'économie de CO2 qu'on va obtenir. Sans compter que la France reste encore assez isolée dans cette action, ce qui lui enlèvera - au regard du CO2 restant dans l'atmosphère - beaucoup d'importance. Mais soyons beau joueur : espérons la réussite.
Vous parliez de pièges : que voulez-vous dire par là ?
Le premier piège tient aux risques d'obligations trop technocratiques. Si l'on veut, par exemple, interdire la climatisation dans le neuf, on risque de voir se développer des climatiseurs acquis par la suite. Je rappelle un exemple datant déjà d'un certain nombre d'années : celui des 19°C maximum pour le chauffage dans l'habitat. Les exploitants de chauffage ayant respecté cette règle nous n'avons jamais connu … une période de vente aussi intense de radiateurs électriques. Le second piège tient à ce que les vues réglementaires cachent obligatoirement des aspects non contrôlés, j'y reviendrai, et je voudrais d'abord insister un peu sur les limitations technocratiques de températures, une initiative dangereuse qui a commencé avec l'histoire des 19°C dont je viens de parler.
Pourquoi parlez-vous d'initiative dangereuse ?
Lorsque la valeur de 19°C a été lancée ce fut à partir d'une enquête auprès de quelques " spécialistes " médicaux à qui on a simplement demandé la température minimale " en dessous de laquelle il était souhaitable de ne pas descendre ". J'ai été navré de cette enquête, et ce pour deux raisons. La première raison est qu'à cette époque il n'existait plus de spécialistes français des milieux médicaux ou biologiques sur le sujet. Si je l'affirme c'est parce qu'à cette époque, pour plusieurs réunions de l'Organisation Mondiale de la Santé, nous avons recherché en vain, avec le Ministère de la Santé, des représentants français qualifiés. La deuxième raison c'est que nous avions déjà des raisons d'être prudent en la matière. C'est ainsi que nous savons, maintenant et de façon à peu près sûre, qu'au-dessous de 21°C à domicile le volume expiratoire maximal des occupants se dégrade significativement. D'où des conséquences pour toutes les personnes (assez nombreuses à partir de 70 ans) qui souffrent d'insuffisance respiratoire chronique. A l'autre extrême, dans le cas de températures un peu élevées, limiter l'usage de la climatisation dans l'absolu ou interdire le fonctionnement de la climatisation en dessous de certaines températures intérieures, c'est un peu jouer avec le feu de nos connaissances et de nos techniques, j'y reviendrai un jour.
Vous parliez d'un autre piège ?
Si vous le voulez bien nous y reviendrons la semaine prochaine.
Roger CADIERGUES