Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
2 Février 2009
Face à la situation actuelle et à nos nouveaux défis, j'ai récemment, fait le point sur ce qui pourrait bien être la " nouvelle informatique " : le cloud computing. Nous allons maintenant voir ce qui pourrait arriver en 2009, aussi bien sur le plan informatique que sur le plan énergétique.
Que voulez-vous dire ?
Pour l'expliquer il va nous falloir d'abord revenir en arrière, et au développement durable. Comme nous le verrons, le premier domaine technique que nous examinerons, sur ce plan, sera celui de l'éclairage. La situation y est telle qu'avec les interdictions de l'incandescence (2009-2012), et les nouvelles lampes, les consommations d'énergie y seront souvent divisées par trois au quatre, sinon même plus dans quelques années. C'est une économie sans doute, mais ce sont aussi des apports qui disparaissent en chauffage. Ceci dit passons maintenant au deuxième domaine technique à examiner en développement durable, celui des appareils électriques tels que les ordinateurs. Si les utilisateurs d'informatique se convertissent au " cloud computing " c'est encore une autre consommation locale qui disparaît. Adieu à " l'énergie positive " (vous voyez pourquoi je vous avais dit de vous méfier de ce terme). Tous nos bilans risquent d'être à reprendre. Et vous voyez pourquoi je plaide pour qu'on analyse le futur tel qu'il sera, et non pas en fonction de nos situations actuelles ou passées. J'y reviendrai d'ailleurs plus loin, car ce n'est pas tout.
Qu'y a t-il encore ?
Avec la croissance du cloud computing se multiplieront les fermes de serveurs
centralisant (à distance) notre informatique. Or ce sont des centres
où il faudra maîtriser les consommations d'énergie, et ce
ne sera pas facile : il s'agit de rangées de serveurs dégageant,
par rapport à la surface des locaux, de l'ordre de 1500 [W/m²],
à climatiser (sans oublier les traitements hygrométriques). Ce
n'est pas très facile étant donné la configuration de ces
centres. De plus, les serveurs adoptent des technologies évolutives et
un peu incertaines, le nombre de transistors doublant par exemple tous les deux
ans. Nous arrivons ainsi à un triple constat :
- si nous basons nos calculs (les consommations informatiques en l'occurrence)
sur les données de l'année 2008 nos consommations en matière
d'équipement risquent d'être complètement fausses en 2012
ou plus ;
- si nous basons nos calculs (les apports informatiques en l'occurrence) sur
les données de l'année 2008 nos prévisions en matière
de consommation de chauffage ou de climatisation risquent d'être complètement
fausses en 2012 ou plus ;
- si nous basons nos études d'économies d'énergie sur les
locaux en service en 2008 notre panorama sera incomplet en 2012, car il faudra
y ajouter les traitements et consommations des fermes de serveurs.
Tout cela prouve que nous devons prendre des précautions, et peut-être
bouleverser nos habitudes actuelles.
Qu'est-ce à dire ?
1. Que contrairement aux modèles (normatifs ou réglementaires)
actuels nous devons travailler dans le futur, et non pas dans
le passé (ex : les calculs sont encore basés sur les données
climatiques de 1970).
2. Que contrairement aux habitudes actuelles il faudra périodiquement
revoir la situation, et admettre comme règle fondamentale que les problèmes
énergétiques se règlent en plusieurs fois,
et pas uniquement en une seule.
3. Que l'équipement technique sera de plus en plus souvent difficile
à conserver dans un cadre immobilier, celui du bâtiment,
les équipements étant très flexibles (au contraire du bâti).
Tout ceci contribue d'ailleurs à conseiller de ne plus utiliser le concept
de " bâtiment énergivore ", pas plus que celui d'"
énergie positive " : ce sont les équipements qui sont énergivores
(et non les bâtiments). Il faudra revoir le concept de " diagnostic
énergétique " instantané au bénéfice
de solutions plus dynamiques, telles que celles qui existent dès maintenant
pour le suivi avec accompagnement métrologique informatisé.
Que voulez-vous dire sur ce dernier point ?
Qu'il existe, dès maintenant, une initiative suédoise qu'il conviendrait de développer, alors qu'elle est, actuellement, uniquement dévolue aux contrôles réglementaires de climatisation. Il faut impérativement un suivi assez continu et peu coûteux, et non pas des observations ponctuelles et rares telles que les diagnostics d'aujourd'hui. J'y reviendrai dans une lettre ultérieure : il s'agit de suivre " dynamiquement " les installations (je dis bien les " installations ", et non pas tellement le bâti - sauf exception. Avec un équipement fortement informatisé. Les surcharges " administratives " actuellement prévues par les réglementations européennes nous ramènent cinquante ans en arrière sur le plan du gaspillage des ressources humaines (avec les coûts correspondants). Des ressources humaines auxquelles il faudra bien penser un jour, au moins autant qu'à nos ressources en matière d'énergie si nous ne voulons pas frôler l'asphyxie.
Roger CADIERGUES