Par Jules Cochard, ingénieur en efficacité énergétique Walterre
Les nouvelles installations sont munies des matériels les plus performants du marché (chaudière à condensation, pompes à chaleur, circulateurs à vitesse variable…) et laissent croire que leur performance atteint le niveau exigé par la règlementation thermique en vigueur. Les retours terrain montrent qu’il en est tout autre. Walterre est régulièrement missionné pour intervenir sur des chaufferies récentes. Nous constatons chez celles-ci régulièrement trois points qui compromettent le bon fonctionnement de l’installation :
- Manque de communication entre le bureau d’étude, l’installateur et l’exploitant
- Mauvaise réception du bloc chauffage
- Contrat de maintenance inadapté
En résultent des dérives énergétiques et des pannes prématurées dans les années qui suivent la livraison.
Les dérives énergétiques courantes des chaufferies
Nous vous proposons de vous présenter un cas concret, rencontré en 2020. Il s’agit d’un bâtiment résidentiel de 34 logements collectifs construits en 2015. Le chauffage est collectif au gaz naturel avec une production solaire thermique.
Dérives énergétiques en chaufferie : constats …
Mauvaise réception du bloc chauffage
Comme souvent, le bloc chauffage a été mal réceptionné, en témoignent les points présentés ci-dessous :
Problème d’équilibrage hydraulique
Le fait que l’ensemble des vannes soient ouvertes au maximum lors de notre intervention signale que l’équilibrage n’a pas été effectué lors de la mise en service. Cela engendre une mauvaise répartition de la chaleur dans le bâtiment et par conséquent des inconforts et une surconsommation.
Figure 1: L'ensemble des vannes d'équilibrage réglées au maximum
Plusieurs non-conformités ont été constatées
- Ventilations trop grandes qui entraînent un balayage trop important dans la chaufferie
- Sens d’ouverture des portes non-conformes
- Cheminée obstruée
Absence de moyens permettant de suivre la maintenance de la chaufferie
A savoir aucun livret de chaufferie ni aucune documentation de l’installation solaire thermique. L’absence de ces documents empêche de suivre correctement l’évolution de l’installation au cours du temps.
Maintenance médiocre impactant la durée de vie des équipements
Expansion
Aucun contrôle n’a été effectué sur le vase d’expansion. Il est coutume de considérer que la pression d’un vase d’expansion diminue de 0.3 à 0.5 bar par an. Un vase sous-gonflé ne peut absorber entièrement la dilatation de l'eau de chauffage. Cela peut causer des remplissages fréquents, néfastes pour l'installation.
Traitement de l’eau
L’adoucisseur ne traite pas le remplissage chauffage alors que l’eau de remplissage est calcaire (l’analyse de la qualité d’eau a révélé un TH de 21°F sur l’eau d’appoint).
Figure 2 : Adoucisseur sans sel
Absence de sel dans l’adoucisseur
Un problème récurrent en chaufferie qui rend l’adoucisseur inefficace et entraîne inévitablement des problèmes de qualité d’eau (dépôts de tartre sur les points chauds du réseau entre autres).
Filtre magnétique à l’arrêt
Celui-ci est censé capturer les débris circulant à l'intérieur du réseau afin d’éviter qu’ils provoquent une usure prématurée des équipements.
Faible performance énergétique de l’installation
Programmation & régulation : courbe de chauffe était inadaptée (pente trop élevée) et aucun réduit de nuit n’a été mis en place. Réduire la température de consigne la nuit est pourtant une manière simple et efficace de réduire les consommations.
Le problème de qualité d’eau cité plus haut impacte également l’efficacité globale de l’installation. A ce propos, le guide technique « L’impact de la qualité de l’eau sur les réseau climatiques » souligne qu’un millimètre de tartre réduit de 7% transfert thermique du corps de chauffe.
Comme dans malheureusement dans beaucoup de cas, l’installation solaire était défaillante (HS). En l’absence de télé-suivi de l’installation, les copropriétaires n’ont pu se rendre compte que tardivement de l’absence de production solaire.
Figure 3: Calorifugeage défectueux sur l'installation solaire
Dérives énergétiques : savoir-faire de Walterre et préconisations
Les principales préconisations qui découlent de la mission de rétro-commissioning de Walterre sont les suivantes :
- Remise en service de l’installation solaire et mise en place d’un monitoring de la production solaire
- Équilibrage hydraulique de l’installation
- Optimisation de la régulation et de la programmation
- Rédaction d’un contrat de maintenance adapté à l’installation
Les impacts économiques et environnementaux de ce plan de rénovation sont présentés dans le tableau ci-dessous :
Dérives énergétiques : conclusions …
Il en ressort que le manque d’aboutissement en phase réception des travaux ainsi que le manque d’accompagnement en entretien maintenance pénalisent fortement la performance de chaufferies récentes.
De simples actions « normales » et dans les règles de l’art permettent de retrouver rapidement une véritable efficacité énergétique et environnementale ; ici 30% d’économies d’énergie et près de 12 tCO2eq/an.
C’est dire que la phase de commissioning avec la valeur ajoutée du bureau d’études est de grande importance environnementale/financière dès le début du cycle de vie d’une chaufferie, d’un bâtiment.
Par Jules Cochard, ingénieur en efficacité énergétique Walterre
Source et lien
Je me permet de croire que déjà au niveau de La Formation (des Formations) c'est je crois un métier ou l'on manque de Techniciens Qualifiés et avec de l'expérience (quand aux salaires...) mais il y a aussi qq compensations (congés scolaires) . Et à travailler aussi sur la motivation de ces (Apprentis) ou et de ces jeunes .