Par Philippe NUNES - Ingénieur ENSAIS-ICG et Directeur Général d’XPAIR
Performance énergétique et sécurité sont deux enjeux prépondérants pour l’habitat. Dans peu de temps, dès l’application de la RT 2012, il sera nécessaire de construire basse consommation. L’usage de moyens communicants dit populaires comme la « box ADSL » ou un « Power Meter » de Google risque de faire muter la domotique.
Exemple de coffret de brassage connecté avec des câbles VDI
1°) La domotique change de braquet !
Depuis les années 1970, la domotique ne trouve pas un développement en expansion. Les raisons en sont multiples : difficulté de trouver un protocole de communication de tous les équipements de la maison, chauffage, éclairage, système d’alarme, le standard KNX ne date que de 2000, pas d’interfaces IP pour communiquer à distance, l’enjeu énergétique de la maison était moins pressant, …
C’est chose du passé à notre sens, car nous rentrons dans une ère où la performance énergétique plus qu’être affichée sur une étiquette énergétique devra se mesurer. Plus question de se satisfaire d’un « A » sur son DPE, car la maison est certes suréquipée de pompes à chaleur et de capteurs solaires, seulement elle consomme, et sa facture énergétique le prouve.
Alors si l’on veut consommer moins de 50 kWh/m² et par an et afficher une maison basse consommation ou, demain, (RT 2010), une maison à énergie positive (BEPOS), il est nécessaire de disposer d’un cerveau qui traque le moindre kWh qui n’est pas utilisé.
2°) Une nouvelle définition de la domotique ? Oui, en 5 points !
La définition de la domotique : domestiquer l’habitat pour qu’automatiquement soient gérés le confort, la performance énergétique, la sécurité et tout ce qui communique y compris les réseaux loisirs (TV, home cinéma) avec un total usage à distance !
a) Pour gérer le confort thermique et optimiser la performance énergétique : régulation de chauffage pièce par pièce, programmation en fonction de scénarios d’occupation, prise en compte de la ventilation, des veilles des équipements électriques, extinction de toutes les lumières d’un seul geste, … Prise en compte des automatismes périphériques tels que les stores avec des fonctionnements différents en été (se protéger de l’ensoleillement direct) et en hiver (au contraire, favoriser les apports solaires diminuant le chauffage et l’éclairage).
b) Pour intégrer la sécurité de l’habitat : alarmes intrusion, incendie ou gaz, et contrôle d’accès, téléassistance pour les personnes âgées, …
c) Pour facilité l’usage « loisirs » de l’habitat : connexions internet, TV avec ou sans fil, téléphone dans toutes les pièces, ambiance sonore à partir de la chaîne Hi-Fi, commande des scénarios home cinéma, …
Exemple de gestionnaire domotique combiné
Cet écran tactile permet une programmation journalière, hebdomadaire ou annuelle et de plusieurs commandes de type lumière, volets roulants, chauffage ….
d) Pour interconnecter entre eux tous les équipements et croiser leur gestion dans un but économique ou de sécurité : exemple : baisser la température le soir et autoriser la mise en marche des appareils ménagers pour une utilisation en heures creuses, alarme intrusion entraînant un éclairage immédiat intérieur et extérieur et la fermeture de tous les stores, alarme incendie entraînant alerte sur votre portable et visualisation des chambres d’enfant ou d’une personne âgée, …
e) Pour connaître en temps réel le niveau de consommation énergétique et de sécurité de la maison, et agir à distance avec les moyens les plus facile : l’internet et son téléphone.
3°) La domotique de premier niveau par Google
Début 2010, Google demandait à la Commission américaine de réglementation de l’énergie l’autorisation de commercialiser des produits et services énergétiques. A noter que Google est plutôt sensibilisé par la performance énergétique puisque l’entreprise dispose aux USA -à Mountain View en Californie - d’une installation solaire des plus importantes représentant plus de 9000 panneaux solaires qui produisent 1,6 MW d’électricité solaire. De là, les ingénieurs bien pensant de Google ont des yeux sur le contrôle des données et comptages énergétiques de chacun et donc de la maison, et de la domotique. C’est pourquoi Google a lancé son Power Meter, logiciel gratuit permettant aux particuliers et aux entreprises de contrôler leur consommation à partir d’un compteur intelligent (exemple le compteur Linky). Avec ce compteur, programmable à distance via le web, l’utilisateur pourra avoir le détail de sa consommation et les dépenses de chaque appareil électrique. Et pourra connaître ses justes émissions de CO2 en temps réel et en données comparatives.
Logiciel gratuit Power Meter de Google
La réglementation et notre niveau de connaissance des données fera en sorte que rapidement, à notre sens, beaucoup de particuliers se satisferont de cette « Google domotique de premier niveau » sans câblage et peu coûteuse.
4°) Nouvelle Domotique avec EDF, GDF Suez, et ORANGE
Les fournisseurs d’énergie comme EDF, DGF Suez, Poweo, .. étudient des solutions plug and play avec télé-relevés et gestion de données utilisable par le consommateur. Les spécialistes de la régulation et de GTB bien entendu vont dans le même sens pour offrir des solutions GTB de première génération pour le tertiaire et autres applications non épargnées par la réglementation basse consommation et le contrôle de la performance énergétique.
Les fournisseurs d’accès Internet comme ORANGE qui prépare une Domotique directement via leur Box !! Une société comme ORANGE traite déjà les données loisirs comme le téléphone, l’internet, et même le cinéma, avec des Box sans fil ou filaire. Ils disposent de plus de 6 millions de livebox, …Que leur faut-il de plus pour collecter les consommations, les gérer, les comparer, voire apporter des conseils d’économies d’énergie en cas de dépassements ? Pas grand-chose, puisque la Mbox est en développement : la MBox d’Orange récupère les données provenant des capteurs de la maison. Cette box va ensuite comparer ces informations avec un ensemble de données externes telles que le profil utilisateur, la météo, les messages de délestage provenant du fournisseur d'énergie pour éviter les pics de consommation…, afin d’entraîner des actions sur différents équipements en suivant les règles correspondantes à l’installation. Une fois l’installation en place, il est possible de contrôler l’ensemble à l’aide d’une interface web consultable depuis un ordinateur ou un téléphone mobile.
Domotique et Mbox d’Orange
5°) Contrôle de la performance énergétique et protection de l’habitation avec la Dolcevita Zen Box
Cette domotique box permet de suivre et contrôler ses consommations d’énergie de gaz , d’électricité et d’eau. Exemple pour le gaz comme pour l’électricité, les consommations peuvent être analysées en kWh, en euros TTC, en Kg de CO2 émis.
Côté sécurité de la maison, il sera possible de déclencher des sénarios tels qu’en cas de déclenchement de l’alarme anti-intrusion, et si le centre de surveillance ne parvient pas à vous joindre, il appelle directement le client par téléphone ou les personnes désignées, ou un agent de sécurité se rend sur place et vérifie les différentes issues du domicile. Si une effraction est constatée, les forces de l’ordre sont informées et des mesures de sécurisation de l’habitation sont mises en place jusqu’au retour de l’habitant. La détection d’images est mise en route de sorte que les intrus soient pris en photos, elle-mêmes directement envoyées au centre de surveillance.
En résumé, pour répondre aux objectifs de basse consommation, la maison doit être gérée par un « cerveau » qui gère globalement la maison. Celle-ci étant occupée de plus en plus par intermittence, elle doit économiser le moindre kWh et assurter sa protection en terme de sécurité. Une externalisation du « cerveau » est en train de se construire car le besoin concerne chaque consommateur. Le mode de connexion via le web et nos outils de communication comme le téléphone portable ne fait plus aucun doute. Encore plus si Google s’en mêle ! Mais en France les cerveaux d’EDF, de GDF Suez et d’Orange ne sont pas à sous-estimer, …, s’ils s’entendent sur des modes et protocoles communs !
Fait par Philippe NUNES
Ingénieur ENSAIS-ICG et Directeur Général d’XPAIR, il intervient en apportant son éclairage et son expérience de plus de 20 ans dans les métiers du génie climatique et énergétique.
→ SOURCES & LIENS
peut on avec une live box orange télécommander à distance de la domotique chauffage ECS etc...?