Par Claude BALLION - Directeur et fondateur de ACcleaner
Nous avons un constat alarmant dans l'habitation et dans les ERP climatisés de type hôtels, hôpitaux, cliniques, commerces, équipés de systèmes d'air conditionné. Faute de réglementation, plus de 90 % des appareils de climatisation sont dans un état d'insalubrité dont on connaît l'incidence sur la santé du public par la dégradation de la QAI. Etroitement lié, l'encrassement provoque également une importante diminution de l'efficacité énergétique des appareils entraînant une forte surconsommation électrique.
Cette double problématique qualité d'air et efficacité énergétique est clairement identifiée par de nombreux scientifiques et spécialistes qui confirment l'enjeu de santé publique et économique fort coûteux pour la collectivité. C'est un sujet de société que nous retrouvons au niveau international et de nombreux spécialistes y compris des allergologues en parlent et résument parfaitement cette problématique:
« Pour la climatisation, certes confortable, son entretien doit être extrêmement minutieux et sérieux sous peine de voir augmenter la fréquence des arrêts de travail pour une manifestation du Syndrome des Buildings. » Il est nécessaire d'avoir une ventilation efficace qui améliore la santé mais également la productivité. Améliorer la ventilation et la QAI fera donc gagner de l'argent à l'Etat et aux entreprises !
Split system dans un bureau de secrétariat | Cassette dans un magasin |
Des systèmes de climatisation qu'ils soient de petites de grandes installations, sont potentiellement générateurs d'aérosols microbiologiques. Le climatiseur ou la centrale de traitement d'air fonctionne en milieu humide et le risque de bio contamination existe, cela positionne la maintenance préventive comme la première mesure à réaliser dès l'installation technique.
La vulnérabilité sanitaire des climatiseurs provient du fait qu'il y a formation de condensats et stagnation de l'eau sous forme de gouttelettes ou de volume non électrique. Cette eau stagnante est presque toujours le siège d'un développement de micro-organismes. Ainsi l'air qui transite au travers du climatiseur (ou de la centrale d'air) peut être contaminant d'autant plus qu'il est très souvent en grande partie recyclé.
La dégradation sanitaire qui engendre la perte de rendement énergétique de l'ensemble des installations d'air conditionné est la cause de plusieurs facteurs déterminants.
a) Une réglementation insuffisante et limitée aux climatiseurs et pompes à chaleur de moins de 12 kW (cf chapitre suivant)
b) Un mauvais entretien des climatisations
- Manque de technicité de nettoyage
- Pas d'outils et de formation adaptée
- Absence de réglementation précise
- Préconisation d'entretien non conforme
- Absence de contrôle sanitaire
- Etc, …
Il est important de rappeler le fonctionnement d'un climatiseur, et pourquoi il s'encrasse.
L'évaporateur installé dans une pièce peut être comparé à un aspirateur.
L'air ambiant (A) est aspiré par l'effet de la turbine(1) qui tourne.
(2) Il passe à travers des filtres.
Il se rafraichit ou se réchauffe suivant le mode de fonctionnement en passant à travers la batterie (3)
(3) En mode froid la condensation produite sur la batterie coule dans le bac à condensat (4).
(B) L'air ainsi refroidit ou chauffé est pulsé par la turbine vers les ouvertures prévues.
Quel que soit le modèle et le système le principe est le même. Encastré ou visible un appareil dispose d'une batterie (3), d'un bac à condensat (4), d'une turbine (1) et des filtres (2). L'air est aspiré au travers du filtre et rejeté sans filtrage.
Il est primordial que tous les éléments intérieurs soient nettoyés et désinfectés régulièrement.
Principe identique sur tous les appareils de climatisation : Split système, cassette, ventilo convecteur, allège, plafonnier, etc.
Les filtres (1) laissent passer la micro poussière qui vient se coller sur l'avant de la batterie (2) et passe à travers en colmatant l'arrière de la batterie tout en se collant sur la turbine (3).
L'eau de la condensation sur la batterie coule dans le bac à condensat (4) en drainant les impuretés.
Sous l'effet de l'humidité ou de la chaleur, l'amalgame de crasse ainsi produit développe diverses bactéries et éléments fongiques dont les incidences sur la santé ne sont plus à démontrer.
L'air pulsé n'est donc pas filtré et il renvoie ainsi la charge bactérienne et fongique présente sur les éléments à l'intérieur de l'appareil.
Cet air vicié circule ainsi dans la pièce et tout comme le visuel d'encrassement sur la grille, l'odeur nauséabonde dégagé par l'appareil est révélatrice du taux d'encrassement.
Situation d'insalubrité que nous retrouvons également dans le tertiaire comme l'industrie sur les appareils de grande capacité frigorifique comme les CTA, les groupes froids des zones réfrigérées, les évaporateurs des chambres froides, etc.
La seule réglementation que nous trouvons se résume à mettre en œuvre une inspection périodique des systèmes de climatisation d'une puissance nominale supérieure à 12 kilowatts.
Il est regrettable de constater qu'il n'y ait rien de prévu pour les appareils de moins de 12 KW alors que nous trouvons plus de 10 millions d'appareils en fonctionnement en France.
Pour les habitations, sur le site internet du Ministère pour le rafraîchissement et la climatisation, nous trouvons les simples recommandations:
Extrait :
« En période d'utilisation régulière de votre climatiseur, vous devez nettoyer au moins tous les 15 jours le filtre à air. Les filtres peuvent être lavés avec une solution détergente neutre puis correctement séchés avant d'être replacés. Un filtre propre fait diminuer la consommation d'énergie de 5% à 15%.
Le bac à condensats qui recueille l'eau condensée au niveau de l'évaporateur du système de climatisation doit être propre et régulièrement vidé. »
Rappelons également la proposition de loi du Député Lionel LUCA visant à réglementer l'entretien des systèmes de climatisation afin de réduire les risques sanitaires qui a été déposée en 2003.
En résumé, des préconisations peu adaptées et qui démontrent un manque certain d'implication des pouvoirs publics sur ce sujet de santé publique et économique.
Toutefois, les nouvelles lois sur la QAI, les réglementations sur la performance énergétique des bâtiments, la multiplication des études sur l'insalubrité des climatiseurs, l'effet de la crise économique en font autant de sujets qui impliqueront les maîtres d'ouvrage des ERP climatisés et les décideurs dans leurs recherches de solutions à cette problématique récurrente du mauvais entretien des climatisations.
L'addition du constat du mauvais entretien et des nombreuses études sur ce sujet impose de trouver des réponses efficaces et durables.
Au-delà du simple nettoyage des filtres qui devrait être fait régulièrement au minimum tous les mois, la seule solution à cette insalubrité des climatiseurs, sera de mettre en place une maintenance microbiologique.
Une technologie de décontamination fongique et bactéricide des éléments composant un climatiseur permettra aux appareils de retrouver un rendement énergétique conforme aux données constructeur.
La résolution de l'encrassement apportant également une garantie sanitaire des installations pour une amélioration significative de la QAI dans les ERP et dans les habitations.
Voici une procédure précise de la maintenance microbiologique applicable
- Contrôle du bon fonctionnement de chaque unité (vérification sonore, rotation turbine/hélice).
- Relevé des valeurs de fonctionnements de l'appareil avant intervention.
- Mise en place des protections au sol et du protocole d'hygiène adapté au site.
- Préparation et mise en place du matériel adapté à l'appareil de climatisation.
- Démontage des capots ou des tabliers de protection, des volets d'air et des ailettes directionnelles.
- Démontage du bac à condensât.
- Protection des parties électriques.
- Aspiration et brossage de l'échangeur, du bac et de la turbine.
- Lavage microbiologique(*) des filtres et récupération des déchets microbiens.
- Lavage microbiologique du bac à condensat et des conduits d'écoulement et récupération des déchets microbiens.
- Lavage microbiologique de la turbine et récupération des déchets microbiens.
- Lavage microbiologique de l'échangeur et récupération des déchets microbiens.
- Lavage microbiologique des grilles d'aspiration et de soufflage et récupération des déchets microbiens.
- Remise en service de l'installation.
- Relevé des valeurs de fonctionnements de l'appareil après intervention (par anénomètre)
- Vérification du fonctionnement (pré-diagnostic, suspicion de panne, rotation, bruit).
(*) Le lavage microbiologique : une opération de Nettoyage (décrassage) suivi d'une opération de désinfection par pulvérisation mécanique.
Il doit être fait avec des produits qui sont 100% d'origine naturelle et 100 % biodégradable afin de garantir aux utilisateurs un environnement dépourvu de molécule chimique que l'air pulsé du climatiseur pourrait souffler.
Pour les climatiseurs de moins de 12 KW Le parc en France est estimé à environ 10 Millions d'unités en fonctionnement. Il est très facile d'imager l'ampleur de cette problématique sur le plan économique et sanitaire.
Bénéfices pour la collectivité de la « maintenance microbiologique »
- Etat sanitaire des climatiseurs garantissant une hygiène responsable.
- Fortes économies d'énergie (jusqu'à 30 %.)
- Amélioration des rendements énergétiques.
- Accroissement de la fiabilité de fonctionnement et de longévité des appareils
- Amélioration et Maitrise du budget maintenance.
L'implication des pouvoirs publics sera nécessaire dans ce contexte économique. L'entretien normalisé des climatiseurs étant un axe productif en termes d'emploi pour assurer ce nouveau métier qui peut avoir une implication internationale.
La performance énergétique et sanitaire des climatiseurs : un défi d'avenir synonyme d'économie de charges.
La hausse des prix de l'énergie et le durcissement de la réglementation thermique et sanitaire pour la QAI sont les principaux moteurs de cette mutation.
La Commission de régulation de l'énergie prévoit pour les tarifs de l'électricité une progression de 30% des tarifs réglementés d'EDF sur une période allant de mi-2012 à mi-2017.
Face à la hausse incessante du prix de l'énergie, et les enjeux environnementaux, l'Etat et les chefs d'entreprises se doivent de prendre en compte le facteur de leur consommation d'énergie et de l'aspect sanitaire dans la gestion de leurs climatisations.
Réduction des coûts, amélioration de l'image de marque et respect de la réglementation sur la QAI, toutes ces bonnes raisons font de la problématique « Energie et Santé » liée au mauvais entretien des climatisations, un enjeu économique majeur.
L'insalubrité des climatiseurs de petites puissances touchent de très nombreux bâtiments, du résidentiel, aux ERP et commerces, en passant par les cliniques, maisons de retraite, ..., mais également dans l'industrie agroalimentaire. Les grosses installations mêmes soumises à la réglementation sont le fait de limitations d'entretien et de conséquences sanitaires aussi désastreuses que celles que nous avons dénoncées dans cet article.
Une vigilance supplémentaire est de plus en plus à l'ordre du jour surtout dans notre contexte actuel d'hygiène sanitaire et d'efficacité énergétique.
Souhaitons que les consciences prennent le relai, avec comme appui, de nouveaux outils réglementaires.
Par
Claude BALLION
Directeur et fondateur de ACcleaner spécialisé dans la maintenance microbiologique
cballion(at)accleaner.eu - Copyright ACcleaner 2013
→ Sources et Liens
- Directive Européenne 2002/91/CE sur la performance énergétique des bâtiments
- Décret n° 2010-349 du 31 mars 2010 relatif à l'inspection des systèmes de climatisation et des pompes à chaleur réversibles
- Arrêté du 16 avril 2010 relatif à l'inspection périodique des systèmes de climatisation et des pompes à chaleur réversibles dont la puissance frigorifique est supérieure à 12 kilowatt
- Arrêté du 16 avril 2010 définissant les critères de certification des compétences des personnes physiques réalisant l'inspection périodique des systèmes de climatisation et des pompes à chaleur réversibles dont la puissance frigorifique est supérieure à 12 kilowatts et les critères d'accréditation des organismes de certification
- www.allergique.org
- www.accleaner.eu
Comment se demonte le bac de condensation sur la clim hitachi ,Merci pour le renseignement