Fait par Bernard Reinteau, journaliste spécialisé
Voici, pour les lecteurs d’XPair, un panorama des innovations CVC du récent salon Interclima qui a offert une présentation renouvelée et plus dynamique de l’offre en équipements de confort, orientée performance, rendement et bas carbone.
Interclima, dans le hall 3 de la Porte de Versailles, présentait le catalogue d’exposants le plus étendu de ces dernières éditions du salon
Après trois années d’interruption du salon Interclima, les visiteurs des stands du hall 3 de la Porte de Versailles allaient constater les effets conjugués de l’application de la réglementation environnementale RE2020 et de l’amplification de la crise des énergies fossiles, notamment du gaz naturel.
Les pompes à chaleur étaient présentes sur pratiquement tous les stands des fournisseurs de générateurs de chauffage. Signe flagrant du changement de paradigme du secteur du chauffage, le fabricant japonais Daikin informait du triplement, d’ici 2025, de son volume de production de PAC sur son site allemand de Güglingen.
Autre signe d’évolution important, les fournisseurs rivalisaient sur le thème de la fourniture d’eau chaude sanitaire, talon d’Achille de la solution thermodynamique, en collectif plus qu’en individuel.
Produire l’eau chaude collective
En système air-air pour le résidentiel individuel, Daikin faisait valoir sa solution air-air Multi+ de liaison d’un ballon de 90 ou 120 l sur un multi-split réversible à quatre sorties d’une puissance de 5,2 kW.
Chez Toshiba, l’effort de conception a porté sur le modèle Estia, une pompe à chaleur air-eau bi-bloc qui associe, sous une même enveloppe de 1,7 m de haut, 67 cm de profondeur et 60 cm de large, le module hydraulique et le ballon Inox de 210 l.
Autre exercice de style intéressant : celui de Collard Trolart qui propose, pour le résidentiel collectif, l’hôtellerie ou les équipements sportifs, un équipement exclusivement dédié à la fourniture d’eau chaude sanitaire. Il est composé d’une pompe à chaleur Zubadan de Mitsubishi en 10, 14 et 23 kW, très réputée pour son rendement, et d’un ballon de 500 à 3 000 l. Ce matériel assure une haute température en sortie de PAC pour garantir une température en bas de ballon entre 55 et 60 °C, légionelles obligent. Il est aussi possible de proposer l’option de résistances électriques de secours (6, 9 ou 12 kW). Demandé par un bureau d’études pour un bailleur social, cette offre ressort à un prix très tiré.
Dédié à la production d’eau chaude sanitaire en collectif, le système Chaudapac de Collard Trolart associe une Pac Zubadan de Mitsubishi Electric,
un module d’échange Ecodan et un ballon de 500 à 3 000 l
En tertiaire aussi, des innovations se distinguent.
Toshiba fait évoluer ses unités DRV pour répondre à la fois aux contraintes de la réglementation européenne F-Gas et à la RE2020. Les SHRM Advance, de 8 à 24 CV (23 à 70 kW), fonctionnent au R-32. Ce qui permet de réduire la charge de fluide de 30% et d’améliorer sensiblement son impact climatique (le PRP). Par ailleurs, ces machines adoptent la dernière version du compresseur Twin-Rotary de la marque ; il permet une gestion très fine de l’inverter (jusqu’à 0,1 Hz). Ce matériel affiche des performances de chauffage (SEER) de 8,9 et de rafraîchissement (SCOP), de 4,67.
Impossible de terminer ce tour d’horizon des pompes à chaleur sans parler de ce qui figure comme le symbole de l’envolée de ce marché : les enveloppes pour cacher les unités extérieures. La solution Delta Discovery Air de Burgerhout est entrée dans l’histoire avec une distinction « Coup de cœur » du jury des nouveautés du salon. Cette entreprise du groupe M&G, spécialiste de l’évacuation de fumée et de la ventilation, a conçu un caisson de toit incliné pour y loger l’unité extérieure d’une PAC.
Les avantages revendiqués sont multiples : discrétion d’installation et de fonctionnement, accessibilité pour l’entretien, possibilité d’y installer aussi une sortie de ventilation …
On se souvient de la réaction des chauffagistes à l’installation en toiture de capteurs solaires thermiques … Placer une lourde machine tournante sur la charpente, en traversée de toit avec une foule de subtilités pour éviter les fuites … L’initiative doit être saluée pour son audace.
Primé, le système Delta-Discovery Air de Burgerhout permet d’installer une Pac sur un toit d’une pente de 20 à 60%
Intérêt : protéger l’équipement, réduire les nuisances tout en offrant un accès confortable en sous face
Chaudières : multi-combustibles, plus compactes et performantes. Et plus de pompes à chaleur !
Chez les fabricants de chaudières à gaz, il faut reconnaître que l’on fait feu de tout bois pour étendre le catalogue de produits. Chez Vaillant, l’accent est mis sur la compatibilité des chaudières murales domestiques avec le combustible hydrogène. L’adaptation est programmée selon trois paliers, de 20 à 100%, les modèles actuellement au catalogue étant d’ores et déjà certifiés adaptés à 20% d’hydrogène.
Autre solution, plus adaptée à la construction neuve : la pompe à chaleur avec pour fluide, du propane (R-290 pour les férus de nomenclature Ashrae). Peu cher et surtout affranchi de toutes dépendances et royalties aux fournisseurs de fluides chimiques.
De l’autre côté de l’allée Viessmann, propose aussi de nouvelles PAC avec le même fluide. Mais habitué depuis quelques décennies aux essais de nouvelles technologies – piles à combustible, chaudières à moteur Stirling notamment, cet industriel se risque cette année à proposer une solution d’autoconsommation d’électricité d’origine photovoltaïque. Ce VX3 comprend à minima huit capteurs pour fournir 3 kWc et un module de stockage mural extraplat comprenant onduleur et batterie pour une capacité de 4, 8 ou 12 kW. Fin du fin, la pompe à chaleur Vitocal 252 de 13 kW (au R 290) peut être directement alimentée par ces accus. Ce qui fait naturellement exploser son coefficient de performance.
Weishaupt aussi élargit son catalogue de pompes à chaleur. Après la bi-bloc lancée sur ISH en 2019, puis la Geoblock, une PAC géothermique inverter de 8 et 14 kW présentée en 2021, la filiale française de la marque allemande a dévoilé sur Interclima la SplitBloc.
Cette pompe à chaleur WSB air-eau qui sera disponible au premier trimestre 2023 en puissance modulante de 6, 8 et 10 kW, fonctionne au R-32 et veut être une solution compacte et versatile. Ainsi, toutes les versions seront uniquement disponibles en mono-ventilateur – une possibilité de compacité conférée par l’emploi du R-32 – avec un contenu de fluide de l’ordre 1,3 kg au lieu de 2 kg ; elle passe donc sous les radars de l’entretien périodique obligatoire. En termes de conception et de design, son enveloppe abandonne le matériau plastique pour un habillage galvanisé doté d’une grille qui cache intégralement le ventilateur, et le choix d’un quatre pales permet d’en réduire le régime et, par conséquent, le niveau de bruit. On ne la voit plus, on ne l’entend plus.
Enfin, la palette des services de cette pompe à chaleur est étendue : outre le chauffage et la production d’eau chaude sanitaire avec un ballon de 165 l, elle assure aussi le rafraîchissement. À noter que ce ballon est un des premiers modèles à adopter une isolation thermique sous-vide, ultra mince, qui contribue à réduire l’encombrement au sol de l’ensemble.
Il faut un instant revenir sur les capacités étonnantes conférées à la pompe à chaleur Geoblock WGB citée plus haut. Sa régulation en fait le cœur d’une installation thermique la plus œcuménique qui soit. Outre la gestion de deux circuits de chauffage, d’une production d’eau chaude et d’un bouclage d’eau chaude sanitaire, l’électronique de cette PAC peut gérer une chaudière d’appoint gaz ou biomasse ains qu’une installation solaire thermique. De quoi jongler avec les sources d’énergie disponibles.
Weishaupt poursuit par ailleurs le développement de ses chaudières gaz au sol. En premier lieu, avec les WTC-GB, des générateurs cascadables d’une puissance unitaire de 15 à 100 kW, véritables déclinaisons des versions murales WTC-GW. Très compactes, elles se démarquent par une grande accessibilité aux organes techniques et la simplification des montages hydrauliques lors du remplacement d’anciennes chaudières au sol.
Enfin, Weishaupt présentait la dernière évolution de sa chaudière Thermo Condens WTC-GB de 620 kW cascadable à foyer en aluminium-silicium et à brûleur prémix d’une plage de modulation de 1 à 8. Une chaufferie équipée de quatre unités couvrirait des besoins de 80 kW à 2,5 MW. Une version de 470 kW est promise pour 2023.
Fi de la crise du gaz, Weishaupt poursuit le développement de ces chaudières gaz à condensation avec des versions modulantes de 1 à 8
et des modules au sol compacts et d’un montage hydraulique aisé sur les installations existantes
Ventilation : prime à la qualité d’air
La période de la crise sanitaire a produit des innovations opportunes pour améliorer l’hygiène des locaux. Chez France-Air, la plus intéressante pour les professionnels de la ventilation est la production d’un filtre dit « virucide » à faible perte de charge. Ce FR PMC Virucide affiche un classement PM1 90% selon l’ISO 19890 et un classement énergétique A. Sa surface est traitée pour détruire 99,91% des virus. Destiné à la préfiltration à la reprise d’air des centrales double flux, il peut aussi être utilisé en milieu hospitalier en complément de filtration de haute efficacité. Il est décliné en débits de 770 à 6 000 m3/h et dans des cadres des 48, 68 et 150 mm de large.
Pour l’élimination des virus en continu dans les grands espaces, ce fournisseur lance aussi un épurateur mobile, le Kalissia, en trois tailles : 150, 300 et 500 m3/h. Répondant à la norme dite anti-Covid UNI EN 17141:2021, il est proposé en deux versions techniques : avec photocatalyse ou avec double filtration F7+H13.
Aldes se lance aussi dans la purification mobile avec le module Alana, à poser ou à accrocher au mur. Destiné au tertiaire ou au scolaire, d’une capacité de 10 à 100 m3/h, sans filtre et à technologie par ionisation sans émission d’ozone, il traite 99% des PM1.
Développé en partenariat avec la start-up Teqoya, le module de purification d’air Alana élimine les micro-organismes par ionisation sans production d’ozone
Le fabricant lyonnais introduit aussi dans son catalogue les unités plafonnières double flux pour les salles de classe DEX 3000 mise au point par la filiale danoise Exhausto.
Trois modèles couvrent les besoins de 650, 950 et 1 200 m3/h. Ils sont dotés de filtration F7, F9 ou à charbon actif. Leurs niveaux de bruit s’étagent de 33 à 38 dB(A) selon leur régime.
Le confort thermique associé à la ventilation fait aussi son chemin. À ce titre il convient de souligner les succès de Saint-Gobain PAM Building, l’un des derniers industriels à s’intéresser au puits climatique avec son produit Elixair.
Cet industriel a décroché cette année quelques beaux marchés avec la Défense nationale. Notamment l’équipement du centre d’entraînement de l’armée à Orange (Var) d’un réseau de 1 800 m linéaires de canalisations en fonte de 30 cm de diamètre pour un débit de 110 000 m³/h d’un air filtré et d’une température écrêtée de 10 à 12°C lors des pics de chaleur locaux. D’autres commandes ont été passées dans le cadre du Plan Action Logement du ministère des armées de Février 2022 qui prévoit 12 000 rénovations et 3 000 constructions neuves dans tout le pays. PAM Building va équiper plusieurs des chantiers de puits climatiques de 2 000 à 14 000 m³/h.
PAM Building reste l’un des derniers fournisseurs de produits pour construire des puits climatiques
L’entreprise vient d’équiper le stand de tir de l’armée à Orange (Var) d’une installation de 110 000 m³/h
Pour sa part, France-Air fait le pari du rafraîchissement adiabatique avec ses modules Fresh’up à raccorder aux centrales double flux Power Box. Les modules adiabatiques sont disponibles en cinq tailles, de 500 à 5 000 m³/h. À noter aussi la tendance chez cet industriel pour l’éco-conception : son nouveau diffuseur Plumbox fait l’économie d’une enveloppe métallique pour la substituer par une enveloppe textile souple. Quid de la durabilité ?
France-Air marque sa volonté de développer des produits de ventilation éco-conçus en présentant ce corps de diffuseur en textile
Focus 1 : Wiha : l’assistance électrique pour visser juste
Les électriciens sont-ils hyper-technophiles ou paresseux ? C’est l’une des questions que l’on est en droit de se poser après avoir testé le tournevis à assistance électrique pour les tableautiers. Évidemment, ces professionnels comprennent d’emblée l’intérêt de cette innovation ; eux savent combien de demi-tours de poignet demande le vissage des fils aux bornes de l’ensemble des modules d’un coffret d’alimentation.
Pas plus gros qu’un tournevis classique, ce tournevis électrique mis au point par le fabricant d’outillage Wiha contient un moteur miniature que l’on commande pour visser ou dévisser. Ce qui permet de limiter l’opération manuelle au dernier serrage. Fin du fin, il est aussi possible de s’affranchir de cette dernière phase pour maîtriser la pression finale sur la tête de vis à l’aide d’un adaptateur dynamométrique ; l’intérêt est de garantir le couple de serrage demandé dans le cahier des charges du chantier tout en évitant la casse du module. Ce fabricant propose cinq adaptateurs – de 0,8 à 4 Nm – à insérer entre le manche et l’embout de vissage.
Le tournevis à assistance électrique SpeedE associé aux modules dynamométriques permet de garantir la qualité de vissage des câbles
sur les modules d’un tableau de distribution
Focus 2 : Digitalisation : encaisser rapidement et facilement
Comment un artisan peut-il régler ses commandes sur un site d’e-commerce, quel que soit le montant ? Le prestataire Fintecture propose une solution avec le virement immédiat. L’application basée sur des outils de simplification des opérations de référencement bancaire d’un client et une passerelle avec les outils de gestion classiques permet d’accélérer le règlement des factures. Concrètement, elle évite la saisie manuelle des informations relatives aux comptes en se basant sur le nom du client et de sa banque ; Fintecture travaille avec toutes les banques sur le territoire. Cette amélioration de service se traduit par une sensible augmentation du panier moyen des commandes.
Des distributeurs peuvent aussi s’en servir en service après-vente pour accélérer le remboursement après retour d’un équipement. Le prestataire se rémunère à hauteur de 0,3% à 0,5% du montant de la transaction.
Focus 3 : Interview Stanislas Lacroix, PDG du groupe Aldes
S’imposer au niveau national et international
Aux responsabilités du groupe Aldes depuis Septembre 2018, Stanislas Lacroix décrit les nouveaux contours de l’entreprise après l’acquisition d’Aereco et ses engagements avec le chinois Hisense.
Stanislas-Lacroix - PDG du groupe Aldes : « De manière stratégique, il est important pour nous de rassembler les groupes produits par Aldes
et les terminaux conçus par Aereco »
— XPair.com : Aldes a réalisé plusieurs acquisitions marquantes ces derniers mois ? Quelles évolutions de l’entreprise Aldes traduisent-elles ?
Stanislas Lacroix : « Je citerai d’abord le plus récent rachat, celui d’Aereco, signé tout début Juillet. Il faut souligner le partenariat de cette entreprise avec Aldes. Nos relations industrielles et commerciales avec la famille Jardinier, fondatrice d’Aereco, remontent à la fin des années 60 ; le premier contrat de prestation date de 1967. Depuis, nous avons développé les technologies qui sont devenues les solutions de qualité d’air en France – l’autoréglable, puis l’hygroréglable. En tant que tel, Aereco a été créée au début des années 1980 et nous avons vécu en synergie pour le développement de produits durant toutes ces années. Prenons l’exemple de l’hygroréglable : Aereco développe les bouches et les entrées d’air, et Aldes conçoit les groupes de ventilation ; nous associons les deux pour constituer la solution complète « hygro ».
Quand Marc et Laurent Jardinier, successeurs de Pierre Jardinier, ont voulu vendre, il a été très naturel pour nous de reprendre l’entreprise. C’est une partie de la famille. Et de manière stratégique, il est important pour nous d’avoir les groupes et les terminaux. »
— XPair.com : Cela change aussi beaucoup pour Aldes en termes logistiques, puisque Aeréco dispose depuis quelques années d’un site bien placé à Collégien, en Seine et Marne, au carrefour de voies autoroutières.
Stanislas Lacroix : « Nous disposions d’un site logistique à Vitry-sur-Seine, et effectivement, ce rachat permet de détenir un centre important, tant sur le plan logistique qu’industriel et de recherche. Le site de Collégien dispose de laboratoires de conception très complémentaires de ceux dont nous disposons à Vénissieux. Les installations industrielles vont aussi permettre de mettre nos productions en synergie. Dès Juillet dernier, nous avons travaillé à conjuguer les projets de conception de produits. Nous rapprochons des productions menées auparavant de manière partenariale. Ce travail de coordination porte aussi sur les sujets logistiques ; la plateforme de Collégien est évidemment un atout.
Le deuxième sujet concernant Aereco est la position de ses deux filiales en Allemagne et en Pologne. Il faut savoir que sur les 85 M€ de chiffre d’affaires d’Aereco, Aldes comptait pour 20 M€. Ce sont donc plus de 60 M€ d’activités générés en dehors du groupe. Les filiales en Allemagne et en Pologne vont permettre de consolider les positions que nous avons avec Exhausto, le producteur scandinave de centrales de traitement d’air rachetées en Juin 2016. Le but est, en Allemagne, de positionner Exhausto en tertiaire et Aldes en résidentiel, et d’atteindre plus de 50 M€ de chiffre d’affaires sur ces deux activités. Ce qui signifie pour nous une belle position, tout en capitalisant sur les marques, et une complémentarité d’équipes et de savoir-faire.
Aereco était par ailleurs présent en Allemagne en résidentiel collectif avec de la ventilation thermodynamique avec récupération sur l’air extrait développé après le rachat de Mac. Pour ce qui concerne la Pologne, Aereco y était leader en résidentiel collectif et distribuait les produits Aldes depuis 20 ans. Le chiffre d’affaires y atteignait 25 M€. Naturellement, nous allons pousser les gammes vendues par le groupe sur la Pologne. Aereco avait aussi des positions en Hongrie et en Irlande, ce qui permet d’aller toucher de nouveaux et intéressants territoires ».
— XPair.com : Après six mois, avez-vous des nouveautés techniques à annoncer ?
Stanislas Lacroix : « Il y a des choses dans les cartons, mais c’est encore trop tôt. Je veux cependant parler de notre partenariat avec une autre entreprise, la start-up Teqoya qui travaille sur la purification d’air. Elle dispose de brevet sur l’ionisation que nous utilisons pour des produits à poser dans des salles de classes ou en résidentiel pour réduire les particules, les pollens et des micro-organismes qu’elles peuvent porter. Et ce, sans dégagement d’ozone. Cette technologie sera aussi appliquée sur des entrées d’air filtrantes. Elle sera testée dans des logements du village des athlètes des prochains jeux olympiques de Paris en 2024. »
— XPair.com : Autre annonce récente : votre partenariat avec Hisense. Quel en est le sens ?
Stanislas Lacroix : « Cela traduit la démarche et la trajectoire que nous avons depuis des années. Hisense est une société chinoise qui figure parmi les leaders mondiaux des produits de technologie avancée. Leur division climatisation et pompes à chaleur existe depuis près de 20 ans, et les produits ne sont pratiquement pas présents en France. C’est une référence mondiale en termes de robustesse et de traitement de l’air diffusé par les terminaux de chauffage et climatisation. Nous partageons avec cette marque les mêmes principes en matière de qualité d’air. Nous nous sommes associés pour distribuer l’ensemble du portefeuille en France, ce qui nous permet de présenter une offre complémentaire de qualité d’air intérieur et de confort thermique. »
— XPair.com : Plus localement, quels sont les développements d’Aldes en France ?
Stanislas Lacroix : « Nous sommes en train d’agrandir de 6 000 m² notre centre logistique près de Lyon pour accompagner la croissance du groupe. Pour ce qui concerne spécifiquement le confort thermique, nous avons acquis un terrain à Vitré, en Ille-et-Vilaine, et nous sommes en train de démarrer le chantier d’un nouveau site industriel de production des T-One et T-Flow ; il remplacera celui de Châtillon-en-Vendelais, au nord de Vitré. D’une superficie de 6 000 m², il devrait entrer en activité en 2024, nous prévoyons de l’agrandir de 4 000 m² en 2027-2028. Il faut savoir que ces produits connaissent un fort engouement depuis l’application de la RE2020, en particulier pour le T-One qui s’avère pertinent puisqu’il apporte le chauffage et le rafraîchissement réglementaire.
Par ailleurs, nous occupons, depuis fin Juillet, notre nouveau siège social de 6 300 m² à Vénissieux. Il permet de rassembler les 350 salariés auparavant dispersés sur plusieurs sites lyonnais. Son architecture améliore les liens et les rencontres entre les équipes. Elle a été travaillée par Denis Léger, du cabinet Archigroup, basé à Limonest, et les espaces intérieurs ont été conçus par le cabinet lyonnais Since. Sur ce nouveau lieu, le promoteur a obtenu le label Well de qualité de vie au travail ; le bâtiment est aussi certifié Breeam.
— XPair.com : De manière plus générale, où en est la réglementation sur la ventilation ? Sa révision est-elle toujours d’actualité ?
Stanislas Lacroix : « Il y a réellement une demande des pouvoirs publics de moderniser la réglementation de 1983. Nous disons, au niveau syndical, avec Uniclima, que la philosophie des textes en application a démontré son intérêt au regard de la qualité et de la performance apportées, quel que soit le bâtiment. En revanche, repenser les débits d’air, cela me semble fondamental. Les débats portent aussi sur l’ouverture d’autres sujets : allons-nous faire de l’extraction dans les chambres où le niveau de CO₂ est une préoccupation ? Aujourd’hui, nous faisons du balayage pur. La difficulté est : comment ventiler sans migration de polluants des pièces techniques vers les espaces à vivre ? Pourtant, si cela améliore la qualité d’air pour les occupants, il faut y aller. Les discussions sur ce type de problèmes sont en cours. Les décisions auront des impacts architecturaux ».
— XPair.com : Comment vivez-vous le marché actuel de la construction neuve ?
Stanislas Lacroix : « Les dépôts des permis de construire restent élevés, mais nous ressentons la baisse des ouvertures de chantier, surtout depuis la rentrée. Par ailleurs, les statistiques syndicales affichent -8% en volume. Nous nous attendons à une année compliquée, en premier lieu, en maison individuelle. Par ailleurs, les hausses de prix perturbent les distributeurs et installateurs depuis quelques mois avec des remises en causes de chantiers quels que soient leurs tailles. Les derniers chiffres indiquent la transformation de 25% des intentions de réalisation en annulation, soit un doublement de ce phénomène. Les installateurs nous annoncent pourtant des carnets de commandes encore pleins pour les prochains mois, même sur 2023 ».
— XPair.com : Entre le renchérissement des matières premières, de l’énergie et l’état du marché, comment pilotez-vous votre activité ?
Stanislas Lacroix : « Il faut revenir à beaucoup de simplicité, arrêter les plans à long terme, et analyser les changements réguliers des paramètres fondamentaux. Ce qui signifie réadapter nos organisations, nos plans … Il faut être réaliste et agile dans nos prises de décisions ».
Fait par Bernard Reinteau, journaliste spécialisé
À propos de l'auteur
Bernard Reinteau
Journaliste de la presse bâtiment depuis la fin des années 80, Bernard Reinteau est journaliste indépendant. Il a œuvré pour les principaux titres de la filière et se spécialise particulièrement sur les solutions techniques liées à la performance énergétique et environnementale des constructions et rénovations performantes. Il collabore principalement avec les plus grands titres et en particulier avec Xpair.