Par Didier CLEMENT - Consultant technique pour le compte de PROMODUL.
Soucieux d’anticiper la réglementation thermique en 2020, le constructeur de maisons individuelles Chamois
Constructeurs vient de réaliser sa première maison à énergie positive à Sillingy, près d’Annecy (74).
Elle s’appuie sur
un système constructif original visant à tirer partie des qualités intrinsèques du béton, et notamment de sa grande
inertie thermique. Nous sommes allés à la rencontre du concepteur de cette maison auréolée de ses deux labels
Effinergie et Minergie qui, derrière le caractère traditionnel de son architecture, n’en est pas moins hors normes.
1°/ La maison de demain n'est pas en bois: elle possède de l'inertie
La maison à énergie positive repose
en tout premier lieu sur une conception architecturale
bioclimatique.
L’orientation générale de la maison, sa forme,
la taille et la disposition des ouvrants ont été étudiées pour
optimiser les apports solaires, limiter les surfaces déperditives,
préserver le confort d’été, favoriser l’éclairage naturel
et intégrer les équipements d’énergie renouvelable.
Ainsi,
la plupart des surfaces vitrées sont exposées plein sud pour
récupérer un maximum d’énergie solaire passive. Au sud
les larges baies sont équipées de double vitrage peu émissif
4/18/4 de chez Philibert, alors que les ouvrants situés
au nord sont plus petits et en triple vitrage peu émissif
4/12/4/12/4.
Grâce à la technique du double mur, l’isolation est continue, depuis les fondations jusqu’au faîtage, ce qui
supprime tous les ponts thermiques.
Le même soin a été
apporté à la toiture propre aux zones de montagne avec
une sur-ventilation. En effet, à la technique classique du
double toit, Chamois Constructeurs a doublé la lame d’air
(8 mm) qui assure la ventilation de l’ensemble mais aussi
pour permettre la mise en place d’un réseau d’eau en PER
(Polyéthylène réticulé haute densité) qui alimente un ballon
d’eau chaude et vient, en appoint des capteurs solaires, diminuer
la consommation énergétique liée à la production ECS.
1] Les murs
intérieurs du rez-de-
chaussée sont ralliés
en béton banché d’épaisseur 15 cm
afin d’amener le maximum d’inertie
au bâtiment.
2] Mise en place de l’isolant
en façade.
3] Mise en place du deuxième mur
constitué d’agglomérés de béton
de 15 cm sur lequel est appliqué,
en traditionnel, le revêtement
2°/ Le double mur de la maison BEPOS
“Sur Sillingy, je pensais appliquer la même technique mais nous sommes ici sur une zone sismique. De ce fait, la solution en béton banché ou prêt à l’emploi, vient renforcer considérablement l’inertie. Ainsi, de l’intérieur vers l’extérieur, la maison se compose d’un mur en béton banché (Vicat) de 15 cm d’épaisseur, de 20 cm d’isolant (polystyrène expansé Knauf X-Therm) et d’un deuxième mur constitué d’agglomérés de béton de 15 cm sur lequel est appliqué, en traditionnel, le revêtement de façade. Ces murs reposent sur un radier en béton ferraillé (plate-forme servant de base de départ d’un bâtiment et assurant sa stabilité) avec une isolation posée sous le radier en deux couches croisées afin de conserver au maximum l’inertie de la dalle béton. À signaler qu’avant son coulage, un réseau de circulation d’eau a été installé afin de permettre, en été, un rafraîchissement du plancher bas.
3°/ L’inertie au service de la durabilité
Pour ce qui est de l’enveloppe, tout est axé sur la recherche
d’une grande inertie des matériaux, complément indispensable
de l’isolation. C’est pour cette raison que le choix
s’est porté sur le béton, un matériau qui a fait ses preuves,
qui peut s’enorgueillir d’un impact environnemental neutre
et présente une grande capacité d’absorption, de stockage
et de restitution de l’énergie (chaleur ou fraîcheur) accumulée.
Le béton est l’un des matériaux qui présente la plus
grande capacité thermique : elle est estimée entre 2.400
et 2.610 Kilojoules par m³ et par degré. A titre de comparaison,
celle du bois est seulement de 960 Kilojoules par m³ et par degré et celle de la brique se situe entre 630 et 1.800
Kilojoules par m3 et par degré, soit de 1,5 à 4 fois moins.
Avec
son double mur en béton, la maison Chamois Constructeurs bénéficie d’une inertie intérieure (capacité à stocker
l’énergie) de 250 tonnes alors qu’elle est de 80 tonnes pour
la même maison construite en traditionnel avec une isolation
par l’intérieur, et de 30 tonnes en ossature bois.
Les résultats en termes de consommation se passent de
commentaires : il faut moins de 4 kW pour chauffer cette
maison de 154 m² habitables (170
m² de SHON) par -13°C.
Autre preuve de l’efficacité de l’inertie : il faut en moyenne
plus de trois heures pour que les parois de la maison commencent
à se décharger de la chaleur stockée (source
Bastide et Bondoux). Enfin, sur une journée d’hiver avec
des températures extrêmes variant de -5°C, +5°C, chauffage
arrêté et sans vie à l’intérieur de la maison, sans électroménager
en fonctionnement, la chute de température
intérieure constatée n’a été que de 1,5°C. “Toutes les mesures
que nous avons effectuées et analysées durant l’hiver
2009-2010, particulièrement long, nous confortent dans
nos convictions : l’inertie thermique de l’enveloppe permet
d’éviter les écarts de température et de les rendre pratiquement
inexistants. Ainsi, avec un système de chauffage
électrique (4 panneaux rayonnants avec thermostat
intégré suffisent), nous arrivons à une consommation
électrique d’environ 215 €, soit autour de 18 €/mois.
Alors pourquoi aller au-delà ?” s’interroge malicieusement
Didier Demercastel. En effet pour prétendre aux labels,
il a dû prévoir une pompe à chaleur, un matériel coûteux
VMC DOUBLE FLUX
à l’achat comme à l’entretien. Ce qui nous ramène à sa
conviction selon laquelle, pour préparer 2020, il faut investir
prioritairement dans le bâti et choisir un équipement
minimal à l’achat comme à l’entretien et, compte tenu
du prix actuel pratiqué par EDF, recourir au photovoltaïque
pour les installations intégrées. Dans le cas de la maison
de Sillingy, l’installation sera amortie en moins de huit ans,
sur la base d’un revenu annuel estimé de l’ordre de 1.500
à 1.700 €. Enfin le renouvellement d’air est assuré par
une VMC double flux de chez Aldès.
4°/ Performances BEPOS avec 2 systèmes de chauffage possibles
Systèmes de chauffage : 2 pré-installations au choix : pompe à chaleur ou chaudière à gaz à condensation.
MAISON À ÉNERGIE POSITIVE ÉQUIPÉE D’UNE POMPE À CHALEUR ET DU PHOTOVOLTAÏQUE
Consommation conventionnelle : -22 kWhEP/m².an
Étiquette classe A
Consommations énergétiques (en énergie primaire) pour le chauffage, la production d’eau chaude sanitaire et le refroidissement, déduction faite de la production d’électricité à demeure.
Estimation des émissions : -2 kgéqCO2 /m².an
Étiquette classe A
Émissions de gaz à effet de serre (GES) pour le chauffage, la production d’eau chaude sanitaire et le refroidissement.
MAISON À ÉNERGIE POSITIVE ÉQUIPÉE D’UNE CHAUDIÈRE À GAZ À CONDENSATION, CHAUFFAGE RADIANT ET PHOTOVOLTAÏQUE
Consommation conventionnelle : -23 kWhEP/m².an
Étiquette classe A
Consommations énergétiques (en énergie primaire) pour le chauffage, la production d’eau chaude sanitaire et le refroidissement, déduction faite de la production d’électricité à demeure.
Estimation des émissions : 3 kgéqCO2 /m².an
Étiquette classe A
Émissions de gaz à effet de serre (GES) pour le chauffage, la production d’eau chaude sanitaire et le refroidissement.
Fait par Didier CLEMENT
Consultant technique pour le compte de PROMODUL. Didier Clément est rédacteur en chef de la revue
"CO2, LE MAGAZINE DU CONFORT THERMIQUE".
→ SOURCES & LIENS
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