Par l’AQC, Agence Qualité Construction
Ce rapport annuel dresse l'essentiel des sinistralités dans le bâtiment et s'adresse aux professionnels cherchant à améliorer la qualité de leur construction.
Chiffres clés de l'activité du bâtiment en France
L'activité 2023 est en hausse pour la troisième année consécutive suite à une année particulière en 2020 marquée par la crise sanitaire. Cette dynamique est portée par les travaux d'entretien-rénovation (57% du chiffre d'affaires du bâtiment).
Maisons individuelles et répartition du coût des désordres
Logements collectifs et répartition du coût des désordres
Bâtiments tertiaires et répartition du coût des désordres
Cas particulier des isolations thermiques ITE et ITI dans les logements collectifs en béton
Analyse comparative expérimentale de sinistralité
Sycodés est une base de données de référence sur la sinistralité décennale de l'existant en France depuis 1995. Elle recense plus de 670 000 dommages extraits des 25 000 fiches remontées annuellement par les experts diligentés dans le cadre de l'assurance dommages-ouvrage (DO). Elle regroupe les dommages dont les coûts de réparation sont situés entre les montants du ticket modérateur (TM) et de l'avenant 1 (soit entre 1 870 et 158 000 € environ).
L'Agence qualité construction (AQC) a lancé en Février 2023 une thèse CIFRE (1) avec le laboratoire EVCAU (2) afin d'explorer l'usage de l'Intelligence Artificielle pour prédire la sinistralité des futurs ouvrages en se basant sur les données historiques de Sycodés.
Cette recherche implique l'enrichissement des données sur les ouvrages sinistrés en mobilisant des bases de données externes telles que l'Open Data. Ce processus permet également , à titre expérimental, d'étudier les éventuels liens entre typologie constructive et sinistralité.
(1) Le dispositif des Conventions Industrielles de Formation par la REcherche (CIFRE) permet à une entreprise de bénéficier d'une aide financière pour recruter un jeune doctorant dont les travaux de recherche, encadrés par un laboratoire public de recherche , conduiront à la soutenance d'une thèse - Source : enseignementsup-recherche.gouv.fr
(2) EVCAU : EnVironnements numériques Cultures Architecturales et Urbaines.
Récolte des données
Dans le cadre de cette thèse, l'identification des bâtiments sinistrés a été réalisée en associant les adresses des dommages à des identifiants uniques via la Base Adresse Nationale (BAN). Ces identifiants ont ensuite servi à interroger la Base de Données Nationale des Bâtiments (BDNB) pour obtenir des détails sur les bâtiments concernés, en écartant les incohérences sur la période de construction ou la destination. En plus de la BDNB, d'autres sources telles que la Base de Données TOPOlogique (BD TOPO) de l'IGN et les Fichiers Fonciers ont été utilisées pour compléter les informations sur les caractéristiques physiques et internes des bâtiments.
A l'issue de ce processus, une base constituée de plus de 58 300 bâtiments sinistrés a été obtenue. Elle porte sur près de 112 000 dommages. Chaque bâtiment est caractérisé selon 163 attributs : de la morphologie aux aspects constructifs en passant par l'énergie et la situation géographique.
Présentation de l'échantillon
Cette étude exploite deux informations provenant de la BDNB et informations issues des DPE : le matériau structurel ainsi que le type d'isolation en façade. Leur taux de complétude étant beaucoup plus important sur les bâtiments résidentiels collectifs (entre 60 et 65% contre environ 11% en maison individuelle), l'échantillon étudié se limite à cette destination.
Lorsque l'on associe matériau structurel et isolation, trois typologies ressortent majoritaires :
* Le béton avec ITI (72%)
* Le béton en ITE (9%)
* La brique en ITI (9%)
Au regard de cette répartition, l'étude se concentre uniquement sur l'ITI et l'ITE en structure béton.
L'échantillon étudié regroupe ainsi 8 088 bâtiments résidentiels collectifs totalisant plus de 37 200 dommages. Ceux-ci sont répartis de manière plus marquée en Ile-de-France (22%), en Auvergne-Rhône-Alpes (19%) et en Provence-Alpes-Côte d'Azur (13%) ainsi que dans les régions situées sur le littoral atlantique (29.8%).
Les années de réception de ces ouvrages s'étendent de 1997 à 2023, centrées sur 2008 (10%). En outre, 75% des bâtiments ont été réceptionnés entre 2006 et 2016.
Résultats et interprétations
Le nombre de dommages moyen par bâtiment semble légèrement plus élevé sur les bâtiments en ITE (2.20) qu'en ITI (1.98).
La répartition des dommages en part de l'effectif comme en part des coûts et par lot technique (issus du niveau 1 de la nomenclature D de Sycodés) varie globalement peu entre ITE et ITI pour la plupart des codes. En revanche, on observe en ITE une représentation bien plus forte des dommages sur les menuiseries, à hauteur de 14% contre 6% en ITI.
Bien que l'on note d'autres variations semblables sur les lots de type viabilité, partition/revêtement ou encore équipements, celles-ci concernent des pathologies indépendantes de la typologie constructive et n'apportent donc aucun regard pertinent.
L'étude des 10 éléments d'ouvrages (issus du niveau 2 de la nomenclature D) les plus représentés pour chaque typologie est plus révélatrice.
En ITE, le code 60 désigant les désordres sur les menuiseries de fenêtres et portes-fenêtres est deux fois plus représenté en pourcentage des dommages (12% contre 6% en ITI) et plus encore en termes de coûts (10% contre 4% en ITI).
En outre, le code 24 désiganant les balcons ainsi que le code 59 associé aux éléments de façade rapportés comme les brise-soleil ou les auvents ne ressortent qu'en ITE.
Ces observations suggèrent que l'ITE serait bien plus sujette que l'ITI aux dommages liés aux éléments de façade ponctuels comme les fenêtres ou les éléments rapportés. L'hypothèse la plus probable afin d'expliquer ce phénomène est la gestion plus délicate des interfaces liées à l'étanchéité sur les façades en ITE.
Par l’AQC, Agence Qualité Construction
Source et Lien