Par Nathalie Tchang, directrice de Tribu Energie et Emmanuel Acchiardi (DHUP)
Voici le regard croisé de deux experts sur la réglementation environnementale RE2020.
Avec Emmanuel Acchiardi - Sous-directeur de la qualité et du développement durable dans la construction, DHUP, Ministère de la transition écologique / Ministère de la cohésion des territoires et Nathalie Tchang - Directrice associée, BET Tribu Energie.
Propos retenus le 7 Septembre 2021 lors de la journée EnerJ-meeting, et pour les lecteurs d’XPair, en voici la synthèse et la vidéo exclusive.
Regards croisés sur la RE2020 par deux experts Nathalie Tchang (Tribu Energie) et Emmanuel Acchiardi (DHUP)
Les objectifs de la RE2020
La réglementation a trois grands objectifs qui se traduisent ensuite par des exigences et des indicateurs bien spécifiques.
- Le premier de ces objectifs, c’est la sobriété, c’est de diminuer le besoin et les consommations énergétiques, en amplifiant la sobriété énergétique.
- Le deuxième est important, c’est la nouveauté principale et c’est ce qui place notre pays en avance sur les autres pays européens sur le plan environnemental, c’est de diminuer l’impact carbone de la construction du bâtiment sur l’ensemble de son cycle de vie.
- Le troisième élément important également, et l’actualité nous le montre à chaque fois un peu plus, c’est que nous avons le sujet de confort d’été qui va devenir de plus en plus important à l’avenir, et donc il faut se prémunir et adapter nos bâtiments de demain à ces vagues de chaleur qui vont être de plus en plus intenses et fréquentes.
Rappelons que le travail préparatoire de la RE2020 a été très long, il a commencé par une expérimentation et nous allons revenir sur ce qui composait cette expérimentation E+C- en 2016, ce sont des travaux d’expertise avec de nombreux experts qui se sont réunis sur toutes les grandes thématiques de la Réglementation Environnementale.
C’est également toute une phase de concertation, de modélisation sur des bâtiments et des consultations formelles obligatoires sur des textes, donc finalement, ce sont quatre à cinq années de travail préparatoire pour arriver aujourd’hui à ce résultat de premiers textes qui sont publiés et d’une entrée en vigueur qui se rapproche d’ici quelques mois.
La RE2020 représente une dizaine de textes avec l’ensemble des thématiques qui est couvert par cette réglementation. Nous avons une dizaine de textes qui sont concernés par la RE2020 dont les deux premiers sont publiés, c’est le cœur de la RE2020 qui est publié, c’est à dire ce sont les exigences et la méthode sur le résidentiel.
Le résidentiel c’est que l’on construit le plus, c’est ce qui couvre une grande partie, une majorité de la construction en France dont les deux textes sont publiés, le décret et l’arrêté ont été publiés cet été et l’entrée en vigueur de la RE2020 est prévue le 1er Janvier 2022 pour les bâtiments résidentiels.
Par la suite, il y a d’autres textes qui arriveront qui sont en préparation à des stades divers avec toutes les attestations et les données environnementales qui-là ont été déjà concertées qui sont en train d’être examinées au Conseil d’Etat et qui vont être publiées au courant de l’automne.
Ensuite, nous avons les mêmes textes que pour le résidentiel mais pour les bâtiments tertiaires les plus fréquents, c’est à dire les bâtiments d’enseignements et de bureaux qui eux sont actuellement en consultation et qui seront publiés d’ici la fin de l’année, l’entrée en vigueur est prévue le 1er Juillet 2022.
Et enfin, nous avons les bâtiments dits spécifiques pour lesquels il y aura un travail plus fin de simulation d’analyse préparatoire finalement pour ces quelques pourcents de bâtiment qui demandent un travail important et qui sera mené à part, séparément et là, nous attendrons une année de plus pour une entrée en vigueur en 2023.
Des différences entre RT2012 et RE2020
Entre la RT2012, le label E+C- et la RE2020, il y a un certain nombre de différences avec les futures exigences que nous allons vous présenter, mais également des différences en matière de méthodologie, de fichiers météo et en termes de surfaces.
Nous ne sommes plus du tout sur les mêmes surfaces, nous passons d’une surface RT à un calcul avec une surface habitable dans les logements, de la surface utile pour les autres usages et tout cela fait qu’il n’y a pas de passerelle d’un dispositif par rapport à un autre et nous ne pouvons pas comparer ou faire des raccourcis, et cela complexifie les choses. La RE2020 est repartie sur des bases complètement nouvelles.
Différences entre RT2012 – E+C- et RE2020 – Source Tribu Energie
Les indicateurs essentiels : énergie, carbone, confort d’été
En résumé, les différents indicateurs qui répondent aux ambitions que nous venons d’exprimer, nous avons bien nos trois grands objectifs « énergie, carbone, confort d’été », nous avons ensuite les indicateurs qui existaient sur lesquels nous allons travailler pour les faire progresser, typiquement le Bbio le besoin climatique qui est concerné.
Également la consommation d’énergie primaire qui existait déjà, mais nous lui rajoutons la consommation d’énergie primaire non renouvelable, et nous avons les deux nouveaux indicateurs qui traduisent le volet carbone, nous l’avons mis pour l’impact climatique de l’énergie, nous l’avons mis à cheval entre l’énergie et le carbone et finalement il relève des deux, donc c’est l’indicateur nouveau qui traduit l’impact du changement climatique et des consommations d’énergie et nous avons la même chose pour les matériaux et les équipements dans la construction.
Également un nouvel indicateur le confort d’été, il existait dans la RT2012 mais il est apparu qu’il n’était plus adapté à la situation climatique, et le nouvel indicateur qui a été créé c’est l’indicateur degré-heure qui traduit un nombre d’heure dans la saison estivale où nous avons un inconfort par rapport à la chaleur.
Indicateurs de la RE2020 – Source Cerema
En parallèle de ces exigences de résultats, nous conservons les exigences de moyens pour la majorité d’entre-elles qui vont un peu évoluer avec quelques évolutions sur la perméabilité à l’air en résidentiel, et surtout en matière de confort il va y avoir de nouvelles exigences de moyens sur la vérification des systèmes de ventilation pour avoir des bâtiments qui permettent une qualité d’air intérieur acceptable.
L’indicateur « énergie » en particulier …
En termes d’énergie, comme avec la RT2012, le Bbio existait déjà, mais nous avons vraiment voulu mettre l’accent sur cet aspect sobriété, travail sur l’enveloppe, travail sur la conception, le choix des matériaux, les ouvertures, et donc cela est un indicateur historique mais renforcé puisque nous avons un objectif global de -30% sur le Bbio par rapport à la RT2012. Un élément important par rapport au confort d’été finalement, les indicateurs se répondent les uns aux autres puisque le Bbio désormais intègre les besoins en froid et c’est un élément nouveau.
Le premier sujet c’est la sobriété, le deuxième élément c’est la consommation d’énergie primaire qui existait également mais simplement il a été augmenté de nouveaux usages comme l’éclairage des parties communes, les ascenseurs, etc …, l’idée est de réduire fortement les consommations énergétiques et de favoriser des systèmes plus efficaces.
Ensuite nous avons un indicateur que nous définissons plus spécifiquement et de façon nouvelle, c’est le Cep non renouvelable et là, il traduit finalement l’ambition de la RE de favoriser le recours aux énergies renouvelables.
Les quatre indicateurs Energie qui vont être liés à la performance énergétique, donc ce coefficient Bbiomax intègre désormais les besoins de froid, c’est la grande nouveauté, mais il va tout de même être modulé en fonction d’un certain nombre de paramètres que va être la zone climatique, si il y a des combles aménagés en fonction du bruit, la surface moyenne des logements et la surface totale du bâtiment, et après nous avons des valeurs seuils des Bbiomax moyens à ne pas dépasser, sur la maison on va être sur 63 points et sur l’immeuble collectif on va être à 65 points.
Indicateurs Energie de la RE2020 - Source Tribu Energie
Il faut noter que l’isolation standard que nous utilisions habituellement avec la RT2012, aujourd’hui elle ne sera plus suffisante pour respecter ce nouveau coefficient Bbiomax, il va falloir le renforcer en augmentant les résistances thermiques, en optimisant la conception bioclimatique, en traitant mieux les ponts thermiques, nous avons pas mal de pistes mais cela va devenir assez compliqué. Nous allons vraiment aller au maximum des performances et c’était une volonté de la DHUP de caler ce Bbiomax sur le maximum possible des performances d’un immeuble en isolation par l’intérieur.
Bien entendu, à partir du moment où nous allons passer avec des systèmes sur ossatures d’isolation intégrées comme de l’ossature bois ou d’autres types d’ossatures qui permettent de gagner énormément par rapport au Bbiomax standard.
Autre point également sur le graphe suivant :
Indicateur Bbio selon le mode constructif - Source Tribu Energie
Nous avons une comparaison des coefficients Bbio sur un immeuble collectif de 14 logements pour trois zones climatiques et avec trois types d’isolation, une isolation standard en béton, une isolation optimisée et une isolation encore plus optimisée avec un système sur ossature.
Nous voyons sur ce graphe cet immeuble collectif que nous arrivons à respecter sans trop de problèmes le coefficient Bbiomax, mais nous nous retrouvons avec quelques difficultés notamment en zone H3 puisque en zone H3 nous voyons sur le graphe la part verte qui représente les besoins de froid du bâtiment, et ces besoins de froid sont tellement importants sur un immeuble dans le sud de la France que ça commence à rendre cela très compliqué et qu’en fait nous sommes obligés de beaucoup renforcer les prestations du bâtiment en zone H3, ce qui peut paraître contradictoire, mais pour compenser ces besoins de froid est vraiment d’insister sur une conception beaucoup plus bioclimatique pour limiter cet impact.
Concernant le coefficient Cep, petite nouveauté, car nous intégrons des nouveaux usages en plus des cinq usages RT classiques, chauffage, eau chaude sanitaire, éclairage, auxiliaires.
Nous allons prendre en compte également les consommations liées aux déplacements dans l’immeuble (ascenseurs, escalators, parkings et l’éclairage des parties communes).
Nous retrouvons des coefficients de modulation et des coefficients d’énergie primaire assez proches de ce que nous avions de la RT2012, le 2.58 passe à 2.3 pour l’électricité, pour les autres énergies nous restons avec des coefficients seuils de 75 et 85.
L’indicateur « carbone » en particulier …
Sur le carbone comme dit précédemment, il y a deux nouveaux indicateurs.
L’indicateur sur l’impact climatique de l’énergie qui est vraiment lié à limiter fortement le recours aux énergies carbonées dès 2022 pour la maison individuelle et dans les jalons successifs en 2025 pour le logement collectif.
Les deux nouveaux indicateurs :
- ICénergie (en kg éq. CO2/m2) : évalue l’impact sur le changement climatique de la consommation d’énergie sur la vie du bâtiment. L’ambition : Réduire les émissions de GES liées à l’exploitation des bâtiments / Contraindre fortement le recours aux énergies « carbonées » dès 2022 en maison individuelle et à partir de 2025 en logement collectif.
- ICconstruction (en kg éq. CO 2 /m2Sref) : évalue l’impact sur le changement climatique associé aux composants du bâtiment et à leur mise en œuvre (chantier). L’ambition : Initier la prise en compte du bilan carbone dans la construction par des échéances progressives / Réduire à terme l’empreinte carbone du bâtiment / Favoriser le recours aux matériaux faibles émetteurs de GES ou capable d’en stocker / Donner le temps à toutes les filières de faire évoluer les procédés.
L’indicateur ICénergie : nous voyons à travers cet indicateur - Cf. tableau ci-après - le ICénergie, qu’il va être renforcé au fil de l’eau de 2022 à 2028 et là en fait, c’est ce qui va vraiment faire la différence entre différents systèmes énergétiques, où nous allons nous s’apercevoir entre 2022 et 2025 toutes les solutions techniques que nous connaissons aujourd’hui peuvent respecter la RE2020, par contre les choses vont commencer à se corser à partir de 2025 lorsque le système énergétique ne permettra pas d’avoir recours à des énergies peu carbonées, nous ne pourrons plus les utiliser seules ou alors effectivement il faudra les utiliser couplées à l’énergie renouvelable.
Synthèse indicateurs RE2020 projection 2022 / 2025 - Source Tribu Energie
L’indicateur ICconstruction : ce nouvel indicateur, l’impact climatique associé aux composants du bâtiment, l’idée c’est vraiment d’avoir l’empreinte carbone du bâtiment sur l’ensemble de son cycle de vie, de réduire cette empreinte de l’évaluer pour la réduire. Evidemment de favoriser le recours à des matériaux qui sont plus faiblement émetteurs et qui sont capables de stocker du carbone, c’est une exigence de la loi ELAN, il faut le rappeler et c’est une préoccupation que nous avons eu de la fixation des exigences de cette réglementation.
Il y a des jalons successifs sur cet indicateur ICconstruction pour préparer la filière à deux nouveaux matériaux à décarboner les matériaux et donc, il faut donner du temps aux filières de faire évoluer les procédés.
Grande nouveauté effectivement, nous avons cette exigence qui va porter sur le ICconstruction avec d’autres indicateurs à titre informatif pour l’instant.
Ce ICconstruction va être une somme de l’indicateur de l’impact carbone des composants et l’impact carbone du chantier, ce qui est important de comprendre c’est pour favoriser les matériaux biosourcés, nous intégrons une pondération que nous appelons l’ACV dynamique, nous allons avoir un coefficient qui va indiquer que plus une émission a lieu tôt plus son impact carbone est important.
Nous avons le ICconstruction et le coefficient de modulation et surtout ses seuils progressifs de 2022 à 2031 et, comme nous voyons sur cette courbe (visuel ci-dessous) aujourd’hui tous les systèmes constructifs peuvent respecter la RE2020 mais les renforcements successifs vont imposer d’aller vers des matériaux de moins en moins carbonés, pas d’ailleurs que sur le système constructif mais sur l’ensemble des matériaux.
Impact Ic selon la solution constructive - exemple 14 logements collectifs RE2020 - Source Tribu Energie
L’indicateur « confort d’été » en particulier …
Le troisième pilier c’est le confort d’été, un nouvel indicateur : les degrés-heures d’inconfort ou DH (en °C.h) évaluent l’inconfort perçu par les occupants.
Avec 3 seuils :
- Un seuil haut au‐delà duquel le bâtiment est non‐règlementaire car l’inconfort est excessif.
- Un seuil bas en‐deçà duquel le bâtiment est réglementaire et ne se voit pas appliquer de pénalité.
- Entre ces 2 seuils pénalisation forfaitaire pour inciter à travailler au confort du bâtiment en période estivale (conception bioclimatique + leviers passifs).
L’ambition : imposer une prise en compte du climat futur dans la construction pour concevoir des bâtiments résistants mieux aux épisodes de canicules qui seront plus fréquents et intenses à l’avenir. Et inciter à l’utilisation de solutions passives ou peu consommatrices, fournir des efforts sur la conception passive du bâtiment pour éviter ou retarder l’installation de systèmes de climatisation.
Pour ce nouvel indicateur que sont les degrés-heures des facteurs d’influence, l’impact est surtout très important en zone H3 autant dans la moitié nord de la France, ce coefficient degré-heure nous arrivons à le respecter relativement facilement, autant dans les zones H2d et H3, là cela va être une révolution parce qu’il faut mettre en place des brasseurs d’air ou d’autres systèmes de rafraîchissement complémentaires puisque c’est quasiment la même valeur sur l’ensemble du territoire.
En résumé l’impact RE2020 :
- Hors zones H2d et H3, les degrés‐heures ne sont pas contraignants et n’incitent pas à une conception optimisée en matière de confort d’été. Il est possible de réaliser des logements non traversants, sans inertie, sans dépasser l’exigence DHmax ...
- En zones H2d et H3, très contraignants (traversants, inertie, brasseurs d’air ... nécessaires).
- Heureusement, les exigences minimales demandent la mise en place de protections solaires minimales (type volets, stores extérieurs ...) sur l’ensemble des baies d’un logement.
Pour réussir la RE2020, un accompagnement …
Un point important pour réussir cette future RE2020, il ne faudra pas se contenter de faire une étude qu’en phase conception, c’est vraiment un long processus de contrôles progressifs pour arriver aux objectifs finaux.
Nous avons des textes décrets et arrêtés qui sont publiés, des textes qui rentreront en vigueur dans quelques mois. Nous sommes dans une phase à peu près de 6 mois très importante et cruciale d’accompagnement des acteurs de formation, d’information, donc nous avons un certain nombre de dispositifs pour accompagner ces acteurs.
Soit :
- Des jalons progressifs dans le temps (2022, 2025, 2028, 2031) pour permettre l’adaptation et l’anticipation notamment en ce qui concerne l’analyse en cycle de vie de la construction.
- Un site internet dédié : http://www.rt‐batiment.fr, plusieurs contenus déjà disponibles : guide RE2020, fiches décryptage, webinaires de présentation de la RE2020.
- Des formations prévues : à destination de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’œuvre.
- D’autres contenus en préparation : mallette pédagogique (pour les acteurs de la construction notamment les bureaux d’études et les architectes), décomposition du Prix Global et Forfaitaire « DPGF type » (pour les acteurs de la construction notamment la maîtrise d’œuvre), guide d’accompagnement des Bureaux d’Etudes, « Construire ma maison avec la RE2020 » (à destination des particuliers).
Autre nouveauté, nous avons mis une clause de revoyure c’est-à-dire que ces exigences nous pourrons les revoir avec les acteurs au fur et à mesure si nous nous apercevons que tel ou tel niveau d’exigence pose un problème.
Retrouvez la synthèse des interventions
« Construire et rénover - Objectif 2050 »
Téléchargez le Manifeste EnerJ-meeting 2021
Par Nathalie Tchang, Directrice de Tribu Energie
et Emmanuel Acchiardi - DHUP - Sous-directeur de la qualité et du développement durable dans la construction, DHUP - MTES/MCTRCT
Sources & Liens
Bonjour,
Tout d'abord merci pour cette synthèse tout à fait claire.
En tant que Thermicien, au sein d'un bureau d'étude dans le Tarn (H2C), je me suis amusé à lancer des simulations du Bbio pour des cas de maisons individuelles sous le moteur de calcul version béta de la RE2020 qu'Izuba a gentiment mis à disposition depuis quelques mois (je précise que j'utilise Pléiades) afin de les comparer à ceux obtenus avec le moteur RT2012. Ma conclusion est que dans plus de 90% des cas je suis à des "années lumières" du Bbiomax. Pour l'ensemble de ces cas, je n'aurai aujourd'hui d'autres choix que de revenir vers le concepteur pour lui annoncer qu'il peut repenser l'intégralité de son projet car celui présenté est tout simplement impossible à rendre conforme déjà juste au sens du Bbio. Et si je vais plus loin, je dirai même que je plains les Architectes qui vont devoir à présent dessiner exclusivement des parallélépipèdes ou des cubes plein sud (finis les angles rentrants, terminés les mezzanines avec des vides sur séjour, les hauteurs sous plafonds trop importantes, les planchers en porte à faux, etc, etc). Je précise que je ne me suis pas amusé à faire de type d'exercice pour des résidences collectives ou d'autres usages, qui sont ci-dessus présentés. A croire que la construction résidentielle en France ne se limite qu'aux immeubles.
Autant je trouve plutôt sain et bienvenu de considérer les besoins de froid systématiquement afin de couper court aux projets "soit disant bloqués en mode chaud" alors qu'on sait pertinemment que tous les dispositifs réversibles (gainable, split, console, etc associés à un groupe thermodynamique) sont quasi systématiquement débloqués en froid, voire même n'ont jamais été bloqués en mode chaud, et cela même que l'étude RT2012 l'exige, car les entités qui sont censés contrôler ne vont pas, pour leur grande majorité, jusqu'à ce niveau de détail. En parlant de "détail", il y en a bien d'autres (la liste est grande) qui ne sont pas non plus regardés/contrôlés, soit par un manque de compétences/formation, ou de laxisme ou bien parce que le formalisme même des attestations de fin de travaux n'est pas optimisé pour cela. Bref, selon moi, j'ose le dire haut et fort, nous ne savons déjà pas faire correctement de la RT2012 alors je m'inquiète fortement du résultat de cette nouvelle réglementation car même si l'idée originelle est louable, je vois poindre tout un ensemble de points noirs et contre productif. J'espère à présent que d'autres confrères viendront étayer mes propos afin que la DHUP puisse avoir, comme cela est précisé, une oreille attentive.