Par Christian CARDONNEL - Expert auprès de la DHUP et dirigeant du bureau d’études Cardonnel Ingénierie
Nous parlons tous de RT, Réglementation Thermique du Bâtiment, mais en fait cette réglementation représente beaucoup plus et évoque à la fois l’Energie, l’Environnement et l’Economie. La notation RE 2012, Réglementation Energétique, serait plus judicieuse, Dans le futur, avec la RT ou RE 2020 on pourra aboutir à des bâtiments à énergie positive, avec un véritable bilan en CO2, en énergie grise, en ressources et en cout global. Voici les 3 points d’étapes de cette nouvelle réglementation avec le double objectif de l’efficience énergétique et du confort durable du bâtiment.
1°) Réglementation thermique RT 2012 et RT 2020 : les données
Avec les derniers arbitrages sur la loi Grenelle 2 et le vote de l’Assemblée Nationale, la RT 2012 va pouvoir être finalisée et parvient a un équilibre technico-économique difficilement atteint. Apres la notification européenne (3 mois), les textes doivent être publies a l’automne pour une mise en application dans le tertiaire et les constructions en zone ANRU des fin 2011; à partir du 1er janvier 2013, ils seront applicables pour tout nouveau permis de construire.
Cependant rien n’empêche d’appliquer la nouvelle réglementation par anticipation, dès sa publication, et ainsi réaliser des opérations au niveau BBC avec les nouvelles conventions. Une règle d’équivalence doit en effet, être mise en place pour la certification BBC Effinergie.
Depuis prés de 3 ans, une large concertation a été organisée par les pouvoirs publics pour élaborer cette réglementation, en partant de l’état des lieux, des normes européennes, des axes de progrès et de rénovation. Tout n’a pas été pris en compte, mais l’essentiel y est, et des améliorations pourront être intégrées au fil du temps (procédure du Titre V pour les opérations ou systèmes particuliers). Il est vrai que le jeu des acteurs, des lobbyings n’a pas été simple et il faut savoir garder raison et synthétiser.
La feuille de route de la réglementation
énergétique du bâtiment neuf en France :
Il ne faut cependant pas oublier le bâtiment existant et les 30 millions de logements qui seront bientôt à considérer comme des épaves énergétiques; il est urgent d’agir pour une réglementation rénovation plus cohérente.
2°/ La réglementation est basée sur 3 grands points d’étapes
1 – Le BBio (Bilan Bioclimatique du Bâtiment)
Le BBio exprimé en points, permet de déterminer le bon niveau de conception bioclimatique du bâtiment et les besoins de chauffage, climatisation et éclairage.
En neutralisant les systèmes, en intégrant la bonne isolation thermique et l’étanchéité de l’enveloppe, l’inertie de la structure, le rôle essentiel des baies vitrées, des espaces solarisés pour les apports d’énergie solaire et de lumière naturelle, le BBio conforte et valide les choix réalises par la maitrise d’œuvre.
Le point BBio de la réglementation sera développé sur XPAIR lors de la prochaine chronique de Ch. Cardonnel, le mois prochain
Le modèle de calcul BBio doit être illustré et expliqué avec des schémas simples :
Modèle B BIO conventionnel RT 2012
CARDONNEL Ingénierie © 2010
→ Pour en savoir plus, téléchargez le document complet de 20 pages :
"Pour une réglementation énergétique du bâtiment équilibrée"
2 - La Tic (Température Intérieure Conventionnelle)
La Tic exprime le niveau de température ambiante (opérative) conventionnelle obtenue en période estivale, de forte chaleur est le second point d’étape.
Comme pour le BBio, le niveau Tic devra être inférieur a un niveau de référence. Faute de temps, cet indicateur mis en place avec la RT 2000 est inchangé. Avec l’évolution du climat et des aléas climatiques, le confort estival est pourtant un point essentiel qu’il est nécessaire de bien maîtriser. On ne peut pas jouer aux apprentis sorciers, avec des bâtiments hyper isolés, étanches, sans inertie thermique : ceux-ci seront vite invivables dès les beaux jours sauf à recourir a une climatisation énergivore.
Le point Tic de la réglementation sera développé sur XPAIR lors de la prochaine chronique de Ch. Cardonnel, le mois prochain
→ Pour en savoir plus, téléchargez le document complet de 20 pages :
"Pour une réglementation énergétique du bâtiment équilibrée"
3 - Le Cep (indication conventionnelle des consommations)
Le Cep est le troisième point d’étape, avec la valeur emblématique de 50 kWh ep/m².an.
Exprimé en kWh ep/m².an, le Cep donne une indication conventionnelle des consommations chauffage, climatisation éventuelle, eau chaude sanitaire, éclairage, auxiliaires - l’apport d’énergie électrique produite sur le site pouvant être déduite (Solaire Photovoltaïque, Cogénération).
3°) Zoom sur le Cep : indication conventionnelle des consommations
Le Cep, en kWh ep/m².an, donne donc une indication conventionnelle des consommations.
3.1 Le Cep de la RT2012 et la SHORT
En partant des besoins et en intégrant les
différentes pertes et les auxiliaires on détermine les
consommations des différents postes. La
consommation d’énergie est ensuite convertie en
énergie primaire avec les coefficients d’équivalence
de 2.58 pour l’électricité et 1.00 pour les autres
énergies.
Le calcul est bien sûr conventionnel, avec des
données climatiques établies au pas horaire et par
zone climatique, accompagné d’un scénario
conventionnel d’usage des différentes zones du
bâtiment (niveau et rythme de la température
ambiante, de la ventilation, de l’éclairage, des
besoins en eau chaude sanitaire, des apports
internes, …).
La valeur Cep calculée est similaire au niveau de
consommation UTAC de nos voitures. En fait, le
résultat final obtenu va dépendre pour
beaucoup des conditions réelles d’utilisation, du
mode de conduite et d’entretien des
équipements, du comportement plus ou moins
vertueux des usagers. Il sera malheureusement
très difficile de pouvoir connaître le niveau réel
de consommation, d’autant qu’il est lié aux
autres usages de l’énergie dans le bâtiment
(domestiques, multimédia, bureautique).
Le Cep obtenu doit être inférieur au Cep Max.
Le Cep Max d’un programme en énergie primaire est modulé en fonction de différents paramètres dont : la zone climatique H, l’altitude, le type et taille du projet, la catégorie CE1/CE2, le faible contenu CO2 pour la biomasse et certains réseaux de chaleur vertueux.
* Appliquer les modulations.
Par exemple, en Région
Parisienne (zone H1a), la valeur
de référence BBC RT 2005 de
65 kWhep/m²SHON.an va
fortement évoluer : pour un
logement collectif de 65 m²
Surface Hors Oeuvre
Réglementation Thermique
(SHORT - nouvelle référence
sans déduction de l’impact de
5% pour l’isolation et des 5 m²
PMR), cette valeur va devenir
74 kWhep/m²SHORT.an.
Par rapport à la RT 2005 et au label BBC, les
règles de modulation qui restent à préciser et à
valider ont fortement évolué et la nouvelle
définition de la SHORT bouscule bien des idées.
*Nouveau : La SHORT
Les surfaces SHOB, SHAB, SHON et SHORT ….., une nouvelle donne :
avec la RT 2012 une nouvelle surface SHORT est prise en compte, elle correspond à la SHON brute
(SHOB Surface Hors OEuvre Brute (au sens du R.112.2 du code de l’urbanisme), déduction faite des
combles et sous-sol non aménagés, toiture terrasse, balcons, loggias, vérandas non chauffés et
stationnement …) et sans déduction de 5 % pour l’isolation thermique et des 5 m² PMR (Personne à
Mobilité Réduite) par logement.
Les calculs des besoins et consommations sont toujours réalisés par rapport à la surface habitable
du programme. Avec la SHORT le coefficient au dénominateur (SHORT) est plus grand et le résultat
en kWhep/m².an plus petit et donc plus favorable.
3.2 Le Cep en résidentiel :
La détermination du Cep est réalisée poste par
poste (éclairage, chauffage/climatisation, eau
chaude sanitaire, auxiliaires) en partant du besoin
et en ajoutant les différentes pertes et
consommations des auxiliaires et en retranchant
les pertes récupérables pour le chauffage en
particulier.
En résidentiel, sur la base de 50, la répartition
moyenne est de l’ordre de 15 pour le chauffage
et/ou la climatisation, 25 pour l’eau chaude
sanitaire, 5 pour l’éclairage et 5 pour les
auxiliaires.
Répartition schématique des
consommations RT 2012 résidentiel
3.3 Le cas particulier de l'eau chaude sanitaire
Le poste eau chaude sanitaire devient
prépondérant, et il sera nécessaire d’y réaliser de
nombreux efforts, à la fois sur les points
d’utilisation, la distribution, le stockage et la
génération. Le recours à des concepts
performants avec de l’énergie renouvelable
(solaire) ou récupérée (air extrait, eaux grises,
chaleur du bâtiment, …) va devenir indispensable
d’autant que le besoin ECS aux points de puisage
est de l’ordre de 20 à 25 kWh/m² .an.
Fin 2009, l’ADEME a lancé un appel d’offre PACTE
ECS, avec un budget important (plus de 6 millions
d’euros). Les consortiums retenus sont au travail
et les premiers résultats seront disponibles dès
2012. Il est vrai que dans les conditions actuelles,
la production ECS en effet Joule est une gageure :
de 20 kWh/m².an de besoin on arrive vite à
70 kWhep/m².an de consommation, compte tenu
des pertes de distribution, de stockage et de la
conversion en énergie primaire. En résidentiel les
solutions comme le solaire thermique (CESI,
CESCI), les CE Thermodynamiques sont
cependant disponibles dans de bonnes conditions
économiques et le marché va rapidement se
développer.
L’eau Chaude Sanitaire : le besoin et les pertes des systèmes impactent fortement le bilan final (répartition
schématique en résidentiel individuel en zone H2b en kWhep/m².an), la prise en compte d’un équipement
EnR devient indispensable :
Analyse simplifiée par CARDONNEL Ingénierie :
Appartement de 65 m² en zone H2b
CE Electrique 200 litres NF C
ECS Gaz Condensation avec ballon accu 40 litres
CESI gaz avec 2 m² de capteur solaire ballon ECS 200 litres
CESI électrique avec 2 m² de capteur solaire ballon ECS 300 litres
CE PAC sur air extrait COP 2.7, non compris Pertes ballon ECS 250 litres
P auxiliaires électriques (circulateurs et/ou ventilateur), conversion EP énergie primaire : 2,58 -1 = 1.58
Nota : les pertes de distribution, stockage et génération sont en partie récupérées pour le chauffage
3.4 Chauffage : anticiper les évolutions
Le poste chauffage et/ou climatisation est
également en forte mutation : un besoin
d’énergie faible de 5 à 20 kWh/m².an, une
durée de chauffage plus courte (entre 1000
et 2500 h/an), un impact important des
pertes de gestion (variation spatiotemporelle),
distribution, auxiliaires et de
génération. Il ne faut pas oublier les pointes
de consommation par temps très froid (ou
très chaud), les périodes de relance.
On peut être tenté par l’air comme fluide
caloporteur, mais il ne faut pas oublier sa
faible capacité thermique (0.34 Wh/K.m3)
par rapport à l’eau (1163 Wh/K.m3) et les
différents aléas des systèmes : auxiliaires,
bruit, section des gaines, qualité hygiénique
….. De nouveaux concepts se développent et
il faut trouver un nouvel équilibre avec des
solutions plus souples, bien adaptées en
puissance, faciles à mettre en oeuvre, à maintenir et à
utiliser.
Au niveau du bilan chauffage, il faut également faire la
part des choses. Pour un besoin chauffage de 12
kWh/m².an, on aboutit à une consommation d’énergie
de 15 kWhep/m².an avec un équipement performant
(Condensation ou PAC, avec un chauffage basse
température) ; les pertes d’émission-gestion,
distribution et génération sont de l’ordre de 3
kWh/m².an soit 25% du besoin initial.
Ce besoin de 12 kWh/m².an résulte du bilan énergétique
du bâtiment : déperditions du bâtiment (enveloppe et
ventilation) – Apports Gratuits (solaires et internes)
récupérés.
Schématiquement, le poste déperditions est de l’ordre
de 60 kWh/m².an réparti en 3 tiers : parois opaques,
baies vitrées et renouvellement d’air neuf. Les apports
gratuits récupérés présentent 48 kWh/m².an avec une
répartition équilibrée entre les apports solaires et
internes.
Répartition schématique du bilan
déperditions/apports dans l’habitat :
Le bâtiment de demain devient donc THERMOGÈNE,
il assure par lui-même une grande part de son
chauffage. Le bilan énergétique des baies vitrées
devient neutre.
Un degré de plus ou de moins en température
ambiante, c’est maintenant 15 à 20 % de
consommation en plus ou moins, et non les 7 %
comme évoqué dans les années 80.
Le gain d’une bonne isolation du bâti peut être
complètement neutralisé par une mauvaise
perméabilité de l’enveloppe.
La récupération équilibrée des apports gratuits
du bâtiment va devenir essentielle au bon bilan
énergétique et au confort des usagers.
Au niveau des équipements, faute de temps et
d’un véritable consensus, le traitement n’est pas
toujours réaliste et cohérent. Les futures règles de
calcul THBCE élaborées en catimini par le CSTB
devront être rapidement analysées pour lever les
obstacles, en particulier au niveau des différents
postes, des pertes des systèmes et de leur
récupération partielle.
L’impact du mode d’émission et de gestion de la
chaleur (inertie thermique d’émetteur, répartition
d’émission rayonnement /convection, variation
spatio-temporelle, puissance limitée en phase de
relance) doit être analysé avec précision.
3.5 Préparer et informer la filière :
Là encore, on a besoin d’indicateurs pédagogiques, et la saisie précise des données techniques doit être réalisée pour aboutir au bon résultat. La filière industrielle doit donc se doter d’outils, d’assistants, d’une documentation technique spécifique pour valoriser ces produits et permettre de les prendre en compte de façon judicieuse.
Gestion de la lumière naturelle : selon l’apport de
lumière naturelle,
l’éclairage artificiel est modulé en
fonction du comportement type des usagers
Pour l’éclairage en résidentiel, le calcul reste
simplifié, mais l’impact de la lumière naturelle est
important, et, disposer de larges baies vitrées avec
un bon facteur de transmission lumineuse est un
gage de confort visuel et d’économie d’énergie. Le
développement d’un éclairage basse consommation
(fluo-compacte, Leds) mieux géré va contribuer à une moindre consommation, mais
paradoxalement à une légère augmentation du
poste chauffage.
Pour les auxiliaires (les ventilateurs, pompes et
circulateurs), la directive EuP (ou Energy using
Products) et le labelling vont rapidement
conduire à diviser par 5 voire 10 leur puissance
électrique pour le même service rendu. Avec
une meilleure gestion (variation de vitesse), la
consommation finale d’énergie sera donc
fortement réduite.
3.6 Les caractéristiques minimales du Cep :
Différentes caractéristiques minimales sont
également prévues pour les équipements:
Le recours à un minimum de 5 kWhep/m².an
d’énergie renouvelable pour la maison
individuelle, la solution de base proposée étant
un CESI certifié avec un minimum de 2 m² de
capteurs solaires. D’autres options comme le
raccordement à un réseau de chaleur vertueux,
un CE Thermodynamique performant, une
micro-cogénération étant possible en solution
alternative à justifier.
Je pense cependant qu’il est dommage que cette
valeur de 5 kWhep/m².an EnR ne soit pas
retenue en résidentiel collectif pour donner un
signal fort énergie renouvelable.
- Des équipements de comptage des différents postes de consommation (chauffage, climatisation, éclairage, eau chaude, CTA, cuisson, prises de courants et départs directs) dans le non résidentiel.
- Un équipement de comptage ou d’estimation des consommations d’énergie par logement avec une répartition par poste en chauffage, climatisation, production d’eau chaude sanitaire, réseau des prises électriques et autres.
Ce dernier point est une novation très importante et mérite une attention particulière.
3.7 Informer les usagers pour économiser :
Dès demain, les équipements simplifiés de
monitoring dans le résidentiel, conduiront à une
meilleure information et une responsabilisation des
usagers pour les aider à économiser l’énergie et
inciter à un comportement plus vertueux.
Ces équipements couplés avec un suivi de la
température ambiante, des données climatiques
peuvent permettre de mieux analyser les aléas du
bâtiment (défauts, manques de maintenance,
dérives dans le temps ….). La mise en place
d’équipements performants, qui vont aider au
commissionnement des bâtiments doit pouvoir être
valorisée.
C’est un point particulier proposé par le groupe de
travail Promotion Privée du Grenelle du Bâtiment, et
qui reste à étudier. Le recours à la procédure du
titre V système peut être une voie à prendre en
compte.
Dans le résidentiel, les autres usages
domestiques (cuisine, électroménager,
multimédia) vont devenir plus importants que
les 5 postes du Cep (chauffage, climatisation,
eau chaude, éclairage et auxiliaires).
Avec un niveau de 15 à 25 kWh électrique par
m² et an soit 40 à 60 kWhep/m².an, l’impact des
usages domestiques n’est pas neutre et fausse
les résultats, d’autant que la quote-part des
redevances et de l’entretien reste importante.
En effet, 1% d’énergie économisée ne
représente en moyenne que 0,5 % d’économie
financière sur la facture finale.
Je pense que la mise en place d’un véritable
monitoring des consommations et une bonne
information des usagers, peuvent conduire à
plus de 10 à 15 % d’économie.
Répartition schématique du bilan énergie
d’un logement entre Cep et autres usages en
kWhep/m².an :
la consommation d’énergie
primaire des usages domestiques dépasse
celle du Cep
En conclusion :
|
Fait par Christian CARDONNEL
Christian CARDONNEL (chc@cardonnel.fr), expert auprès de la DHUP et diverses
organisations du bâtiment, anime depuis 30 ans le bureau d’études CARDONNEL Ingénierie spécialisé dans le confort durable du bâtiment.
→ Téléchargez le document complet de 20 pages : "Pour une réglementation énergétique du bâtiment équilibrée"
→ SOURCES & LIENS
Merci pour l'information.Cela est cohérent avec d''autres sources qui cetnefiirt que l''Ode9on restera un lieu culturel (pas forcement un cinéma).Bien sûr, tout cela est à vérifier.