Par le Comité de rédaction de L'AICVF
Cet article présente une partie des résultats du projet HealthVent soutenu par la direction générale de la Santé et des Consommateurs de la Commission européenne. L'un des objectifs du projet était l'examen critique des règles de renouvellement d'air et de qualité d'air définies dans chaque pays et dans les normes européennes.
Environnement pollué en Roumanie
Les données actuelles en provenance de seize pays européens concernant les règlementations nationales ont été recueillies par l'intermédiaire de questionnaires envoyés aux partenaires du projet ainsi qu'à des experts en ventilation. Avec des taux de ventilation exprimés sous des formes différentes, la comparaison sur une base commune pu s'effectuer via des cas pratiques en situations réelles.
Les taux de ventilation des réglementations sont incohérents et très hétérogènes. Le renouvellement d'air des logements varient de 0,23 à 1,21 (vol/h) et de 15 à 150 (m³/h) pour les débits d'air extraits par pièce.
Les débits d'air neuf par personne dans le cas des salles de classe, salles de jeux pour enfants et bureaux varient de 14 à90 (m³/h) 4 à 25 l/s. De grandes différences ont été également constatées en ce qui concerne les niveaux de polluants. Les niveaux limites de monoxyde de carbone varient de 3 à 12,5mg/m³, et celles concernant le formaldéhyde de 10 à 100 μg/m³.
La première conclusion est que l'évaluation des données recueillies a montré que les valeurs des normes et règlementations européennes et celles pratiquées sont incohérentes. En outre, plusieurs valeurs règlementaires nationales se sont révélées inférieures aux valeurs publiées dans les normes européennes ainsi que celles recommandées par l'OMS, permettant ainsi des taux de renouvellement d'air plus faibles et des niveaux de polluants plus élevés que ceux recommandés. Les résultats indiquent qu'il y a un besoin considérable d'harmoniser les règlementations sur la ventilation et la qualité de l'air et de les aligner sur les normes et directives.
Polluants atmosphériques
Compte tenu du temps passé dans les bâtiments par les occupants et de la concentration
en polluants de l'air intérieur, les bâtiments
représentent le vecteur le plus
important à l'exposition à la pollution
atmosphérique et à ses effets sur la santé.
La ventilation est utilisée pour amener de
l'air neuf dans la zone occupée et ainsi éliminer
ou diluer les polluants émis à l'intérieur.
Le renouvellement d'air d'un local est
le facteur le plus important qui affecte la
qualité de l'air intérieur. Les objectifs du
projet HealthVent, projet soutenu par la
Commission européenne, étaient d'élaborer
des directives sur la ventilation pour
l'Union européenne basées sur des critères
de santé. Les contributeurs à ce projet
étaient des experts de différentes disciplines
venant de neuf pays de l'Union européenne.
L'un des objectifs du projet était
d'examiner et d'évaluer de façon critique
les exigences existantes en matière de ventilation
et de qualité d'air intérieur définis
dans les codes de la construction et les
normes européennes, l'accent étant plus
particulièrement mis sur les débits d'air
neuf, les polluants, le bruit, les températures
et la circulation de l'air dans les habitations,
les bureaux, les écoles et les jardins
d'enfants.
Méthodes
Les données furent recueillies à l'aide de questionnaires envoyés aux partenaires du projet ainsi qu'à des experts en ventilation de plusieurs États membres. Le questionnaire comprenait dix questions. Il était demandé de fournir les valeurs des règlementations nationales vis-à-vis des débits de ventilation, des teneurs limites en polluants, des niveaux sonores, etc. Dans le cas où de telles valeurs n'existent pas dans la règlementation, il était demandé d'indiquer les valeurs qui sont les plus largement utilisées dans la pratique (à partir de normes ou de guides, etc.) et dans les réponses, il était demandé si ces valeurs sont volontaires ou obligatoires. Seize pays ont fourni les informations demandées.
Les questionnaires retournés n'autorisaient pas une comparaison directe puisque les valeurs étaient exprimées sous des formes propres à chaque pays. En effet, certaines étaient données en débit d'air neuf par personne, d'autres en débit d'air par surface de plancher, certains en débits d'air fixes par type de local d'autres encore en taux de renouvellement horaire, enfin certains sur la base de combinaisons des valeurs précédentes. Aussi, afin de permettre des comparaisons, nous avons développé des exemples types basés sur des situations réelles. Ces exemples types se déclinent en deux logements types, une cuisine, un WC, une salle de bains, une salle de classe, un jardin d'enfants et un bureau. Les caractéristiques concernant les logements sont données dans les Tableaux 2 et 3.
Sur la base de ces caractéristiques, nous avons comparé les valeurs de ventilation dans les logements sur la base du renouvellement d'air horaire, la ventilation de la cuisine, du WC, de la salle de bains par le débit de ventilation par pièce et pour la salle de classe, le jardin d'enfants et le bureau, sur la base du débit d'air par occupant.
Comparaison des taux de renouvellement d'air
Les résultats montrent que les valeurs sont
variables d'un pays à l'autre. Les Figures 1
et 2 montrent des taux de renouvellement
d'air qui ont été calculés en utilisant les
données d'entrée des Tableaux 2 et 3. Le
plus faible taux de renouvellement dans les
logements est de 0,23 vol./h et le plus élevé
de 1,21 vol./h. De grandes différences peuvent
également être constatées dans le cas
des débits d'air extraits où les valeurs les
plus élevées peuvent représenter jusqu'à
cinq fois les plus basses. Cette différence
étant du même ordre que celle concernant
les taux de renouvellement d'air dans les
logements (de 1 à 6).
Observant les débits de ventilation dans le
cas des salles de classe et des salles de jeux,
on peut distinguer deux groupes de pays
ayant des valeurs similaires. Le premier
groupe a des débits de ventilation d'environ
35m³/h par personne. Il est constitué
par les pays suivants: Allemagne, Finlande,
Hongrie, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni
et Slovénie. Le deuxième groupe a des
débits de ventilation d'environ 15m³/h par
personne et est constitué de: la Bulgarie,
la France, la Grèce, l'Italie, la Lituanie, la
Pologne et la Roumanie. Les deux pays nordiques figurent dans le groupe ayant les
débits de ventilation les plus élevés, groupe
qui est principalement formé par des pays
du Nord et de l'Ouest de l'Europe. Aucun
pays du Sud de l'Europe ne figure dans ce
groupe. Les débits d'air introduits dans les
bureaux ne peuvent pas être si aisément
divisés en deux groupes parce que les
valeurs sont beaucoup plus dispersées.
Deux débits d'air se démarquent, ils concernent
l'Allemagne et la Hongrie, qui sont calculés
selon la norme NF EN 15251. Des
conclusions basées sur la situation géographique
ne sont donc pas possibles.
Comparaison des taux de ventilation dans le cas des logements
Comparaison des taux de ventilation dans le cas du jardin d'enfants et du bureau
Les polluants intérieurs
Les valeurs limites requises de polluants
sélectionnés sont présentées dans le
Tableau 4. Le tableau comprend également
les valeurs recommandées par l'OMS à titre
de comparaison. La comparaison de toutes
les valeurs est difficile parce que les limites
sont parfois données comme un maximum
alors que d'autres sont exprimées en
concentration moyenne sur un laps de
temps. Seulement 6 des 16 pays ont des exigences
sur les niveaux limites de polluants
à l'intérieur des bâtiments autres que des
bâtiments industriels. Les niveaux limites
de seulement deux polluants se trouvent
en commun dans la règlementation de ces
six pays: le monoxyde carbone et le formaldéhyde.
La plage des niveaux limites de
monoxyde de carbone est large, de 3 à
12,5 mg/m³. La limite recommandée par
l'OMS est de 7 ce qui implique que quatre
pays dépassent cette valeur. La plage des
niveaux limite du formaldéhyde varie de 10
à 100 μg/m³ et toutes les valeurs sont soient
égales ou inférieures à la valeur recommandée
par l'OMS qui est de 100 μg/m³. Les
règlementations de tous les pays ne prennent
pas en compte d'autres polluants bien
que leur nombre soit élevé.
Examen
L'étude repose sur une bonne couverture
géographique avec des pratiques de
construction et des climats différents du
fait de la situation très différente des seize
pays de l'Union européenne depuis lesquels
les données ont été recueillies. Bien
que les réponses aient été fournies par des
experts, des incertitudes pourraient exister quant à la précision des données fournies
dans les questionnaires. En raison de ressources
limitées, toutes les données n'ont
pas pu être vérifiées. Les données présentées
dans cet article le sont à titre d'information
et ne peuvent en aucun cas être utilisées
pour dimensionner une installation.
L'étude montre par l'expression des valeurs
retenues pour calculer les débits de ventilation
que les pays ont adopté des
approches différentes pour définir les
règles liées à la ventilation. Approximativement,
un tiers des pays ont des exigences
pour la ventilation des logements qui
conduisent à un taux de renouvellement
d'air inférieur à 0,5 vol./h. Ce qui est en
contradiction avec les recommandations
basées sur la santé qui préconisent un taux
de renouvellement minimum de 0,5 vol./h.
Les débits d'air utilisés pour les salles de
classe, les jardins d'enfants et les bureaux
sont aussi en contradiction avec les recommandations
basées sur la santé car les
débits d'air relevés sont souvent en dessous
de 35m³/h par personne. À ce sujet,
voir l'étude approfondie réalisée par Seppänen
et Sundell concernant la relation
entre les débits de ventilation, la concentration
en CO2 et les effets sur les personnes.
Les teneurs limites en polluants
sont souvent plus élevées que celles recommandées
par l'OMS et absentes des règlementations
de plusieurs pays. Les écarts
entre les limites sont importants ce qui
montre que les pays ne se servent pas de
bases théoriques connues pour déterminer
leurs valeurs. Des exigences minimales
concernant les teneurs en polluants dans
les bâtiments autres que les bâtiments
industriels devraient être introduites dans
les règlementations de tous les pays de
l'Union européenne.
Conclusion
L'examen de la règlementation des États
membres sur les débits de ventilation et la
qualité de l'air intérieur montre des valeurs
très variables entre elles selon les pays.
Presque tous les paramètres règlementaires
examinés dans l'étude sont déjà définis dans
les normes européennes et ont été acceptés
par les autorités nationales au travers de la
procédure de vote au CEN. Néanmoins, les
valeurs trouvées dans les normes et les
règlementations ne sont pas harmonisées.
Les différences au niveau des pays entre la
règlementation et les normes européennes
ainsi que les différences au niveau de l'Europe
entre les pays posent des problèmes
aux ingénieurs et aux industriels et augmentent
les coûts de la construction. Outre que
la pratique actuelle est en contradiction
avec les efforts d'unification et de normalisation
du marché commun, il est clair qu'une
directive européenne est nécessaire afin de
servir de base aux règlementations des États
membres. La directive devrait fixer des
débits de ventilation, des caractéristiques
techniques ainsi que d'autres paramètres
liés à l'efficacité de la ventilation.
Par le Comité de rédaction de L'AICVF (Association des Ingénieurs en Climatique, Ventilation et Froid).
Traduit du RHEVA European HVAC journal sous le titre « ventilation rates and IAQ in national regulations » écrit par Nejc Brelih junior project engineer in the Rehava office.
→ Sources et Liens