Par Philippe NUNES, Directeur Général XPAIR, en collaboration avec l’Agence Qualité Construction
Voici les points de vigilance pour maîtriser en rénovation les phénomènes de migration d’eau et d’humidité dans les murs et cloisons, afin d’éviter toutes pathologies et dégradations dans le temps.
C’est une synthèse du document de l’AQC, Agence Qualité Construction, que vous propose la rédaction d’Xpair « comment maîtriser la migration d’humidité dans les parois »
Ce guide s’adresse aux maitres d’œuvre en charge de rénovations énergétiques dans le bâtiment.
Explications et bons conseils sont à l’ordre du jour, alors bonne lecture !
Pour éviter les pathologies et dégradations en rénovation dues au transfert d’humidité
1°) Comprendre les phénomènes de diffusion de vapeur d’eau dans les parois
La condensation et les parois
Lors de la rénovation thermique d’un bâtiment, la composition et la nature des parois évoluent, l’étanchéité à l’air de l’enveloppe est améliorée.
Ces deux actions, bénéfiques du point de vue énergétique, modifient les transferts de vapeur d’eau dans les parois pouvant entraîner un risque de pathologies.
Dans ce contexte, la migration de la vapeur d’eau au travers des parois, si elle est mal maîtrisée, peut entraîner par une forte hygrométrie ou la présence d’eau liquide, des désordres au sein des parois ainsi qu’une dégradation de la qualité de l’air intérieur.
Les quantités d’humidité transportées par l’air dans le bâtiment sont remarquablement plus grandes que celles transportées à travers les matériaux.
C’est pourquoi il est important, lorsque l’on améliore l’étanchéité à l’air de l’ensemble des parois des bâtiments de prendre en compte le phénomène de condensation par transport de l’air humide.
Diffusion de vapeur d’eau au sein d’un matériau et d’une paroi
La résistance à la diffusion de vapeur d’eau d’une couche d’un matériau est caractérisée par le paramètre Sd.
Il est obtenu en multipliant l’épaisseur de la couche, notée et exprimée en mètre, par le coefficient μ du matériau qui la constitue.
Sd [m] = μ . e
Exemples
Sd (voile de béton, épaisseur 20cm) = 130 x 0,2 = 26 m
Sd (plaque de plâtre de 13 mm d’épaisseur) = 10 x 0,013 = 0,13 m
Le Sd correspond à l’épaisseur (en m) qu’aurait une couche d’air stationnaire ayant la même résistance à la diffusion de la vapeur.
Le Sd d’une paroi est égal à la somme des Sd des couches qui la composent.
PRINCIPE : Une règle générale consiste à positionner dans les parois, de l’intérieur vers l’extérieur, des matériaux de plus en plus ouverts à la vapeur d’eau (Sd décroissant) afin d’éviter les phénomènes de forte hygrométrie voire de condensation au cœur de la paroi.
Principe de résistance à la diffusion de vapeur d’eau au sein d’une paroi
2°) Rénovation : diagnostic de l’existant et conception
Lors d’une rénovation énergétique, il est important d’avoir une vue globale du bâtiment à rénover en le considérant comme un système de composants (enveloppe, équipements, usages...) qui interagissent les uns avec les autres.
Ceci permettra d’éviter que les travaux ne conduisent à des désordres éventuels non présents avant la réhabilitation du bâtiment.
Analyse des parois et Sd associés
Une analyse des parois et des éventuelles rénovations antérieures est indispensable afin de déterminer le comportement hydrique des parois existantes. Cette analyse détermine la solution d’isolation thermique appropriée à la paroi.
Les valeurs de μ (résistance à la migration de la vapeur d’eau) des différents matériaux sont fournies dans le guide technique «Transferts d’humidité à travers les parois» édité par le CSTB > lien ainsi que les normes européennes de produits ou les ETE (Évaluation Technique Européenne).
Etat des lieux par rapport à l’humidité
Il est important de déterminer l’origine précise des sources d’humidité observées dans le bâtiment : condensations, remontées capillaires, infiltrations latérales, fuites, micro-fuites, zones mal ventilées, ...
Cette analyse doit être basée sur :
- des observations précises du bâtiment, de son mode constructif, de ses équipements (ventilation, chauffage), de son exposition au climat, de l’étanchéité de sa toiture et notamment des points de traversée (souches, fenêtres de toit, ...) ;
- des observations de l’environnement extérieur, la nature du sol et du sous-sol.
L’objectif est de définir les travaux curatifs et de remise en état appropriés aux sources d’humidité rencontrées tenant compte du mode constructif du bâtiment.
Cas particulier des façades comportant des matériaux sensibles à l’humidité
(pierres tendres, torchis, terre crue, matériaux recouverts d’enduits à la chaux ou de terre crue,
colombage bois, ...). Dans ce cas, il sera important que le mur conserve son comportement hydrique après rénovation. La mise en place d’une lame d’air entre le mur et l’isolation peut être une solution.
Maintien du renouvellement d’air
Les travaux d’amélioration énergétique de l’enveloppe (parois opaques, menuiseries,...) font que l’étanchéité à l’air est grandement améliorée. Le renouvellement d’air qui se faisait par l’intermédiaire de ces fuites «naturelles», doit être reconstitué à l’aide d’une ventilation efficace.
Le flux de vapeur qui traverse une paroi est très faible par rapport à celui évacué par un système de ventilation. La diffusion de la vapeur d’eau à travers les parois ne peut pas servir à éliminer, à elle seule, l’humidité produite par l’activité intérieure d’un logement.
Cette humidité excédentaire doit être évacuée par une ventilation des locaux par les ouvrants et par une ventilation mécanique contrôlée.
Afin de garantir une bonne qualité sanitaire de l’air et éviter des pathologies liées à l’humidité, le remplacement des menuiseries impliquent soit :
- La vérification et/ou l’adaptation du système de ventilation et des transferts aérauliques existants ;
- L’installation d’un système de ventilation permanent et performant.
Pare-vapeur, en général systématiquement coté chaud !
Il n’est pas toujours possible de connaître la constitution précise des parois à rénover et les valeurs de S d des matériaux qui les constituent.
Dans ce cas, pour les murs, planchers de combles, ou rampants de couverture, la mise en œuvre systématique d’un pare-vapeur côté chaud (en général intérieur) permettra de rendre étanche à la vapeur d’eau le parement intérieur et d’éviter ainsi la condensation au cœur des parois.
Il faudra veiller à ne pas piéger la condensation dans les parois et lui permettre, si elle est présente, de s’évacuer au moins côté extérieur de celle-ci. Une fois que le renouvellement d’air est maîtrisé, il convient de réfléchir au traitement des parois verticales, horizontales et inclinées.
3°) Bonnes pratiques de conception : parois verticales
Lire la suite dans le Guide AQC pour maîtriser la migration d’humidité dans les parois en rénovation
4°) En résumé, en rénovation pour éviter les pathologies de migration de vapeur d’eau …
- Avant toute opération sur les façades, couvertures, toitures étanches, faire un diagnostic précis et exhaustif.
- Bien définir et choisir les matériaux en fonction de leurs comportements à la vapeur d’eau.
- Respecter l’ordre des Sd de l’intérieur (le plus élevé) vers l’extérieur (le moins élevé). Pour les toitures étanches, se référer au NF DTU 43.5.
- Mise en œuvre soigné des menuiseries, isolants et pare-vapeur
- Garantir un renouvellement d’air efficace.
- Entretenir : nettoyage de la VMC, réparation du pare-vapeur si endommagé, …
Téléchargez le Guide AQC pour maîtriser la migration d’humidité dans les parois en rénovation
Source et lien
Dans l'article, vous parlez de condensations internes "si, en un point de la paroi, cet air atteint le point de rosée". Ceci est totalement FAUX. La température de rosée est toujours atteinte dans la paroi, et il n'y a pas tout le temps condensation. La condensation dans la paroi se produit lorsque la pression partielle de vapeur d'eau est supérieure à la pression de saturation. Le phénomène est beaucoup plus complexe que ne le prétend votre article