Par l'équipe de l'OID
Très exposé aux aléas climatiques, comment le secteur de l’immobilier peut-il évoluer ces prochaines années à l’horizon 2050 ? Avec quelles solutions d’adaptation et de résilience et selon quelle empreinte carbone ?
Pour répondre à ces questions, l'OID explore l’exposition à quatre aléas climatiques (vague de chaleur/îlot de chaleur urbain, sécheresse/retrait-gonflement des argiles, inondation et submersion marine) du parc immobilier en France métropolitaine dans les scénarios Transition(s) 2050 de l’ADEME.
L’OID et l’ADEME vous présentent les résultats de l’étude : Les enjeux de l’adaptation au changement climatique du secteur immobilier dans les scénarios Transition(s) 2050 !
Téléchargez l’étude 21 pages « Adaptation du bâtiment dans Transition(s) 2050 »
Bâtiment résilient face à 4 aléas climatiques et neutralité carbone 2050
Cette étude explore l’exposition à quatre aléas climatiques (vague de chaleur/îlot de chaleur urbain, sécheresse/retrait-gonflement des argiles, inondation et submersion marine) du parc immobilier en France métropolitaine dans les scénarios Transition(s) 2050 de l’ADEME.
Adaptation du bâtiment dans Transition(s) 2050
Les risques climatiques sont tangibles, et ils s’accentueront d’ici à 2050, en surface de bâtiments impactés, mais aussi en intensité. Il existe déjà un panel de solutions d’adaptation pour atténuer la vulnérabilité du bâtiment au changement climatique. Leur étude, menée ici sous le prisme de leur empreinte carbone, a mis en évidence l’intérêt des solutions d’adaptation fondées sur la nature. Ces solutions sont incontournables pour atteindre la neutralité carbone à 2050.
Ces résultats appellent à anticiper dès maintenant l’impact du changement climatique sur le parc immobilier, et à adopter, autant que possible, des solutions d’adaptation du bâti qui contribuent à la neutralité carbone !
Transition(s) 2050 dessine quatre voies d’atteinte de la neutralité carbone pour la France à 2050, avec des philosophies (plus ou moins de sobriété, plus ou moins de recours à des technologies nouvelles…) et des choix pour le parc immobilier (localisation, volume, rénovation, modes constructifs…) différents.
Quelles conséquences en termes d’exposition au risque climatique ?
L'étude « Adaptation du bâtiment dans Transition(s) 2050 » contient :
- Une analyse prospective sur les risques climatiques auxquels seront exposés les bâtiments à l’horizon 2050 selon les 4 scénarios de l’ADEME et 2 scénarios de projection climatique ;
- Un panorama d’actions adaptatives envisageables ;
- Une estimation de l’empreinte carbone de l’adaptation des bâtiments au changement climatique à 2050.
Vagues de chaleur et îlots de chaleur urbains
Perturbations dangereuses et généralisées du changement climatique - étude OID / ADEME
L’exposition aux vagues de chaleur augmente d’ici à 2050 quel que soit le scénario climatique. Dans le scénario RCP 8.5, l’augmentation de la proportion surfaces exposées est bien plus importante, et ce, quel que soit le scénario Transition(s) 2050 considéré.
L’exposition dépend également des choix sur le volume et la localisation de la construction neuve. La quantité de surfaces exposées à un « risque très important » progresse de façon croissante du S1 au S4. De 61% à 65% du parc est exposé à un risque très important en 2050 dans un scénario RCP 8.5, contre 26% à 27% dans un scénario de respect des engagements climatiques (RCP4.5) (et 0% en 2020).
Zoom et rappel des scénarios RCP
Les experts du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) ont défini a priori quatre scénarios d’émission de gaz à effet de serre : les RCP pour Representative Concentration Pathway. Les scénarios RCP sont quatre scénarios de référence de l’évolution du climat sur la période 2006-2300. Leur sélection a été effectuée par les experts sur la base de 300 scénarios publiés dans la littérature. Le RCP 8.5, est le plus pessimiste. Les autres sont RCP6.0 – RCP4.5 – RCP 2.6.*
Sécheresses et retraits-gonflements des argiles
Sécheresse due au changement climatique– étude OID / ADEME
La proportion du parc concerné par le « risque très important » de sécheresses et retrait-gonflement des argiles varie beaucoup selon le scénario climatique choisi. Estimée à 11% en 2030, elle se situe à 16% (selon le scénario ADEME) en 2050 pour le scénario RCP 4.5, et monte à 47% dans le scénario RCP 8.5. Entre les scénarios Transition(s) 2050, la différence dans les niveaux de risque est imputable à des coefficients d’artificialisation différents.
Précipitations intenses et inondations
Précipitations intenses et inondations – étude OID / ADEME
Des épisodes pluvieux qui s’intensifient, associés à un usage des sols qui ne permet pas l’absorption dans la terre dont l’imperméabilisation, sont à l’origine d’inondations ayant des conséquences de plus en plus délétères.
Ces inondations peuvent se produire par débordement de d’eau, par remontée des nappes phréatiques ou par ruissèlement des pluies sur les surfaces imperméabilisées.
L’incursion d’eau dans les bâtiments cause de nombreux dommages : détérioration des isolants, enduits et revêtements, humidité et rétention d’eau, endommagement des réseaux électriques et des équipements intérieurs, fissuration voire effondrement des bâtiments et mise en flottaison pour certaines habitations légères.
Ces évènements peuvent porter atteinte à la sécurité des personnes. Les perturbations ou arrêts de l’utilisation du bâtiment peuvent engendrer un effet domino avec d’autres répercussions économiques et sociales.
Afin de calculer l’exposition à l’aléa climatique inondations, on considère d’une part l’indice climatique ‘fraction de précipitations intenses’ (PFL90), qui permet d’observer l’évolution précipitations intenses au cours du temps, et d’autre part, les zones sujettes à inondation par de nappes (disponibles sur Géorisques9). L’indice fraction de précipitations.
Montée du niveau de la mer et submersions marines
Montées du niveau des eaux – étude OID / ADEME
Les risques de submersions marines sont similaires dans les scénarios RCP 4.5 et 8.5. Cette absence de différenciation provient du fait de l’inertie du phénomène de montée du niveau de la mer à 2050. Dans ces deux scénarios, l’ensemble des surfaces des bâtiments à « risque passable » en 2020 devient à « risque très important » en 2050 (sans inclure les nouvelles zones à risques).
Conclusion : bâtiment résilient face à l’augmentation des risques climatiques à attendre d’ici 2050
Ainsi, les risques climatiques sont déjà tangibles, et ils s’accentueront d’ici à 2050, en surface de bâtiments impactés, mais aussi en intensité.
Les mesures d’adaptation qui peuvent être mises en place sont variables selon les scénarios, en fonction de leur propension à privilégier la sobriété ou la généralisation de l’utilisation de la technologie. De la même façon, l’impact carbone des actions d’adaptation peut varier grandement entre scénarios, et notamment en fonction d’un recours plus ou moins marqué à des solutions fondées sur la nature.
Dans S1 et S2, (S : Scénario) où ces solutions sont fortement développées, l’adaptation des bâtiments au changement climatique est neutre en carbone. En revanche, les stratégies d’adaptation dans S3 et S4, qui s’appuient sur le développement technologique et les capacités de la technologie à préserver les systèmes écologiques, sont fortement carbonés (digues…).
Les seules stratégies d’adaptation des bâtiments au changement climatique neutres en carbone sont donc celles qui s’appuient sur les solutions d’adaptation fondées sur la nature. Ces solutions restent ainsi incontournables pour atteindre la neutralité carbone à 2050.
Ces résultats appellent à anticiper dès maintenant l’impact du changement climatique sur le parc immobilier, et à adopter, autant que possible, des solutions d’adaptation du bâti qui contribuent à la neutralité carbone.
Quelles actions adaptatives pour le bâtiment et dans quel scénario ?
Changement climatique et adaptations des technologies vertes
Scénario 1 : Génération frugale. L’adaptation précoce et sobre
Philosophie du scénario :
Des transformations importantes dans les façons de se déplacer, de se chauffer, de s’alimenter, d'acheter et d'utiliser des équipements, permettent d'atteindre la neutralité carbone sans impliquer de technologies de captage et stockage de carbone, non éprouvées et incertaines à grande échelle. De nouvelles attentes des consommateurs, mais surtout de nouvelles pratiques s’expriment rapidement dans les modes de consommation. La croissance de la demande énergétique qui épuise les ressources et dégrade l’environnement s’interrompt, grâce à des innovations comportementales, organisationnelles et technologiques. La transition est conduite principalement grâce à la frugalité par la contrainte et par la sobriété.
Adaptation du bâti :
En termes de stratégie d’adaptation au changement climatique, ce scénario se base au maximum sur les sobriétés d’usage, les solutions fondées sur la nature, les low-tech ou les techniques de constructions traditionnelles (brasseurs d’air, végétalisation, logements traversants dans le neuf…).
L’anticipation du risque climatique est précoce et s’inscrit rapidement dans les politiques d’aménagement et de rénovation. Les actions d’adaptation aux retrait-gonflement des argiles sont mises en œuvre lors de rénovations : les actions majoritaires sont portées sur l’environnement des bâtiments pour éviter leur déstabilisation. La maîtrise d’ouvrage s’appuie le plus possible sur les fonctionnalités des sols et des écosystèmes pour prévenir les inondations ou les submersions marines, notamment via la renaturation de certaines zones qui assurent l’infiltration de l’eau.
Scénario 2 : Coopérations territoriales et adaptation des cohérences territoriales
Philosophie du scénario :
La société se transforme dans le cadre d’une gouvernance partagée et de coopérations territoriales. Organisations non gouvernementales, institutions publiques, secteur privé et société civile trouvent des voies de coopération pragmatique qui permettent de maintenir la cohésion sociale. Pour atteindre la neutralité carbone, la société mise sur une évolution progressive mais à un rythme soutenu du système économique vers une voie durable alliant sobriété et efficacité.
La consommation de biens devient mesurée et responsable, le partage se généralise.
Adaptation du bâti :
La stratégie d’adaptation s’appuie à la fois sur une anticipation collective des risques et la généralisation des solutions fondées sur la nature (désimperméabilisation, murs et toitures végétales, végétation pour limiter la puissance du vent aux abords du bâtiment, jardins de pluie, etc.). Les collectivités mettent en place des campagnes de sensibilisation pour l’amélioration du lien social et de la résilience collective. En plus de solutions fondées sur la nature communes au S1, des techniques bas-carbone et intégrant le risque à de plus grandes échelles peuvent être utilisées.
Scénario 3 : Technologies vertes et l’adaptation des solutions vertes
Philosophie du scénario :
C’est le développement technologique qui permet de répondre aux défis environnementaux plutôt que les changements de comportements vers plus de sobriété. Les métropoles se développent. Les technologies et le numérique, qui permettent l’efficacité énergétique ou matière, sont dans tous les secteurs. Les meilleures technologies sont déployées largement et accessibles de manière généralisée aux populations solvables.
Adaptation du bâti :
Pour ce scénario, la stratégie d’adaptation s’appuie davantage sur les technologies. Les programmes de déconstruction/ reconstruction permettent de privilégier le bioclimatisme (logements traversants, etc.), les technologies d’inspiration biomimétique (reconstruction de bâtiments inspirés de la nature…) ou les matériaux et fondations les plus adaptés. Des solutions matérielles comme des batardeaux sont également mises en place.
Scénario 4 : Pari réparateur et l’adaptation du pari technique
Philosophie du scénario :
Les modes de vie du début du XXIe siècle sont sauvegardés.
Mais le foisonnement de biens consomme beaucoup d’énergie et de matières avec des impacts potentiellement forts sur l’environnement. La société place sa confiance dans la capacité à gérer voire à réparer les systèmes sociaux et écologiques avec plus de ressources matérielles et financières pour conserver un monde vivable. Cet appui exclusif sur les technologies est un pari dans la mesure où certaines d’entre elles ne sont pas matures.
Adaptation du bâti :
La stratégie d’adaptation repose sur une très forte technicisation (mode constructif adapté à la chaleur comme les matériaux à changement de phase, climatisation…). Une anticipation tardive de la gestion du risque pousse les acteurs à mettre en place des solutions palliatives fondées sur des technologies industrielles et des matériaux innovants (bétons renforcés, agents réparants). Pour faire face aux risques d’inondations et de submersions, des barrières structurelles et digues sont installées. De nouveaux espaces comme des îles artificielles sont expérimentés.
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A propos …
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