La lettre hebdomadaire n'ayant pas été conçue pour répondre à toutes les demandes, nous sommes de plus en plus souvent débordés, car interrogés sur des problèmes sortant franchement du cadre de cette lettre. Dans certains cas se sont de véritables "appels à l'aide" que nous recevons. Face à cette déferlante nous avons dû, évidement, nous poser la question de savoir comment il faudrait fournir les "aides" demandées. Ce qui impliquait d'abord un examen critique des outils actuellement disponibles. C'est, à priori, d'autant plus difficile que le métier ne semble plus connaître de limites, et semble s'élargir sans fin …
De quel élargissement voulez-vous parler ?
Le génie climatique et le génie énergétique connaissent actuellement - bien que ce soit souvent un peu inconscient - une très forte crise de croissance. Ce ne sont plus seulement l'ingénierie et les installateurs qui sont directement concernés, ce sont également des intervenants multiples, inconnus jusqu'ici dans nos métiers. Il peut s'agir de spécialistes de la construction dont l'intérêt pour l'isolation et la conception thermique des bâtiments s'est manifestement accru. Il peut s'agir des diagnostiqueurs et autres certificateurs auxquels le recours est obligatoire dans l'existant ou dans le neuf. Il peut s'agir de négociateurs de gaz, d'électricité ou de fioul. Plus ce qui semble être le début d'un problème de génération : de jeunes et nouveaux intervenants désirant acquérir les informations de base tout en souhaitant que cette acquisition soit aussi rapide et facile que possible. C'est à tous que l'aide doit être apportée, mais il faut manifestement élargir les points de vue. A mon sens ce n'est pas impossible.
Vous semblez finalement bien optimiste
En bousculant les limites car - comme je l'ai déjà indiqué dans cette lettre - le recours à la seule maîtrise de l'énergie ne suffira pas à régler le problème du réchauffement climatique. Mais aussi et surtout parce qu'il faut lutter contre un "vice" qui tend à s'instituer : celui du recours beaucoup trop aveugle et surtout exclusif aux décisions publiques, gouvernementales ou assimilables. L'aide ne peut se limiter à commenter les règlements ou les normes, elle doit surtout permettre à chacun d'opérer dans les meilleures conditions possibles. En s'adaptant d'abord étroitement au problème posé, mais en s'adaptant également aux soucis actuels.
Peut-on avoir un peu plus d'explications ?
J'ai souvent souligné la confusion entre "maîtrise de l'énergie" et "maîtrise de l'effet de serre", et ce en insistant sur l'insuffisance des mesures actuelles ou envisagées. Sans vouloir aborder ce problème des remèdes disons qu'il faudra souvent corriger des objectifs un peu trop simplistes. Pour ce faire, et pour m'exprimer brièvement, disons qu'il faudra impérativement passer du "zéro énergie" au "zéro carbone". Sans sombrer, bien entendu, dans le formel pur et simple.
Que voulez-vous dire par "formel" ?
Qu'il faut à tous prix éviter la confusion entre "respect des décisions publiques" et progrès de terrain. Contrairement à ce qu'on pourrait croire cette confusion n'est d'ailleurs pas une spécificité française, mais elle doit être soigneusement évitée. Les solutions pratiques que l'on peut alors proposer répondent d'ailleurs aux souhaits exprimés par certains lecteurs, qui ne veulent pas rester passifs face aux défis actuels. Ce sont finalement ces souhaits, en évitant les dérives, qu'il faut satisfaire.
Comment répondre à ces souhaits ?
Plusieurs fois dans le passé cette lettre a indiqué à quel point la situation évoluait, les "appels à l'aide" de nos lecteurs semblant d'ailleurs se multiplier à cause de cette évolutivité. Comme nous le verrons dans les lettres qui suivent une solution s'impose, mais il faudra d'abord voir comment et pourquoi les outils mis actuellement à notre disposition ne sont plus, probablement, adaptés aux situations d'aujourd'hui.