L’équipe de rédaction voudrait saluer le communiqué du Plan Bâtiment Durable et les propos de son Président, Philippe PELLETIER. Ce nouveau message réfléchit à l’impact que la crise actuelle du Covid-19 pourrait induire sur l’acte de construire ou de rénover prochainement. Il en va sans aucun doute que l’individu, sa santé en premier lieu et son bien-être sont plus que jamais au centre de nos prochains défis à commencer par le minimum que nous imposera la réglementation RE 2020 pour le neuf mais aussi pour la rénovation énergétique et environnementale des bâtiments.
Et Philippe PELLETIER, Président Plan Bâtiment Durable, de commenter …
Par un premier message en date du 3 avril 2020, je vous invitais, vous les acteurs et partenaires si divers du Plan Bâtiment Durable, à profiter de ce temps de confinement pour relire nos actions d’hier et vous préparer à une réflexion collective sur les ajustements qui s’imposeront au sortir de la crise.
Je veux, par ce nouveau message, vous faire partager l’inflexion majeure que je pressens, sans mesurer déjà les changements qu’elle peut concrètement susciter : il s’agit du poids nouveau que la santé va prendre dans nos choix et actions touchant à l’immobilier et au bâtiment.
Depuis quelques semaines, la santé est évidemment au cœur de nos préoccupations et nos inquiétudes : se protéger, mettre à l’abri autrui, prendre soin des plus fragiles, réconforter, soigner les malades, ... Autant d’actions qui interrogent nos modes de vie, notre alimentation, notre hygiène, notre relation à la nature et à l’environnement. Au centre de cela, notre logement aura été le lieu permanent de notre vie confinée durant de longues semaines, révélant qualités et défauts de notre habitat et marquant une fois de plus nos profondes inégalités sociales.
De cette épreuve collective, nous sortirons différents, davantage aptes à changer des habitudes d’habitat, à engager des actions correctrices de l’état de nos bâtiments, comme à aménager des espaces de vie de nature à favoriser la santé et le bien-être des occupants.
Cette inflexion que j’imagine peut-être massive, il est trop tôt pour le dire, mais, sans attendre, on doit s’y préparer et réfléchir ensemble aux évolutions qui pourraient en découler.
J’en repère déjà au moins quatre :
1°) Approche
Les sachants expliquent tous l’interaction très profonde qui lie l’environnement et la santé : les risques de cataclysmes et d’épidémies sont accrus parce que nous avons renoncé depuis trop longtemps à préserver la nature, à respecter les espèces animales, à prendre soin du vivant, à cultiver la biodiversité. Cette situation appelle un ressaisissement collectif : il nous faut cesser de raisonner à l’échelle du bâti et le faire davantage au regard de l’espace urbain alentour, en développant une attention plus vive à préserver la biodiversité ; il en va de notre santé ;
2°) Stratégie
De façon générale, la prise en compte de la santé et du bien-être induira le plus souvent un changement de stratégie : au lieu de raisonner en termes macroéconomiques, de penser qu’il suffit que l’offre de locaux stéréotypés convienne au plus grand nombre, d’oublier parfois la richesse que représente la diversité des territoires, des cultures et des climats, bref de s’inscrire dans une stratégie de l’offre qui, par le passé, a montré sa pertinence, il va falloir engager une rupture de pensée et d’action : partir de la personne et non du bâti, écouter la demande diversifiée des occupants, en somme engager une stratégie de la demande, attentive par priorité à la qualité de vie des habitants ;
3°) Construction
Il va aussi falloir que la dimension sanitaire prenne une place accrue dans la façon avec laquelle nous produirons demain des constructions neuves : que ce soit dans la future réglementation environnementale ou dans la foulée de celle-ci, il est nécessaire que nous soyons rigoureux sur le confort d’été, la qualité de l’air intérieur, etc. Le label d’accompagnement de la Règlementation Environnementale, sur lequel nous commençons à travailler, pourrait sans doute ouvrir la voie à cette majoration accordée aux questions de santé ;
4°) Rénovation
Et puis, la prise en compte du paramètre : santé et bien-être doit nous conforter dans le choix que nous avons ensemble porté d’inciter à la rénovation énergétique et environnementale des logements en actionnant ce paramètre comme un levier de la décision : il reste beaucoup à faire pour convaincre, il faut renforcer l’information et l’accompagnement des ménages, mais on peut espérer que notre société, si inquiète actuellement de son état de santé, sera sensible à cette approche.
En somme, dès que nous pourrons échanger à nouveau tous ensemble, nous devrons vérifier si l’inflexion sanitaire que je prévois paraît plausible et, dans l’affirmative, sérier les changements qu’il nous faudra conduire collectivement.
Dans l’immédiat, continuez à rester sagement confinés et prenez soin des fragilités qui vous entourent.
Philippe Pelletier, Président Plan Bâtiment Durable
Philippe Pelletier, Président Plan Bâtiment Durable
Avocat de profession, Philippe Pelletier est l’auteur de nombreux rapports publics relatifs à la question du logement et de l’urbanisme. Il a été président de l’UNPI, puis de l’ANAH, avant d’être nommé en 2009 président du Plan Bâtiment Durable. Fin 2017, le ministre de la Transition Écologique et Solidaire l’a conforté dans ses fonctions et a amplifié le rôle du Plan Bâtiment. Membre du CSCEE, Philippe Pelletier est président de la branche française de la RICS ; il est président de Seqens Solidarités, une entreprise sociale de l’habitat du groupe Action Logement.