Plus de 130 professionnels de la filière se sont rassemblés le 20 octobre dernier à la Cité des congrès de Nantes, afin de partager leur vision sur le devenir de la chaleur solaire en France.
Les premières avancées du Plan de filière 2015-2017 ont été présentées. L’initiative SOCOL pour la chaleur solaire collective performante et durable a été unanimement saluée comme un succès de la branche, tant pour la qualité des outils mis à disposition que pour la dynamique interprofessionnelle à l’oeuvre.
Le marché du solaire thermique collectif qui progressait régulièrement jusqu’en 2013 régresse, plusieurs éléments sont intervenus. Depuis près de trois ans dans le neuf, la filière souffre d’une distorsion de valorisation du STColl dans la RT2012. Aussi, la poursuite de l’autorisation à surconsommer jusqu’en 2017 dans le résidentiel collectif neuf (57,5 kWhep.m²/an au lieu de 50) pénalise le marché. Dans l’existant en rénovation, c’est la baisse du prix des énergies fossiles depuis 2 ans qui freine le marché (habitat collectif, hôtellerie et les nouveaux segments de l’industrie et de l’agricole). Toutefois les fondamentaux de la chaleur solaire collective demeurent bons : énergie propre, gratuite, locale et inépuisable avec un coût d’exploitation prévisible et compétitif sur 20 ans (de 80 et 100 €/MWh stockage inclus en collectif, avant aide). On peut compter sur le soutien du fonds chaleur de l’ADEME et la créativité des professionnels pour retrouver la croissance. Ainsi, les innovations techniques (capteurs, hybridation, solaire connecté) et les nouvelles applications (industrie de process, réseaux de chaleur) développées en France recèlent un fort potentiel de développement du marché.
Au niveau du résidentiel, si la filière compte sur l’étiquette énergie pour valoriser l’excellent positionnement des systèmes solaires en terme d’efficacité, elle attend également beaucoup d’initiatives pour faciliter la mise en marché des systèmes compacts lors du renouvellement de chaudière. Il est par ailleurs indispensable qu’un encadrement équitable du crédit d’impôt soit mis en place pour toutes les ENR, car le solaire thermique reste la seule filière à avoir un plafond de dépenses éligibles défini par arrêté.
Tout le monde s’accorde pour constater que la valorisation des calories solaires est indispensable pour réussir la transition énergétique, comme le montre la forte ambition des pouvoirs publics pour le solaire thermique au travers la PPE (prévision ADEME de 1000 kTep en 2030 pour une production actuelle d’environ 100 kTep, soit une croissance d’un facteur 10 en 15 ans).
Les intervenants de ces états généraux ont rappelé que la consommation énergétique globale des pays développés comme la France est constituée à 50% de chaleur. Le meilleur moyen de réduire nos gaz à effet de serre est d’utiliser directement le solaire pour fournir cette chaleur (ECS, chauffage, applications industrielles).
Reste à prendre le bon chemin. Une part de la solution pour relancer un marché à fort potentiel viendra des territoires, au niveau des Régions et des collectivités locales. Elles ont un intérêt stratégique à substituer de l’énergie importée par des calories solaires locales. Ces solutions solaires « décentralisées » sont par ailleurs créatrices d’emplois locaux durables. Les initiatives devraient se multiplier, à l’instar de celles de Valence-Romans (26) avec le plan local de l’agglomération dédié à la chaleur solaire, ou de Châteaubriant (44) et son projet de réseau de chaleur solaire.