Le Syndicat des Automatismes du génie Climatique et de la Régulation pour l’Efficacité Energétique des Bâtiments, l’ACR, nous livre ce jeudi 27 mars 2019, un point complet sur l’évaluation du marché de la régulation et de la GTB en 2018 ainsi que les perspectives du marché en 2019. Avec au sommaire :
Des solutions GTB plébiscitées à développer sous expertise
1. Évaluation du marché 2018 et perspectives 2019 : « Un marché en croissance recentré sur la gestion efficace de l’énergie »
2. IoT, Smart World, ENR : les référentiels de la régulation et GTB comme base
3. Directive européenne 2018/844 : La régulation et GTB (« Building Automation and Controls Systems - BACS ») au service de la performance énergétique des bâtiments
Evolution du marché 2018 et 2019 régulation et gestion technique du bâtiment
Les évolutions du marché en 2018
L’année 2018 a connu un rythme de croissance satisfaisant pour les industriels de la régulation et de la GTB. Généralement, une tendance se dégage à partir de 12 à 24 mois après les mises en chantier. Les industriels bénéficient ainsi de la reprise de l’activité du secteur du bâtiment des années précédentes.
Par ailleurs, les solutions de régulation et de GTB développées par l’industrie ont toujours la confiance des maîtres d’ouvrages. En effet ces solutions offrent une gestion efficace de l’énergie à coûts maîtrisés dans le tertiaire, mais aussi dans le résidentiel collectif et individuel.
Pour autant, le ralentissement attendu de l’activité en 2019 et l’incertitude sur les évolutions en cours des dispositifs réglementaires (RE 2020, DPE, Décret tertiaire, etc.) seront à suivre attentivement pour ne pas atténuer l’espoir d’un retour durable à la croissance.
Présentation des résultats 2018
La régulation
Avec 197,8 millions d’euros, le marché de la régulation retrouve un rythme de croissance (1 %) en 2018. Néanmoins, les bons résultats du début d’année 2018 sont atténués par le ralentissement de l’activité en fin d’année.
1.1 Chauffage à eau chaude
Les produits et systèmes de régulation optimisent la performance énergétique des installations hydrauliques de chauffage et eau chaude sanitaire tout au long du processus de diffusion de l’énergie : génération, stockage, distribution et émission.
Pour promouvoir cette approche, le Syndicat ACR fut à l’origine de la publication en 2018 du « Guide de l’intelligence hydraulique ». Cet ouvrage a été réalisé par le COSTIC avec le soutien de la filière du chauffage à eau chaude réunie au sein de l’association Énergies et Avenir. Près d’un an après sa publication, le guide a été largement diffusé, en particulier chez les bureaux d’études et contribue à diffuser les bonnes pratiques en matière d’optimisation des installations hydrauliques. Le Syndicat ACR, associé à la filière, poursuivra le travail de promotion de ce guide en 2019 pour atteindre ses objectifs de développement.
En effet, les solutions d’équilibrage à forte valeur ajoutée comme les vannes ou robinets autoéquilibrants sont aujourd’hui mieux connues et maintiennent un bon rythme de progression en 2018 (13 %). Pour autant, ces solutions n’intègrent pas encore assez le marché de la rénovation alors qu’elles s’imposent dans le neuf comme solutions technologiques innovantes à moindres coûts pour le confort et les économies d’énergie.
Le marché des robinets thermostatiques connaît cette année une légère baisse (-2 %). Il est de plus en plus concurrencé par les robinets autonomes et communicants en très forte progression (+50 %), même si ces dernières catégories représentent encore une partie mineure du marché (10 %).
Le parc de logements à équiper en France est estimé à 5 millions. Pourtant la part de logements déjà équipés est encore faible, notamment en raison des contraintes liées aux difficultés du « passage à l’acte de rénover », en particulier dans le secteur du logement collectif. Toutefois, les aménagements récents de la loi ELAN qui préconisent dans le collectif centralisé « une installation de chauffage (et de refroidissement) permettant de déterminer et réguler la quantité de chaud (et froid) fournie à chaque local occupé à titre privatif » sont de nature à dynamiser ce marché.
Concernant les thermostats d’ambiance, les technologies mécaniques disparaissent au profit des technologies électroniques, encore majoritairement filaires. Mais les modèles sans fil avec fonctions avancées (régulation PID, autoapprentissage, détection de présence) comme les thermostats connectés poursuivent leur très forte progression (+38 %).
Sur le marché des Modules Thermiques d’Appartement (MTA), la croissance est toujours forte (+13 %), mais en léger retrait par rapport à 2017. Cette technologie innovante reste peu compétitive, notamment en raison des faibles volumes de vente. Pourtant, les MTA permettent de faire entrer les énergies renouvelables dans le logement lorsque les réseaux de chaleur sont compatibles (chaudière biomasse). D’autre part, les MTA constituent une solution pertinente pour répondre à la réglementation sur la répartition des frais de chauffage individuel. Ils constituent donc toujours une vraie alternative aux chaudières à gaz individuelles.
1.2 Ventilation et climatisation
Les régulateurs communicants pour terminaux progressent encore largement cette année (+20 %). Sur ce marché, les solutions propriétaires disparaissent petit à petit (-2,8 %) et ceux qui embarquent des protocoles standardisés ouverts sont plébiscités, en particulier BACnet (+90 %).
Les deux piliers des protocoles standardisés du bâtiment sont « l’évolution par conception » et la « compatibilité ascendante ». Ils assurent la pérennité des investissements en intégrant les innovations et répondent ainsi parfaitement au marché de la rénovation énergétique. De plus, grâce à leurs fonctions standardisées multimétiers et leurs interopérabilités, les protocoles comme BACnet et KNX répondent de manière coordonnée et à l’échelle internationale à la demande de mutualisation des réseaux dans le bâtiment et le développement des WEB services. Nous noterons d’ailleurs que les régulateurs non communicants et les thermostats « tout ou rien » pour les terminaux continuent de chuter.
Sur la famille des moteurs de registre pour la climatisation aéraulique, les moteurs modulants confirment leur bonne santé (+10 %).
Globalement, les solutions « intelligentes » et à forte valeur ajoutée s’imposent comme moyens efficaces et à coûts maîtrisés pour répondre à l’approche globale de la performance énergétique des bâtiments. Ces technologies seront bientôt la norme comme en démontre la définition des BACS adoptée par la nouvelle Directive Européenne 2018/844. Cette directive modifie la Directive Performance Énergétique des Bâtiments et d’ici 2025 l’ensemble des installations de chauffage et de refroidissement cumulant une puissance supérieure à 290 KW devront la suivre.
La gestion technique des bâtiments
Avec 3 % en 2018, le marché de la Gestion Technique du Bâtiment (GTB) accélère son rythme de croissance par rapport à l’année précédente et s’établit désormais à 75,4 millions d’euros.
Les régulateurs « intelligents » poursuivent leur très forte progression avec 20 % en 2018. Ils permettent de gérer un grand nombre de matériels (capteurs/actionneurs) pour plusieurs applications (régulateurs multimétiers). Les modèles communicants sont désormais standards et les solutions non communicantes sont marginales.
Les unités de traitement local à forte capacité reculent légèrement (-5 %) au profit des modèles intermédiaires (30 à 99 points) qui progressent de 10 %. Cela confirme la décentralisation de l’intelligence pour la gestion de l’énergie, mais aussi une demande toujours forte pour des systèmes intelligents avec indicateurs multiples de gestion, ainsi que le développement des services WEB qui doivent s’appuyer sur une infrastructure de communication cohérente. Ainsi, les licences multipostes et multitechniques sont en très forte progression avec presque 80 % de croissance en 2018.
Globalement, la croissance du marché de la GTB se confirme, notamment grâce à la forte demande d’optimisation de la gestion de l’énergie, mais aussi avec le développement de nouveaux services. Les offres issues des nouveaux arrivants n’intriguent le marché qu’à la marge. Même s’ils sont très audibles notamment dans les sphères politiques, l’absence d’offres réellement standardisées ou encore avec impact réel sur l’indicateur énergie, font souvent peser un risque trop lourd de contre-performances dont le marché se détourne.
Les services associés à la régulation et à la GTB
Le marché des services atteint désormais 61.1 millions d’euros (+1,3 % en 2018).
Les pompes à chaleur, les systèmes hybrides (chaudière couplée à une PAC) ou autres systèmes complexes qui utilisent et génèrent différentes sources d’énergie nécessitent un effort particulier de mise en service et de maintenance. Ils tirent le marché vers le haut depuis une dizaine d’années.
Mais le rythme de croissance annuelle reste modeste en 2018 au regard des bénéfices que peuvent apporter les compétences et expériences des constructeurs. Grâce à leur approche globale, ils restent ainsi les plus compétents pour optimiser les installations en commissioning et rétro-commissioning pour la gestion de l’énergie, ainsi que pour le développement sûr et efficace des services WEB en complément.
Pour ces raisons, le Syndicat ACR est favorable au renforcement des dispositifs de contrôle de mise en service des installations.
Résultat global 2018
Même si la croissance reste modeste de 1,6 % en 2018, le marché de la régulation et GTB confirme sa relative bonne santé. Le marché global est désormais évalué à 334 millions d’euros.
L’ensemble des acteurs du marché demande des solutions sûres et efficaces de gestion pour atteindre les objectifs de réduction de la consommation énergétique dans le secteur du bâtiment.
La pression issue des nouveaux arrivants maintient un niveau de concurrence fort qui réduit les marges, mais oblige les acteurs traditionnels à conserver et développer une offre à haute valeur ajoutée. C’est ce que font les membres du Syndicat ACR, indépendamment du type d’énergie et quel que soit le type de bâtiment.
Synthèse
Les industriels de la régulation et GTB sont mobilisés pour répondre aux défis de transition énergétique. Ils offrent des produits, solutions et systèmes adaptés à tout type de bâtiment, qui permettent une gestion optimale et durable de l’énergie.
Pour ce faire, l’industrie s’appuie largement sur les technologies dites numériques depuis maintenant plus de 20 ans. Ainsi, des efforts de recherche et développement considérables sont apportés chaque année pour accompagner l’innovation. Ces recherches s’appuient le plus souvent sur la standardisation, outil indispensable pour le déploiement massif des solutions les plus efficaces. L’industrie de la régulation et GTB consent à un investissement permanent mais indispensable sur le long terme grâce l’élaboration de référentiels techniques de haute qualité et en les faisant évoluer régulièrement. Ces investissements ont pour but de répondre aux besoins des usagers des bâtiments et ceux des pouvoirs publics en matière de confort, santé, réduction des consommations, connectivité, etc.
C’est pourquoi le marché de la régulation et GTB est en relative bonne santé et que les offres à haute valeur ajoutée des adhérents du syndicat ACR sont aujourd’hui plébiscitées, notamment au niveau européen au travers des nouvelles exigences de la Directive 2018/844.
Dans ce contexte, les bons résultats des acteurs historiques et traditionnels de la régulation et GTB réunis au sein du Syndicat ACR sont atténués par la concurrence de nouveaux acteurs qui accentue la pression sur les prix. Les difficultés de ces derniers à offrir des solutions pérennes, facilement duplicables et interopérables font peser un grave risque de contre-performance. Ceci peut impacter tout le marché et le syndicat ACR appelle à nouveau à la plus grande vigilance.
Perspectives 2019
Le marché de la régulation et GTB devrait progresser à un rythme encore supérieur en 2019 grâce à une demande toujours plus forte pour les solutions à haute valeur ajoutée afin de maximiser le confort et la santé tout en minimisant la consommation énergétique.
Toutefois, l’évolution du marché restera contrainte par les choix faits lors de l’élaboration des nombreux dispositifs réglementaires en cours cette année en France : fiabilisation du Diagnostic Performance Énergétique, finalisation du « Décret Tertiaire » (obligations d’économies d’énergie dans le secteur tertiaire), ou encore anticipation de la future réglementation environnementale des bâtiments (RE 2020).
Dans ce contexte, le syndicat ACR poursuivra la stratégie d’alignement des référentiels techniques pour harmoniser les pratiques nationales sur le plan européen (et international) et limiter les coûts de mises en œuvre dans les pays.
Lectures recommandées …
→ Publication de la Directive Européenne pour la performance énergétique des bâtiments et
l’efficacité énergétique : Téléchargez le document ACR de 3 pages
→ L’intelligence hydraulique : Guide pratique pour des installations performantes : Téléchargez le document 95 pages
→ Présentation de la conférence de presse du 27/3/19 de l’ACR : Téléchargez le document de 32 pages
→ Les actualités sont à suivre sur les sites www.acr-regulation.com et/ou www.eubaccert.eu
SOURCE
Le Syndicat ACR
Comité de direction
→ Président M. Jean Daniel NAPAR (Siemens)
→ Vice-présidents M. Philippe BURDIN (Trend) et M. Roland MESKEL (Caleffi)
→ Trésorier M. Eric FAUCONNIER (Danfoss)
→ Délégué Général M. Florent TROCHU
Les adhérents