Par Alain MAUGARD, président de QUALIBAT le 04 Juillet 2019
1 - Du bâtiment à la ville responsable
Les comportements de vie responsables se développent au-delà du bâtiment lui-même, qui n’est jamais isolé. Ce sont toujours les zones collectives, en l’occurrence la ville et les territoires qui permettent l’accomplissement des modes de vie responsables. Lorsque nous observons, ce que nous consommons en termes de carbone dans nos modes de vie, cela se situe principalement au cœur-même de notre habitat et de notre lieu de travail et des déplacements associés. Ensuite, vient la consommation à l’échelle du quartier où je vie avec ses commerces et services de proximité. Puis à l’échelle de la ville pour atteindre et ce d’autant plus que la ville est importante, d’autres infrastructures, hôpital, cinéma, stade, …, et autres lieux de vies sociales et de consommations. Le territoire et la ville concentrent donc principalement nos modes de vie responsables.
L’alimentation, avec l’appellation qui se développe « le locavore », s’associe pleinement à la notion étendue du territoire. Locavore ça veut dire que je mange local et frais, des produits locaux et de saison. C’est un retour aux formes d’autonomie en privilégiant les circuits courts ; sorte de réponse à l’excès de mondialisation ; et ce spécifiquement à l’échelle du territoire. L’économie circulaire, recyclage des produits, actions locales, …, sont des notions bien marquées et liées à la notion même de territoire.
La mobilité également au sein du territoire est majeure car c’est dans cet espace que nous passons le plus clair de notre temps. Avec l’accélération et le développement des transports propres, c’est notre liberté de se déplacer d’une manière responsable qui est préservée au sein du territoire et de la ville.
2 - Vers une société bas carbone, à plusieurs !
Les territoires et surtout les villes sont de tailles et de densités différentes, il est intéressant de s’intéresser au métabolisme particulier de chaque ville. La ville de Paris intramuros vient de commander une étude de très grande qualité sur le « zéro carbone Paris ». La question posée était de savoir comment Paris pouvait être une ville zéro carbone, produisant un bilan sans aucun effet de serre. Malheureusement, l’étude ne s’intéressait qu’aux 2 millions d’habitants de Paris intramuros et non pas à toute sa périphérie dense qui compte quelques 8 millions, voire 10 à 12 millions en comptant la banlieue plus lointaine. Néanmoins le résultat est très intéressant car l’étude a démontré que la densité de Paris intramuros, ne permettait en aucun cas, avec les hypothèses les plus optimistes sur les transports, les modes d’alimentation, etc., …, d’arriver à un bilan zéro carbone. Sauf à disposer d’un grand nombre d’hectares de puits de carbone ailleurs. C’est-à-dire que Paris doit consommer, si l’on peut s’exprimer ainsi, du territoire ailleurs en considérant que ces territoires voisins à moindre densité, puissent accepter d’être des « puits carbones ». Quelle destinée pour Paris et quelle prise de conscience importante au sein du territoire !
Alors la question qui se pose est la suivante, et si l’étude avait porté sur une autre ville, par exemple une ville de 50 000 habitants, est-ce que la conclusion serait la même ? Est-ce qu’un habitant qui habite une ville de 50 000 habitants, comparé à un habitant qui habite intramuros Paris, va aller consommer en dehors de sa ville plus d’hectare carbone ? Qui en consomme le plus ?
En dehors de Paris, cette étude n’a pas été encore réalisée pour d’autres villes métropoles régionales, villes moyennes (chef-lieu du département) ou même pour des plus petites villes. Il se dessine ainsi des formes urbaines différentes plus ou moins performantes, des armatures urbaines qui sont plus optimales par rapport à la question zéro carbone et vraisemblablement nous pourrons découvrir que « l’optimal » se situe plutôt dans des villes moyennes.
Faut-il alors bannir les grandes métropoles pour autant ? Non car elles présentent des atouts et caractéristiques uniques. Il faut juste imaginer des seuils et objectifs réalisables, différents et partageables. D’un côté, des territoires plus émetteurs de carbone, mais plus dynamiques avec plus d’élan et de potentialités économiques tels que le grand Paris, le grand Lyon, le grand Toulouse, etc ...
Et de l’autre côté, des territoires appelés insjustement à l’abandon, mais dotés de potentialités plus fortes de modes de vie décarbonés. C’est sans doute là qu’il y a, pour le futur proche, les gisements les plus intéressants pour des modes de vie responsables. C’est une étude pleine de promesses et de potentialités pour les territoires, qui pourrait être menée par le Ministère de la cohésion des territoires !
En quelque sorte, la dimension carbone de la cohésion des territoires.Alain Maugard
« Le Bâtiment Responsable - Le Bâtiment Augmenté » - Regards d'Alain Maugard -
Mars 2018
A PARAITRE en Mars 2018 l’EBOOK Gratuit !
Cher lecteur d’Xpair,
Prochainement à la fin du mois de Mars 2018, Alain Maugard fera paraître le Tome II « Du Bepos au Bâtiment Responsable 2020/2030 » suite de son Tome I « Le Bepos pour tous » publié en 2015.
Dans ce nouvel ouvrage électronique qui sera également distribué en libre distribution, il développera la notion de BEPOS, dont il est à l’origine, pour nous amener à réfléchir et à agir sans tarder sur le bâtiment responsable, c'est-à-dire conçu par des individus responsables et pour des individus responsables.
A très bientôt donc !