On admettait jusqu’à présent qu’1 °C de plus sur la consigne de température se traduisait par 7 % de consommation énergétique en plus. Avec les bâtiments BBC, l’écart augmente. Un travail réalisé au Costic montre qu’il n’existe plus de ratio fixe.
Une température de consigne supérieure d’1 °C et la consommation énergétique s’envole de 7 %. Et la facture avec. Qui n’a pas entendu ce ratio rabâché. Bien commode pour fixer un ordre de grandeur et souligner l’incidence du comportement des utilisateurs, ce chiffre avait pratiquement pris un caractère officiel.
À l’origine, il vient d’une évaluation très simple pour les maisons individuelles, basée sur la formule de calcul de la consommation énergétique d’une maison à partir de ses déperditions. On a calculé l’incidence d’une augmentation de la différence de température entre consigne et température extérieure de 1 °C.
Cet ordre de grandeur n’avait jusque-là pas été remis en question. Il semblait suffisamment correct pour la moyenne du parc existant français…
Un ratio désormais variable
Mais il se trouve que plusieurs études réalisées sur des maisons de type BBC ou même passives laissent supposer que dans des bâtiments caractérisés par de faibles déperditions, dont le bâti est bien isolé et donc très performant, ce fameux ratio serait sous-évalué.
Dans les nouveaux bâtiments, l’incidence de l’augmentation de la température de consigne de 1 °C serait de l’ordre de 15 à 20 %, voire davantage. Le Comité scientifique et technique des industries climatiques (Costic) a confié à Thiébaut Parent, élève-ingénieur, un travail visant à préciser ces notions, en évaluant par simulation numérique dans une première approche l’évolution de ce ratio avec les nouveaux modes de construction.
Elle confirme dans un premier temps que le niveau de performance du bâti accentue les écarts de consommation relative jusqu’à présent admis.
Dans un deuxième temps, elle montre que le climat a une grande influence sur l’écart de consommation énergétique pour un écart de consigne de 1 °C. Ainsi, l’écart de consommation d’une maison peu isolée à Mâcon (caractérisée par un besoin de 170,2 kWh/ (m2.an) à 19 °C) serait de l’ordre de 8,7 % (donc sensiblement plus important que le ratio de 7 % généralement admis pour ce type de bâti).
Cet écart grimpe à 11 % pour une maison BBC située à Mâcon (caractérisée par un besoin de 49,9 kWh/(m2.an) à 19 °C) et 24 % dans une maison de type passif à Nice (caractérisée par un besoin de 13,8 kWh/(m2.an) à 19 °C).
Incidence du climat
Ensuite, parmi d’autres estimations, l’étude compare notamment deux maisons différentes mais caractérisées par des besoins proches sous leur climat respectif, l’une à Agen (besoin de 51,8 kWh/(m2.an) à 19 °C) et l’autre à Nice (besoin de 52,5 kWh/ (m2.an) à 19 °C).
La différence de consommation pour 1 °C d’écart de température de consigne (20 °C au lieu de 19 °C) serait respectivement de 12,6 % et de 14,6 %. Cet exemple valide donc un écart de consommation variant avec la nature du climat.
Pour les bâtiments avec de faibles besoins, a fortiori RT 2012 ou BBC, la variation relative sera donc en nette augmentation.
Mais dans quelles proportions exactement ?
L’étude ne répond pas à la question, mais révèle que l’une des grandeurs les plus influentes serait les apports solaires gratuits. Elle est cependant à relativiser avec le taux de couverture des besoins par ces apports. En effet, dans le sud par exemple, les apports solaires deviennent supérieurs aux besoins des constructions.
On ne parvient pas forcément à valoriser tout le potentiel de cette énergie. Sous d’autres climats, avec des apports solaires potentiellement moins élevés, on arrive à utiliser davantage d’énergie solaire par rapport au besoin total. On peut en tirer meilleur parti en proportion du besoin total.
Une chose est sûre : l’utilisation d’un ratio unique pour des maisons individuelles BBC ou RT 2012 ne semble plus possible. Et c’est bien logique : plus la consommation est basse, plus les différents paramètres qui peuvent l’influencer prennent de l’importance. Les ordres de grandeurs mériteraient a minima d’être nuancés en fonction des climats, mais à quel niveau, avec quelle précision ?
L’approche du Costic ouvre donc de nouvelles interrogations, notamment sur l’incidence difficilement mesurable d’autres types d’apports gratuits comme ceux liés au comportement des utilisateurs.
Par ailleurs, moins la consommation est élevée, plus l’interaction entre les phénomènes devient complexe.
Des investigations supplémentaires seraient nécessaires pour recenser plus précisément l’ensemble des paramètres influents et leur impact potentiel.
Source : Costic
24 % D’ÉCART À NICE, C’EST SEULEMENT 4,4 KWH/M2 DE DIFFÉRENCE
Dans cette approche de consommations d’énergie de chauffage, il ne faut pas oublier que le raisonnement en part relative est sensiblement différent de l’impact réel sur la facture énergétique. Ainsi, à Mâcon, un écart de 11 % en part relative pour une maison BBC se traduit par une consommation supplémentaire de 6,1 kWh/(m2.an). D’un autre côté, une différence de 24 % pour une maison passive à Nice ne se traduit que par un supplément annuel 4,4 kWh/m2… L’impact a beau être bien plus élevé en part relative à Nice par rapport à Mâcon, il reste inférieur en quantité d’énergie, donc aussi sur la facture libellée en euros…