Chauffage biomasse : « croissance moins soutenue dans les prochaines années »
En biomasse solide, la France fait partie des leaders européens, avec pour 2014 une filière de près de 48 000 emplois directs et indirects dans les différents segments du marché (contre 52 500 en 2013) et un chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros (contre 4,9 milliards). Mais l’atteinte des objectifs nationaux pour 2020 en matière de biomasse solide sera « difficile », car la France s’est fixé des buts « particulièrement ambitieux ». C’est ce qui ressort d’une récente étude d’EurObserv’ER. Elle indique également que, dans l’Union européenne, la consommation d’énergie primaire de biomasse solide a représenté 89,5 Mtep en 2014, -2,5% sur 2013. Cette baisse s’explique dans une large mesure par un hiver particulièrement clément, ajoute l’étude. Elle précise que la production brute de chaleur biomasse solide vendue dans les réseaux de chaleur d’Europe a été stable en 2014, à environ 9,1 Mtep, tandis que la consommation de chaleur directement utilisée par le consommateur final diminuait de 4,9%, à 61,2 Mtep. Soit une consommation totale d’énergie finale de 70,2 Mtep (contre 73,4 Mtep en 2013).
Avec, en ce qui concerne la France, une consommation 2014 de 8,15 Mtep (contre 9,72), dont 0,43 Mtep pour le chauffage urbain (contre 0,53 Mtep). La succession d’hivers doux semble avoir enrayé la croissance quasi continue de la consommation de biomasse solide observée durant la dernière décennie dans l’Union européenne, poursuit l’étude. L’évolution de la consommation est également impactée par les efforts entrepris en matière d’efficacité énergétique. Jusqu’à présent, en consommation de chaleur biomasse, la très grande majorité des pays européens paraissent en mesure d’atteindre les objectifs 2020 de leurs Plans d’action nationaux EnR. Le rythme de développement de la chaleur biomasse devrait cependant être moins soutenu dans les prochaines années.
Aides publiques à la chaleur renouvelable : quels coûts par tonne de CO2 évitée ?
Quels sont, pour la collectivité nationale, les coûts des EnR thermiques par tonne de CO2 évitée ? C’est à cette question que répond une étude récente de la Direction générale du Trésor. En ce que concerne le Fonds Chaleur, les coûts (en €/tCO2eq évitée) sont de 18 en géothermie, de 208 en solaire thermique et de 44 en chauffage urbain, tandis que, pour une substitution à une nouvelle chaudière individuelle gaz de rendement 80%, ces coûts sont de 493 pour les PAC (un coût jugé « encore élevé » par le Trésor)) et de 147 pour les chaudières au bois. L’étude précise que « plus de 500 M€ » sont consacrés chaque année à la chaleur renouvelable via une aide à l'investissement, à travers le crédit d'impôt ou le Fonds Chaleur. A propos des aides accordées par ce dernier, l’étude ajoute que, sur la période 2009-2013, 64 millions d’euros ont été consacrés au solaire thermique (soit 812 €/tep), 75 millions à la géothermie profonde (71 €/tep) et 406 millions aux réseaux de chaleur renouvelable (171 €/tep). Hormis le cas du solaire thermique, l'ensemble des EnR soutenues par le Fonds Chaleur s'avèrent relativement efficientes pour réduire les émissions de CO2, constate l’étude.
La combustion de biomasse pour produire de la chaleur est « un moyen économiquement efficace » de réduire les émissions de CO2, poursuit l’étude, qui ajoute qu’il est « socio-économiquement préférable » d'utiliser la biomasse et le biogaz pour produire de la chaleur plutôt que de l'électricité. Certes, concède l’étude, le coût, par tonne de CO2 évitée, de la cogénération à partir de biomasse est plutôt faible (du moins «sous l'hypothèse favorable que la chaleur cogénérée se substitue totalement à de la chaleur d'origine fossile») ; toutefois, ajoute l’étude, l'utilisation de la biomasse pour la production de chaleur pure apparaît « encore plus efficiente ».Il apparaît donc préférable, dans un contexte de ressources en biomasse limitées, de privilégier l’usage de la biomasse pour la production pure de chaleur (sous réserve de débouchés suffisants) plutôt que pour la cogénération, dont le rendement énergétique et, par suite, le coût par tonne de CO2 évitée sont moins favorables, poursuit l’étude. De même, l'usage du biogaz est optimisé par la production de chaleur collective (tant que des débouchés suffisants existent) plutôt que par la cogénération.
Chaleur renouvelable en Europe : rapide croissance des PAC, recul du solaire
La consommation finale européenne de chaleur et de froid renouvelables a totalisé 84,7 Mtep en 2014 (contre 88,3 Mtep en 2013, +3,2 Mtep sur 2012), vient d’indiquer une récente étude de l’Agence européenne de l’environnement. En biomasse solide, la consommation a été de 71 Mtep en 2014, contre 73,3 Mtep en 2012 et 75,6 Mtep en 2013. Au sujet de la biomasse solide, l’étude précise que la croissance annuelle moyenne de la consommation a été de 4% entre 2005 et 2013 et que, pour atteindre l’objectif des plans d’action EnR nationaux de l’Union européenne, une croissance annuelle moyenne de seulement 1% d’ici 2020 serait suffisante. En PAC, la consommation 2014 a totalisé 8,1 Mtep (contre 7,4 Mtep en 2013). En PAC, avec une croissance moyenne de 16% par an sur la période 2005-2013, l’objectif des plans nationaux pour 2020 a été dépassé, observe l’étude. Et une croissance annuelle moyenne de 8% serait désormais suffisante pour atteindre l’objectif de 2020. En solaire thermique, la consommation 2014 a été de 2,0 Mtep (contre 1,9 Mtep en 2013), avec +14% en moyenne annuelle entre 2005 et 2013. L’étude souligne que le solaire thermique n'est pas en ligne avec l’objectif européen de 2020. La surface de capteurs installée annuellement a atteint un sommet en 2008, puis a diminué chaque année, poursuit l’étude. Une croissance moyenne annuelle de 19% serait désormais nécessaire pour atteindre l’objectif 2020. En géothermie, la consommation 2014 a été de 697 ktep, avec +2% en moyenne annuelle entre 2005 et 2013, tandis que, en biogaz, elle s’élevait à 2,6 Mtep (contre 2,5 Mtep en 2013), avec +17% par an entre 2005 et 2013. Toutes EnR de chauffage et refroidissement confondues, la croissance annuelle moyenne a été de 5% en Europe sur la période 2005-2013.
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Exemple d'un numéro de ThermPresse : ThermPresse du 25 Janvier 2016