Par Guillaume Planchot, Directeur du Développement en charge de Réseaux Urbains d’Energies
Un nouveau projet géothermique va voir le jour en Île-de-France : la ville de Neuilly-sur-Marne, située à 15 km à l'Est de Paris, va se doter d'un réseau de chaleur alimenté à plus de 60 % par l'énergie géothermique de la nappe du Dogger (et à 39 % par une chaufferie à gaz et une pompe à chaleur).
Vue architecturale de la future centrale
Le contexte
Neuilly-sur-Marne dispose, depuis 1971, d’un
réseau 100% énergie fossile (fuel puis gaz). Ce réseau est aujourd’hui doté d’une centrale
thermique et d’un réseau de distribution à eau
surchauffée de 5,5 km avec 32 sous-stations. Il
alimente le quartier des Fauvettes et du centre
ville. Ce sont 4 500 équivalents logements qui
sont ainsi desservis.
Compte tenu des ressources géothermales
potentielles et des investissements liés à la
création de ce doublet pour desservir l’éco-quartier
de l’Est Nocéen, Neuilly-sur-Marne
souhaite également alimenter le réseau existant
avec la géothermie.
C’est pourquoi, le nouveau réseau de chaleur
géothermique de l’Est Nocéen sera raccordé à
celui existant du quartier des Fauvettes et du
centre ville. Le réseau ainsi constitué mesurera 13 km et
sera doté de 108 sous-stations.
Les objectifs
- Chauffer et rénover le quartier des Fauvettes et du centre ville avec une énergie renouvelable.
- Profiter de la situation favorable de Neuilly-sur-Marne pour utiliser la géothermie.
- Lutter contre la précarité énergétique : le choix d’un réseau de chaleur alimenté par 61% de géothermie, énergie renouvelable locale, permet de s’affranchir majoritairement de la fluctuation du prix du gaz tout en garantissant une baisse de prix qui contribue à la lutte contre la précarité énergétique.
- Raccorder au réseau vertueux le nouvel éco-quartier de l’Est Nocéen (11 000 eq. logement, 500 000 m² à construire).
La chaleur des profondeurs sera puisée dans l'eau du Dogger (1800 mètres de profondeur) permettant de proposer une température en tête de puits comprise entre 63 et 65°C et un débit d'exploitation de 300 m³/h.
Une couche géologique qui fait de l'Ile-de-France une des régions d'Europe les mieux dotées en matière de géothermie.
Destiné à assurer le chauffage et la production d'eau chaude sanitaire des constructions neuves et des réhabilitations, le réseau utilisera donc 61% d'énergie renouvelable grâce à la géothermie. Les 39% restants seront issus de l'utilisation du gaz et d'une pompe à chaleur. Neuilly-sur-Marne fait ainsi coïncider ses objectifs de rénovation urbaine avec ses ambitions dans le cadre de la transition énergétique de son territoire.
Focus sur la géothermie
Le principe de la géothermie consiste à puiser l’eau chaude dans un réservoir aquifère situé à une profondeur d’environ 1 800 mètres. La chaleur extraite de cette eau étant comprise entre 63°C et 65°C est utilisée ensuite pour réchauffer l’eau de ville injectée dans le réseau de chauffage permettant une production de 55 000 MWh, apte à alimenter les 11 000 équivalents logements concernés.
Le procédé du doublet géothermique permet un fonctionnement en circuit fermé, l’eau puisée est réinjectée dans le sous-sol dans le réservoir d’origine après en avoir récupéré son énergie. Un mode de fonctionnement qui évite tous rejets dans l’environnement.
En France, la seule centrale géothermique existante a été construite à Bouillante (Guadeloupe), dans une zone volcanique. Cependant, le territoire possède un certain potentiel géothermique, en Alsace notamment, où l’ancienne ministre de l’Ecologie et de l’Energie, Delphine Batho, avait signé au mois de juin 2012 quatre arrêtés autorisant la recherche de sites favorables à la géothermie à haute température.
Schéma et coupe du doublet géothermique
Planning et chiffres
Un déploiement progressif
La société Idex a été sélectionnée pour concevoir, construire et exploiter pendant 30 ans ce doublet géothermal.
A l'été 2014, le quartier des Fauvettes et du centre ville sera connecté au réseau de chaleur rénové, impliquant son passage en basse pression. Le nouveau réseau destiné à alimenter l'éco-quartier ne sera mis en service qu'à partir de 2018 et le nombre d'abonnés est destiné à croitre au rythme de la progression des constructions immobilières.
Ainsi, à horizon 2029, l'installation assurera le bien-être thermique de l'équivalent de 11 000 logements (80% logements, 5% activités commerciales et 15% équipements publics).
Elle alimentera une superficie totale de 830 000 m², soit 385 000 m² de rénovation urbaine et 445 000 m² de constructions neuves.
Le montant de l’investissement, qui s’élève à 40 millions d’euros, est soutenu par le Fonds Chaleur mis en place par l’Etat dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, et qui vise à développer la production de chaleur par le biais des énergies renouvelables.
Les acteurs du projet
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Les chiffres clés - Durée du contrat : 30 ans |
Par Guillaume Planchot, Directeur du Développement en charge de Réseaux Urbains d’Energies
SOURCES ET LIENS
Les COP géothermiques m'intéressent, quelles sont leur valeurs de conception? La géothermie collective est une solution performante, encore un exemple. La rentabilité de la géothermie à cette échelle est évidente. Un comparatif de rentabilité énergétique avec une chaufferie à énergie fossile aurait été bienvenu