Par Antoine Guiraud et Etienne Manenc, architectes - SARL d’architecture GUIRAUD-MANENC
Le générateur d'activités des Landes de Juzan est un programme mixte de bureaux modulaires, espace de co-working, FabLab et d'ateliers, initié par l'Agglomération Côte-Basque-Adour. Tous ces espaces sont dédiés à la location pour des entreprises innovantes dans le domaine de la construction. Ce bâtiment voulu manifeste par la maîtrise d’ouvrage répond à une double certification HQE et BREEAM et un objectif BEPOS.
Cette réalisation a été lauréate du Prix d’architecture de la Première œuvre 2016 Equerre d’argent.
Crédit photo Vincent MONTHIERS
Implantation
Le site de l'Hôtel d'entreprises innovantes est situé au coeur de l'Agglomération Côte-Basque-Adour sur la commune d’Anglet dans le département des Pyrénées Atlantiques, territoire classé en sismicité niveau 2 depuis 2010.
Implanté sur le campus des Landes de Juzan au Nord des pistes de l’aéroport de Bayonne-Anglet-Biarritz, la parcelle, une ancienne décharge sauvage, est une friche urbaine en lisière d’un bois et d'un estey protégés. Le terrain présente une forte pente depuis la rue Mirambeau à l'ouest vers l'estey aval.
Crédit photo Vincent MONTHIERS
Crédit photo Vincent MONTHIERS
Un bâtiment ouvert dans ses fonctionnalités et sur la nature environnante
Crédit photo Vincent MONTHIERS
Le générateur propose d’habiter des terrasses successives, intérieures et extérieures, qui accueillent les lieux de travail en panorama sur le paysage. L'étude des terrassements a été mené de manière à optimiser les déblais et remblais sur site afin de minimiser l’évacuation des terres (terres nécessitant une dépollution).
Les stationnements sont dissimulés sous les bureaux et dimensionnés en conséquence afin qu'à terme lors d'une mutualisation des stationnements sur le campus de Landes de Juzan dans des parkings silos, ils deviennent l'espace d'extension du bâtiment avec la création de bureaux en rez-de-jardin associés à des terrasses extérieures. Ainsi structurée, l’extension du générateur peut se réaliser sans travaux lourds de gros-oeuvre, ni terrassement, minimisant ainsi les nuisances pour les usagers et l'environnement lors de cet agencement.
En partie avale, les eaux pluviales sont récupérées, régulées et filtrées par un bassin de rétention et de dépollution par phytorestauration.
Crédit photo Vincent MONTHIERS
Evolutif, le bâtiment est conçu pour se façonner, s’adapter à la demande, suspendu aux évolutions sociétales, techniques et énergétiques futures. S’appuyant sur la structure comme pivot, l’enveloppe est une peau interchangeable et recyclable.
L'espace organisé par des cloisons modulaires est rendu flexible et réversible.
Recyclables, les matériaux incarnent des temporalités dissociées. Une architecture durable, ce n’est pas un produit économique immobilier, mais un patrimoine, qui se patine et s’inscrit dans le paysage sur un temps long.
L'hôtel d'entreprises va vivre ainsi au tempo des jeunes sociétés qui vont l'investir, se l’approprier et le faire évoluer.
La structure principale en béton armé est conçue sans retombée de poutre, par un principe de poteaux / dalles champignon favorisant ainsi la modularité du cloisonnement. Laissés apparents, les voiles et les planchers BA participent à la conception passive du bâtiment par leur capacité d'inertie importante. L'ossature et la charpente de la halle (volume sans point porteur intermédiaire) sont composées d'éléments lamellé-collé de pin douglas et de connecteurs métalliques.
Crédit photo Vincent MONTHIERS
Un bâtiment passif bioclimatique : PAC, production photovoltaïque , ventilation naturelle
Les moyens naturels sont favorisés par rapport aux moyens techniques pour assurer le confort thermique, l’apport en éclairage naturel et la qualité d’air. L'édifice n'est pas rafraîchi mécaniquement, seule la ventilation passive assure le confort d'été. Pour cela, les contraintes et les atouts du site ont été pris en compte dès le début de la conception.
L'édifice se décompose en trois grandes entités : les bureaux chauffés, l'atrium bioclimatique régulateur et la halle technique tempérée et non chauffée.
Crédit photo Vincent MONTHIERS
Limiter les déperditions
Le bâtiment, de type passif, se pare en premier lieu d'une isolation performante et optimise les apports solaires et lumineux. Les déperditions statiques du bâtiment sont ainsi limitées par cette isolation et une exigence forte sur les ponts thermiques et l’étanchéité à l’air.
Une conception énergétique performante
L’émission de chaleur dans les bureaux est simple, économique et pérenne : des ventilo-convecteurs avec une génération de chaleur par PAC Air/Eau qui est adaptée au climat d’Anglet car elle possède de très bon COP (Coefficients de Performance) pour des températures douces.
Un bâtiment en autoconsommation
La PAC, ainsi que le reste des équipements, sont directement reliés à la production photovoltaïque du bâtiment permettant d’atteindre l’objectif d’autoconsommation mais aussi de limiter la consommation du bâtiment d’un point de vue réglementaire.
Crédit photo Vincent MONTHIERS
Ventilation passive
L'ensemble du bâtiment est traité par ventilation passive par la mise en place d'ouvrants en imposte tant sur les façades extérieures que sur les parois intérieures en contact avec l'atrium central. Le renouvellement d’air réglementaire des locaux est effectué par une CTA double flux avec récupérateur d’énergie.
Protection solaire
Des apports solaires choisis et maîtrisés en fonction des saisons favorisent un éclairage naturel diffus par des baies généreuses. Pour se prémunir des surchauffes, les protections solaires sont adaptées en fonction de l’orientation des baies des différents locaux. Des stores extérieurs mobiles viennent en renfort des protections fixes suivant les besoins.
L’éclairage naturel du bâtiment est complété par l’utilisation de l’atrium comme puits de lumière central.
L’atrium bioclimatique, lieu de transition tempéré
L’atrium fonctionne différemment suivant les saisons, il permet un passage plus progressif entre les espaces variés du bâtiment au comportement distinct. De même c’est un espace acoustique tampon entre les différents locaux.
Pour le rafraîchissement, cet atrium sert de régulateur thermique et concentre la chaleur accumulée dans les espaces de travail et évacuée vers ce volume commun. Cet air chaud est stratifié au niveau de sa toiture vitrée créant un effet de serre. Des cheminées solaires situées à l’Ouest assurent alors un tirage thermique puissant permettant d’évacuer rapidement la chaleur emmagasinée par un balayage naturel de l’air.
En hiver, le bâtiment est conçu pour utiliser l’air des espaces de travail afin de maintenir l’atrium central en température.
L'effet de serre est alors recherché dans l'atrium pour chauffer de manière passive et complémentaire l'ensemble des locaux. Ce procédé permet de limiter les systèmes de chauffage tout en assurant le confort thermique des occupants et de limiter les conduits de ventilation en favorisant la modularité du bâtiment.
Cependant, les apports internes (usagers, ordinateurs...) peuvent être suffisamment importants en hiver pour rechercher un rafraichissement, l'ouverture des baies et conduits de cheminées solaires permet alors l'évacuation de ces calories.
La commande électrique des ouvertures des cheminées solaires et du store occultant la verrière permet aux utilisateurs de contrôler à tout moment le confort recherché, de manière passive.
L’ouverture des baies des locaux et des fenêtres de tirage des cheminées solaires permet la surventilation diurne et nocturne passive des espaces par un simple tirage thermique naturel évitant les consommations de systèmes actifs.
Crédit photo Vincent MONTHIERS
Des réponses bioclimatiques aux contraintes et atouts du site
Tout a été mis en œuvre pour faire de cette réalisation un bâtiment Bepos Effinergie 2013 éco responsable et performant :
→ orientation du bâtiment (vents dominants, massifs végétaux),
→ lumière naturelle (baies généreuses, atrium central) avec protections solaires,
→ autoconsommation des énergies renouvelables,
→ ventilation passive (ouvrants en imposte, ouvertures zénithales, locaux traversants),
→ isolation et étanchéité à l'air performantes,
→ flexibilité et modularité constructive,
→ enveloppe recyclable,
→ matériaux biosourcés (bois d’origine certifié, non traité),
→ chantier partiellement en filière sèche,
→ dépollution du site,
→ insertion paysagère avec bassin de rétention et de dépollution par phytorestauration.
Objectif atteint : un dialogue entre le paysage et les espaces de travail favorisant les débats d’idées propre aux pépinières d’entreprises
Le projet du générateur d’activités a été le premier élément structurant du Campus technopolitain des Landes de Juzan. Situé au coeur d’une agglomération en pleine mutation urbaine, ce campus, vaste espace paysager de 49 hectares, rassemble à ce jour de jeunes entreprises innovantes favorisant les croisements interdisciplinaires entre recherches universitaires et savoirs industriels : entreprises locales de l’éco-construction, école d’ingénieurs ISA BTP, centre de formation des compagnons et lycée professionnel avec une spécialisation dans le domaine de la construction.
L’objectif de ce campus dédié à l’éco-construction et à l’habitat durable est donc atteint : développer une synergie et un travail collaboratif entre les entreprises et l'enseignement supérieur. Chacun n'est plus l’habitant d’un étage, d’un bureau, mais d'un lieu de travail dans lequel sont mutualisés des savoirs, des outils, des espaces dédiés et des services. Les formes de travail actuelles appellent d'autres formes de relations spatiales.
C'est une architecture en phase avec l'art de vivre de la côte basque, géographiquement, climatiquement mais aussi culturellement.
Crédit photo Vincent MONTHIERS
LES ACTEURS DU PROJET |
LES CHIFFRES CLÉS |
Maîtrise d’ouvrage |
Superficie : 1 799 m² SDP + 500 m² de parking semi enterré (SHON RT : 1 238 m²) |
Par Antoine Guiraud et Etienne Manenc, architectes - SARL d’architecture GUIRAUD-MANENC