Par Corinne Mandin, Cheffe de division expologie – OQAI au CSTB
C’est la première étude épidémiologique sur la qualité de l’air intérieur et la santé respiratoire des enfants accueillis en crèches.
Cette étude a été déployée par l’Institut national pour la recherche médicale (INSERM) et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), en partenariat avec l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) et EPICONCEPT.
Ce projet innovant nommé CRESPI est réalisé sur 100 crèches d’Ile-de-France auprès de 1500 à 2500 enfants.
Qualité d’air intérieure pour les crèches et santé respiratoire des enfants, le projet CRESPI
La santé respiratoire des enfants, le contexte et les besoins
En France, 52 % des enfants de moins de 2 ans vont à la crèche, ce qui fait partie des taux les plus élevés en Europe. Alors que les crèches sont parfois considérées comme un environnement protecteur pour le développement d’asthme ou d’allergie dans l’enfance puisque les enfants y sont exposés jeunes à un environnement microbien spécifique qui favoriserait le développement du système immunitaire, l’exposition aux substances chimiques émises par les produits d’entretien pourrait en revanche y être élevée et avoir un effet délétère sur la santé respiratoire des enfants.
En effet, une précédente étude française menée en 2009-2011 dans 101 crèches réparties dans toute la France a montré que les produits d’entretien utilisés dans ces lieux y sont nombreux, que certains contiennent des substances volatiles toxiques et que les tâches de nettoyage sont parfois réalisées en présence des enfants[1]. Il apparait ainsi important d’améliorer les connaissances sur les expositions des enfants en crèches et leur possible lien avec la santé respiratoire des enfants.
Concrètement, les objectifs du projet CRESPI
Plus précisément, les objectifs du projet CRESPI sont de :
- Caractériser l’exposition aux produits de nettoyage en crèche : mesure des substances volatiles et semi-volatiles présentes dans l’air et les poussières déposées sur les surfaces, questionnaire pour documenter les usages et application smartphone pour scanner les codes-barres des produits d’entretien. Le questionnaire sur les usages de produits et l’application smartphone sont également déployés par les parents dans les logements des enfants ;
- Caractériser la santé respiratoire des enfants : questionnaire complété par les parents, exploitation des données du carnet de santé et évaluation longitudinale (répétée dans le temps) par une application smartphone dédiée ;
- Etudier les relations entre l’exposition précoce aux produits de nettoyage sur la santé respiratoire des enfants, incluant la prise en compte des expositions à domicile.
Les méthodes déployées dans 100 crèches tirées au sort
Des outils tout à fait innovants ont été mis en place, comme l’application pour scanner les codes-barres des produits, qui permet ensuite de retrouver leur composition chimique, et l’application de suivi de la santé respiratoire des enfants utilisée par les parents. A noter que les personnels des crèches sont également invités à participer à l’étude et que les associations entre leur santé respiratoire et les produits de nettoyage utilisés en crèches seront également étudiées.
S’agissant plus précisément des mesures de la qualité de l’air intérieur, c’est la première fois qu’une étude d’une telle ampleur est déployée en France.
L’Observatoire de la qualité de l’air intérieur a, à ce jour, mené une campagne nationale de mesure de la qualité de l’air dans les écoles[2] et la surveillance réglementaire de la qualité de l’air intérieur dans les établissements recevant du public sensible, qui inclut les crèches, ne vise que deux polluants chimiques : le formaldéhyde et le benzène, et les mesures restent optionnelles. Au sein de CRESPI, ce sont 4 aldéhydes et 66 composés organiques volatils qui sont recherchés dans l’air.
Les paramètres d’ambiance, que sont la température, l’humidité relative et le dioxyde de carbone, marqueur du renouvellement de l’air intérieur, sont également mesurés.
Par ailleurs, il est reconnu que les jeunes enfants, du fait de leurs fréquents contacts main-bouche, sont plus exposés que les adultes aux substances chimiques présentes dans les poussières déposées sur les surfaces : le sol ou le mobilier. Aussi, une quinzaine de substances semi-volatiles biocides sont recherchées dans les poussières aspirées au sol le matin de chaque journée de mesure.
Ces mesures s’accompagnent d’un descriptif du système mécanique de ventilation, si un tel système est présent dans l’établissement. Des mesures de débits d’air extrait et soufflé sont réalisées, ce qui permettra, pour la première fois à une telle ampleur, de s’assurer du bon fonctionnement de la ventilation dans ces lieux et du respect des débits attendus.
[1] https://www.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/ina.12236
[2] https://www.oqai.fr/media/download/469/4_ATELIERS_BulletinOQAI-N11_CNE.pdf
Un projet pour la prévention, au cœur de l’actualité
Les connaissances apportées par ce projet permettront de mieux comprendre les causes de survenue des maladies respiratoires, comme l’asthme, et de développer des actions de prévention.
A l’heure de la pandémie de COVID-19 qui peut induire un nettoyage et une désinfection massive des locaux, les données collectées dans le projet CRESPI fourniront un éclairage nouveau et utile.
Des actions complémentaires pour enrichir le projet initial
Des mesures en laboratoire des émissions de composés organiques volatils par les produits d’entretien et cosmétiques utilisés dans les crèches étudiées viennent compléter la recherche de leurs compositions, pas toujours disponibles de façon exhaustive, et les mesures des concentrations intérieures, non nécessairement liées exclusivement à l’usage des produits.
Par ailleurs, une collaboration avec une équipe de recherche américaine a été mise en place pour analyser les ammoniums quaternaires présents sur les surfaces accessibles aux enfants. Ces substances chimiques non volatiles peuvent exposer les enfants via contact cutané. Irritants, voire allergisants, les ammoniums quaternaires posent question, d’autant qu’ils sont très présents dans les produits de désinfection.
Ce projet bénéficie des financements de l’ADEME, de la Fondation de France, de l’Agence nationale de la recherche, de la Région Ile-France, de la Fondation Santé Environnement de la Mutuelle Familiale, de l’Anses et des fonds propres de l’INSERM et du CSTB.
Plus d’information sur le site Internet de l’étude : https://crespi.vjf.inserm.fr/
PS : Copyright INSERM-CSTB pour toutes les photos
Par Corinne Mandin, Cheffe de division expologie – OQAI au CSTB
Sources et liens
Bonjour,
Si vous m'envoyez votre mail, je vous enverrais une documentation, d'un nouveau produit de traitement et de désinfection de l'air, totalement neutre sur l'environnement et non toxique pour les personnes, fabriqué en France, totalement aux normes Francaises, et très simple a mettre en oeuvre, en complète continuité de cet article, très édifiant.
Très sincèrement