Avec les composantes énergie et carbone, le bâtiment pris isolément a beaucoup moins de sens que s’il est élargi. Mutualisation des espaces, mutualisation des énergies produites, consommées et récupérées, sont autant de leviers qui donnent un véritable sens à une vue d’ensemble de l’îlot et du quartier. Ecoutez pour cela la capsule vidéo Quartier bas carbone, quartier E+C- par Jean-Christophe VISIER.
« Quartier bas carbone et quartier E+C- »
Vidéo avec Jean-Christophe VISIER – Directeur Energie Environnement au CSTB
Philippe NUNES : Bonjour Jean-Christophe VISIER.
Nous avons parlé du bâtiment mais « l’échelle bâtiment » est-elle vraiment suffisante ?
Jean-Christophe VISIER : Quand on a commencé à travailler sur E+C- nous avons eu de nombreuses questions qui se sont posées et certaines personnes nous ont dit « il y a des solutions qui pourraient être intelligentes qu’il faut travailler à l’échelle autre que du bâtiment » et elles ont clairement raison.
La mutualisation des espaces
Prenons un exemple. Le cas des parkings, nous faisons un bâtiment de bureaux / un bâtiment de logements. On peut faire deux zones de parkings distinctes, mais on s’aperçoit que sur le plan de l’utilisation nous avons de grandes chances que l’un des parkings soit plein quand l’autre sera vide, il serait donc très intelligent sur le plan à la fois économique parce que cela coûterait moins cher et environnemental parce que cela demanderait moins d’impact environnemental, de mutualiser les parkings.
Donc là nous voyons bien que la mutualisation peut être très intéressante. Cette mutualisation, de nombreux acteurs sont en train de la travailler en se disant finalement qu’il y a des espaces vides une certaine partie du temps au niveau du quartier, et ainsi réussir à avoir plus de services avec moins d’impact environnemental en mutualisant. C’est la « mutualisation des espaces ».
La mutualisation énergétique.
Quelques un exemple. Vous souhaitez produire de l’électricité sur des bâtiments. Est-ce qu’il vaut mieux le réaliser du solaire PV bâtiment par bâtiment, ce qui vous fait des petites surfaces. Il y en a qui seront bien orientées d’autres moins, ou est-ce qu’au niveau du quartier vous n’auriez pas des endroits où vous auriez plutôt une surface de solaire photovoltaique un peu plus importante, ce serait plus efficace et mieux orienté, donc plus rentable de le faire à cet endroit. Donc nous pourrions ainsi mutualiser cette production solaire, c’est ce qui est en train de se développer dans l’autoconsommation collective.
Il y a d’autres mutualisations possibles.
Par exemple il y a un titre V qui vient d’être accepté avec une solution de chauffage par des datacenters décentralisés. En fait votre radiateur dans votre bâtiment est un élément informatique chauffant qui vient d’un datacenter. Et là vous voyez que pour faire l’analyse à l’échelle limité au bâtiment c’est nettement moins intéressant et que récupérer cette chaleur fatale est doublement intéressant. Si vous regardez plus globalement vous avez un transfert de chaleur et votre énergie sert deux fois, une fois pour l’ordinateur pour les calculs et une autre fois pour chauffer le bâtiment, et là c’est intelligent. Donc ces aspects de mutualisation invitent à sortir du bâtiment.
Plus largement c’est ce que l’on a commencé à travailler dans l’esquisse d’un référentiel quartier bas carbone avec l’association BBCA, il y a l’idée d’intégrer d’autres contributeurs parce que le bâtiment c’est très important sur le poids du carbone, mais il y en a d’autres par exemple les infrastructures, les transports, et là vous pourrez mieux les traiter au niveau du quartier. C’est un sujet que nous avons commencé à traiter sur le carbone et on élargit le traitement dans le cas d’un projet avec l’ADEME qui s’appelle quartier E+C- pour aller vers un référentiel E+ C- au niveau du quartier.
PN : Pouvez-vous nous indiquer la date de sortie de ce référentiel ?
J.C.V : Le projet débute et a une durée de trois ans. C’est un projet dans lequel on va à la fois développer le référentiel et puis le tester avec huit projets de quartiers différents pour voir comment tout cela fonctionne.
À PROPOS DE L'INTERVIEWÉ
Jean-Christophe VISIER - Directeur Énergie Environnement au CSTB
Jean-Christophe Visier mène depuis le début des années 1980 au Centre Scientifique et Technique du Bâtiment des travaux de recherche appliquée sur l’énergie et l’environnement dans la construction et l’immobilier. Il est aujourd’hui directeur Énergie Environnement du CSTB. Dès le mois de janvier 2019, Jean-Christophe VISIER sera nommé au nouveau poste de directeur de la prospective au CSTB
Merci Jean-Christophe ! La dynamique bas carbone s'amplifie, c'est une grande fierté d'agir ensemble. Les travaux de recherche BBCA Quartier bas carbone sont accessibles sur demande sur le site de l'Association BBCA.