L’Agence internationale de l’énergie : il est urgent d’améliorer l’efficacité des climatiseurs
Si rien n'est fait, la consommation mondiale d'énergie pour le refroidissement des bâtiments (tout particulièrement au moyen de systèmes de climatisation) va plus que tripler d'ici 2050, après avoir déjà plus que triplé entre 1990 et 2016, l'Inde, la Chine et l'Indonésie contribuant à elles seules à la moitié de cette future croissance. C’est ce qui ressort d’une récente étude de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui juge « urgent » de freiner rapidement cette croissance. Entre autres mesures préconisées par l’AIE, on citera le développement des réseaux urbains de froid, ainsi que l’harmonisation, au plan international, des procédures d'essais des climatiseurs afin de permettre des comparaisons « transparentes » entre les différentes technologies disponibles. L’AIE recommande également une coopération scientifique internationale renforcée - et plus particulièrement consacrée aux technologies émergentes susceptibles de réduire considérablement, à terme, les émissions liées à la climatisation des bâtiments.
L’étude de l’AIE suggère aussi de mettre en place des achats groupés pour accélérer le développement des meilleures technologies sur le marché. Elle demande aussi aux pouvoirs publics de créer un cadre politique et réglementaire - « fort, cohérent, stable et équilibré » en faveur des investissements nécessaires pour une « trajectoire durable » du développement de la climatisation des bâtiments au cours des prochaines décennies. A propos des politiques actuellement en vigueur ou prévues, à travers le monde, l’étude estime d’une façon générale qu’elles ne ralentiront que de façon très limitée la croissance future de la consommation d’énergie pour la climatisation. Et l’AIE souhaite, donc, un puissant coup d’accélérateur de l’action publique.
L’AIE juge aussi que l'amélioration de l'efficacité du parc mondial de climatiseurs permettrait, en elle-même, de ralentir déjà fortement et rapidement l’augmentation de la demande d’énergie pour la climatisation, car il existe aujourd’hui « d'énormes disparités » en matière d'efficacité parmi les climatiseurs proposés actuellement à la vente à travers le monde. L’étude parle, par exemple, de climatiseurs dont l'efficacité moyenne est « inférieure à la moitié de ce qui est proposé de mieux aujourd’hui sur le marché ». L’AIE appelle de ses vœux un « déploiement à grande échelle » des climatiseurs les plus économes en énergie. En climatisation, la priorité doit être donnée à des normes minimales de performance énergétique et à l'étiquetage énergétique, ajoute l’étude. L'efficacité énergétique moyenne du parc mondial de climatiseurs pourrait ainsi plus que doubler d'ici 2050.
Dans un scénario d’évolution future élaboré par l’AIE et qui ne prend compte que le seul effet probable des politiques et objectifs publics actuels, les besoins énergétiques annuels mondiaux pour le refroidissement des bâtiments tripleraient d'ici 2050, à 6 200 TWh (dont près de 70% pour le seul secteur résidentiel), contre plus de 2 000 TWh à l’heure actuelle, et pourraient représenter, à terme, 30% de la consommation totale d'électricité des bâtiments. En réaction à un tel scénario catastrophe, l’AIE a élaboré un second scénario, plus vertueux. Et compatible avec les objectifs de l'Accord de Paris de 2015 sur le changement climatique. Dans ce second scénario, la consommation mondiale d'énergie pour le refroidissement des bâtiments ne s’élèverait plus qu’à 3 400 TWh en 2050, tandis que le besoin de capacité de production électrique supplémentaire uniquement pour répondre à la demande croissante d’énergie pour la climatisation des bâtiments, serait inférieur de 1 300 GW d’ici 2050 à celui du premier scénario. Au niveau mondial, poursuit l’étude, les économies financières réalisées grâce au second scénario s'élèveraient à 2 900 milliards de dollars sur la période 2017-2050 par rapport au premier scénario, tandis que, toujours d'ici 2050, les émissions de CO2 liées à la climatisation totaliseraient 150 millions de tonnes dans le second scénario, soit à peine 7% de celles du premier scénario et 13% du niveau de 2016. Dans une très large mesure, les différences entre les deux scénarios sont liées à l’amélioration de l'efficacité des climatiseurs, insiste-t-on à l’AIE. Depuis 1990, les ventes annuelles mondiales de climatiseurs et les émissions de CO2 liées au refroidissement des bâtiments ont triplé, respectivement à 135 millions d'unités (avec un parc mondial qui est aujourd’hui de 1,6 milliard d’unités) et à 1 130 millions de tonnes, rappelle-t-on à l’AIE.
- EN BREF - Le ministère du Travail vient de lancer un programme pour l’accès des jeunes et des demandeurs d’emploi aux emplois de la transition écologique, notamment en installation de chaudières à condensation et de PAC. Il s’agira également d’actualiser les référentiels des métiers et les certifications, notamment dans la lignée de la récente révision du titre de technicien de maintenance d’équipements de chauffage, climatisation et EnR, indique-t-on au ministère.
- EN BREF - En France métropolitaine, en 2017, la production primaire d’énergies renouvelables thermiques et issues de la valorisation des déchets a augmenté de 0,5%, à 20 Mtep, dont 10,8 Mtep pour la biomasse solide (en majeure partie bois de chauffage consommé par les ménages), vient d’indiquer le Commissariat général au développement durable. Malgré la nette reprise des ventes d’équipements de chauffage au bois (+ 11,5%), la production de biomasse solide a reculé de près de 3% sur un an, du fait de besoins de chauffage moindres qu’en 2016, ajoute l’étude. Cette baisse est toutefois compensée par l’essor d’autres filières, notamment les PAC (+5%) dont le marché croît de nouveau fortement en 2017. En PAC, la production primaire a totalisé 2,291 Mtep en 2017.
- EN BREF - D’une récente étude pour GRDF sur E+C- en maison individuelle, il ressort que, pour les niveaux E1 et E2, « le positionnement des solutions énergétiques reste relativement inchangé par rapport à celui constaté en RT2012 à l’exception de la solution chauffage électrique + CET qui nécessite un nouveau renforcement du bâti ». L’étude précise que le couplage d’une chaudière gaz à condensation à du solaire thermique ou photovoltaïque ou à un système thermodynamique permet d’atteindre E1 (« voire E2 ») « sans surcoût ni rupture majeure ». Par contre, l’atteinte de E3 impose « systématiquement » du photovoltaïque. De même, pour E4, « le recours massif au photovoltaïque est la piste privilégiée ». L’étude constate aussi que, en général, toutes les solutions dans les bâtis RT2012 permettent d’atteindre C1, mais aucune n’atteint C2.
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Exemple d'un numéro de ThermPresse : ThermPresse du 5 Février 2018