Evolution trop lente de la transition énergétique dans le secteur résidentiel / tertiaire »
A propos de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), le ministère de la Transition écologique et solidaire vient d’estimer que, dans le secteur résidentiel/tertiaire, « les politiques en place ne permettent pas encore d’engager la transition au rythme attendu ». En matière d’amélioration des bâtiments et systèmes existants dans ce secteur, le ministère juge que « les politiques en place nécessitent d’importants renforcements », alors que, par contre, « elles permettent d’engager la transition » pour ce qui concerne le renforcement de l’efficacité énergétique des nouvelles constructions. Par ailleurs, on insiste au ministère sur la nécessité de « maîtriser les effets rebonds » : Si le renforcement des normes constitue un levier potentiellement structurant pour l’atteinte des objectifs, il doit s’accompagner d’instruments complémentaires (contrôle de l’efficacité technique, information, éducation, instruments de pilotage, tarification, obligations) pour diminuer les consommations réelles en limitant notamment cet effet rebond (température de chauffage, climatisation, etc.), souligne-t-on au ministère.
Plusieurs indicateurs relatifs à la SNBC viennent d’être publiés par le ministère, notamment un indicateur des émissions directes de gaz à effet de serre du résidentiel/tertiaire, indicateur qui fait apparaître que, dès 2015, les résultats dévient de la trajectoire SNBC. Les premières estimations pour 2016 indiquent un dépassement de 11% par rapport à l’objectif annuel, regrette-t-on au ministère. Cette contre-performance s’explique pour partie par des éléments conjoncturels, tels que le faible prix des produits pétroliers (tendance qui pourrait se prolonger), et cela incite à la consommation et, donc, à la hausse des émissions.
Au ministère, on relève aussi que, dans le résidentiel, la consommation finale des énergies carbonées, et notamment des pétroles raffinés, « s’écarte du scénario de référence dès 2011 », tandis que, dans le tertiaire, « l’évolution la plus préoccupante est celle du développement des EnR, beaucoup moins rapide qu’attendu, engendrant un écart de -45% par rapport au scénario en 2015 ». Au ministère, on constate également que, dans le résidentiel, la consommation d’énergie liée à l’usage chauffage s’écarte de la trajectoire envisagée dans le scénario de référence (+9 % en 2015, en données corrigées des variations climatiques).
Au ministère, on juge que, même si, malgré l’accroissement démographique, la consommation d’énergie du résidentiel/tertiaire a diminué entre 2010 et 2015, cette baisse (-0,9 % pour le résidentiel et -1,9 % pour le tertiaire) « n’est pas suffisante ». Si cette baisse suit globalement la trajectoire du scénario de référence pour le tertiaire, elle s’en écarte de façon préoccupante pour le résidentiel (+6%), résultant principalement d’une dérive de la consommation d’énergie pour le chauffage des logements, analyse-t-on au ministère, où on ajoute que, « malgré une mobilisation croissante des propriétaires privés pour la rénovation énergétique, les investissements publics et privés dédiés à la transition énergétique dans le secteur des bâtiments n’ont augmenté que de 7,7% entre 2014 et 2015, alors que le scénario de référence envisageait 22,17% d’augmentation ». Cela vient donc souligner la nécessité d’un important renforcement des mesures pour initier la massification de la rénovation énergétique des bâtiments, souligne-t-on au ministère, où, par ailleurs, on indique que l’objectif à 2030 de chaleur consommée d’origine renouvelable et de récupération dans les réseaux de chaleur est aujourd’hui atteint « à 50 % environ », avec un rythme de développement « significatif ».
« Smartwatch », « Smartglasses » : quel impact sur le génie climatique ?
Représentant un nouveau grand pas en avant en matière d’exploitation des « data », les dispositifs portables « connectés » (montres, lunettes, bijoux, vêtements, etc.) pourraient offrir de nouvelles et grandes opportunités aux fournisseurs actuels de systèmes de génie climatique, mais aussi à de nouveaux fournisseurs qui pourraient venir les « disrupter ». C’est ce qu’estime un récent « livre blanc » de la société britannique BSRIA. Traditionnellement, rappelle l’étude, les systèmes de gestion des équipements de génie climatique dans les bâtiments se sont concentrés sur l'efficacité énergétique, mais, de plus en plus, le confort des occupants est reconnu comme un objectif important en soi et aussi comme un contributeur à la productivité du personnel. Or, les dispositifs portables « connectés » peuvent contribuer à l’atteinte de ces objectifs. En localisant les déplacements de leurs utilisateurs, ces dispositifs pourraient permettre de s'assurer que le chauffage et le refroidissement sont bien diffusés là où c’est nécessaire, et aussi de prendre en compte des facteurs comme, par exemple, la chaleur corporelle. Ils pourraient ainsi permettre de fournir un environnement personnalisé, adapté aux besoins de chaque occupant du bâtiment.
Si les préférences personnelles de ce dernier étaient connues, l'environnement dans le bâtiment pourrait être ajusté très précisément en matière de température, d'humidité, etc. Une montre « connectée », par exemple, pourrait signaler que son utilisateur est fatigué et qu’il a besoin de davantage de ventilation. L’étude de BSRIA reconnaît que tout cela soulève « d'énormes questions ». La première, ajoute-t-elle, c’est celle du respect de la vie privée. Plus précisément, il s’agit de savoir s'il est bien raisonnable d’espérer que les utilisateurs de ces dispositifs portables « connectés » acceptent de partager des informations aussi personnelles avec un système de gestion de bâtiment, avec en outre, de façon subsidiaire, toutes sortes d’interrogations quant à la façon dont ces informations pourraient être utilisées, mais aussi protégées contre une utilisation malveillante.
Autre grande question, selon l’étude : jusqu'à quel point un système de gestion de bâtiment pourrait réellement exploiter cette nouvelle richesse d'informations ? Fournir un environnement aussi personnalisé nécessiterait des systèmes de génie climatique capables de diffuser la chaleur, le froid et la ventilation d’une manière très granulaire, et de réagir rapidement à tout changement. À défaut, il y aurait le risque d’un retour, tout simplement, à une préférence majoritairement exprimée par l’ensemble des occupants du bâtiment.
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Exemple d'un numéro de ThermPresse : ThermPresse du 19 Juin 2017