En habitat collectif, quelle est la chaleur la moins chère ?
En 2015, le coût global de la chaleur (c’est-à-dire en prenant en compte notamment les abonnements, la fourniture d’énergie et l’amortissement des investissements) a été - pour le chauffage et la production d’ECS d’un « collectif » social type de 25 logements et de 170 kWh/m2/an - de 1155 euros TTC par logement avec une chaudière collective gaz à condensation, de 1 158 € avec une alimentation par un réseau de chaleur fonctionnant à plus de 50% au moyen d’EnR ou d’énergies de récupération, de 1 216 € avec un réseau de chaleur dit « moyen », de 1 535 € quand les logements étaient équipés de chaudières individuelles gaz à condensation et de 1 800 € avec des appareils électriques individuels. C’est ce qui ressort d’une enquête de l’association du chauffage urbain Amorce présentée la semaine dernière. Selon cette enquête, le prix de vente de la chaleur des réseaux de chauffage urbain - c’est-à-dire en ramenant la facture énergétique globale (abonnement + part proportionnelle à la consommation) sur la quantité d’énergie livrée en sous-station - a été, toujours en 2015, de 68,3 € en moyenne, avec 64,8 € pour les réseaux utilisant majoritairement de l’énergie fatale, 67,3 € pour les réseaux géothermiques, 69 € pour les réseaux biomasse, 71,40 € pour ceux alimentés surtout par une cogénération au gaz naturel, et 74,50 € pour ceux fonctionnant principalement au gaz naturel mais sans cogénération.
Vient d’être présentée par ailleurs une enquête du syndicat SNCU d’où il ressort que, en 2015, dans le bouquet énergétique des réseaux de chaleur français, la part de la biomasse a été de 18% et celle de la géothermie de 3%, contre 27% pour la chaleur de récupération provenant d’unités de valorisation énergétique et 50% pour les énergies fossiles (essentiellement du gaz naturel, le fioul n’étant qu’à 3%). On souligne au SNCU que 77% des réseaux - représentant 82% des livraisons totales de chaleur du chauffage urbain - « utilisent désormais des énergies vertes ». La hausse est « constante et rapide » - forte, surtout, en biomasse et en chaleur de récupération - et « s’est accélérée ces dernières années », précise-t-on au syndicat, où on ajoute que, l’an passé, le contenu moyen en CO2 des réseaux de chaleur français était de 139 g/kWh, contre 234 g pour le gaz et 300 g pour le fioul domestique.
Par ailleurs, on estime à Amorce que, sur le rythme actuel de développement du chauffage urbain en France, les objectifs de la France en matière de distribution d’EnR ou d’énergie de récupération par les réseaux de chaleur ne seront pas atteints. Et qu’il est nécessaire d’accélérer. Le secteur des réseaux de chaleur fait actuellement face à un ralentissement brutal du nombre de projets, notamment en raison du faible prix des énergies fossiles, souligne un communiqué commun d’Amorce et du SNCU. Trop peu de projets sont actuellement en cours pour rester sur la trajectoire qui permettra d’atteindre les objectifs de transition énergétique.
Quel avenir pour le solaire thermique ?
En Europe, l'énergie solaire thermique - qui ne produit annuellement qu’environ 20 TWh de chaleur, soit moins de 1% de la demande - possède un fort potentiel de développement en chauffage et en climatisation. C’est ce que vient d’estimer une étude de la Commission européenne, qui, par ailleurs, juge «prometteurs» le potentiel des systèmes hybrides intégrant des capteurs solaires thermiques, ainsi que celui des capteurs thermiques/photovoltaïques. L’étude juge par ailleurs que la prise en compte du coût cumulé tout au long du cycle de vie des systèmes renforcerait la compétitivité du chauffage et de la climatisation par l’énergie solaire thermique, ainsi d’ailleurs que celle de nombreuses autres techniques EnR ou d’efficacité énergétique. L’étude estime que de nouveaux matériaux plastiques, de nouveaux revêtements d'absorbeur, ou encore des matériaux polymères capables de résister à la détérioration provoquée par l'exposition aux UV, devraient permettre de réduire les coûts du cycle de vie des systèmes solaires thermiques et d’améliorer leur rentabilité.
L’étude observe également que, si l’on veut exploiter pleinement leur potentiel, les systèmes de production de froid par l’énergie solaire ont besoin d’une optimisation de leurs cycles de fonctionnement, aussi bien en refroidisseurs à sorption qu’en systèmes à dessiccation, et ce en visant des coefficients de performance plus élevés, une réduction des coûts et une hybridation plus facile avec les techniques de récupération de chaleur, ainsi qu’avec les systèmes de chauffage ou refroidissement d'appoint. En composants, un effort de R&D est également nécessaire, notamment en matière de matériaux de sorption, de revêtements de ces matériaux pour les surfaces d'échange de chaleur, de transfert de chaleur, et de cycles thermodynamiques. L’étude souligne par ailleurs que les enveloppes des bâtiments devront devenir elles-mêmes des capteurs solaires, et ce au moyen de composants multifonctionnels, qui seront à la fois des éléments de l'enveloppe et des capteurs solaires et qui, dans certains cas, pourront même être installés de façon verticale.
- EN BREF - Dans une communication au conseil des ministres du 10 décembre, la ministre en charge de l’énergie a indiqué que, au début 2017, serait lancé un programme de 75 millions d’euros qui permettra aux personnes à revenus modestes de bénéficier de 800 à 1 400 € pour le remplacement d’une chaudière « polluante » par une chaudière neuve « à haute performance » ou au bois (classe 5), et de 100 € pour l’installation d’un programmateur centralisé pour radiateurs électriques. Appuyé sur le dispositif des CEE, ce programme sera établi en lien avec des fournisseurs d’énergie volontaires, a précisé la ministre. Par ailleurs, « nouvelle mesure à l’étude », la ministre « a proposé un doublement du CITE pour le remplacement des chauffages polluants par des équipements de chauffage propre ». Cette mesure doit permettre l’installation de chaudières à condensation pour 150 000 foyers, de PAC pour 20 000, et de chaudières à micro-cogénération gaz pour 3 000, estime-t-on au ministère.
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Exemple d'un numéro de ThermPresse : ThermPresse du 25 Janvier 2016
Question : un réseau de chaleur urbaine s'amorti en combien de temps? (Avec la multiplication des bâtiments BEPOS & PASSIFS...les besoins vont aller en diminuant!)