Propositions au gouvernement pour booster les EnR thermiques
Le Syndicat français des EnR a souhaité, lors d’une conférence de presse la semaine dernière, que, dans la future directive européenne sur les EnR, il y ait un objectif « contraignant » - pour les Etats européens - d’augmentation annuelle de 1% de la part d’EnR en matière de chaleur et de froid. Autres revendications du syndicat concernant cette directive : l’inscription, noir sur blanc, du froid dans la définition de la géothermie, ainsi qu’un élargissement de la définition de la chaleur et du froid de récupération (et ce afin de prendre en compte, par exemple, les « data centers », les supermarchés ou encore les hôpitaux). Le syndicat juge d’ailleurs « pertinent », d’une façon générale, de traiter « de façon égale » la chaleur renouvelable et la chaleur de récupération. En ce qui concerne les réseaux de chaleur ou de froid, le syndicat demande - à propos du projet européen de droit au dé-raccordement des consommateurs aux réseaux présentant une part d’EnR inférieure à 50% - que soit accordé un délai aux réseaux prévoyant d’atteindre prochainement ce taux de 50%. Le syndicat souhaite, par ailleurs, que l’accès de fournisseurs de chaleur renouvelable aux réseaux de chaleur respecte un certain nombre de règles, notamment en matière de température, de pression et d’équilibrage. Le syndicat estime, d’autre part, que la vente directe de chaleur renouvelable au consommateur par un fournisseur raccordé à un réseau de chauffage urbain, mais sans passer par ce réseau, aurait des « conséquences destructrices » pour le développement des réseaux de chaleur renouvelable. Il serait impossible, en particulier, d’optimiser la pression et la température des réseaux, souligne-t-on au syndicat.
Au sujet du Plan Climat, présenté prochainement par le gouvernement français, le syndicat réclame un doublement du Fonds chaleur et une augmentation « plus rapide » de la Contribution Climat Energie. Il souhaite aussi que le CITE donne « la priorité aux EnR par rapport aux énergies fossiles ». Cela pourrait prendre la forme d’un chèque énergie différencié par technologies, précise-t-on au syndicat. Autre proposition : le lancement d’appels à projets pour des réseaux de chaleur « vertueux » dans les communes de plus de 10 000 habitants. Concernant le chauffage au bois domestique, le syndicat demande : 1) une aide publique à la casse pour les foyers ouverts et les vieux appareils, 2) une TVA à 5,5% pour les combustibles bois, 3) un fonds d’investissement en faveur des projets de R&D des fabricants. D’autre part, le syndicat souhaite la création d’un réseau d’animateurs régionaux « pour aider au développement de la filière des PAC géothermiques ». Il demande aussi une campagne nationale d’exploration des aquifères peu connus, afin de lancer « une série d’appels d’offres » pour de nouveaux réseaux de chaleur géothermique sur ces zones non exploitées. Autres revendications du syndicat : 1) intégrer la production de froid renouvelable dans le Fonds Chaleur («pour encourager le remplacement des climatiseurs par des EnR», explique-t-on), 2) ouvrir les CEE aux panneaux solaires hybrides, 3) créer un taux réduit de TVA pour les réseaux de froid renouvelable des territoires ultra-marins. Enfin, le syndicat aimerait que la future règlementation thermique des bâtiments neufs s’appuie « au minimum » sur le niveau Energie 3 du label E+C-, ou que soit imposé un minimum d’EnR pour l’ensemble des bâtiments neufs.
Génie climatique : croissance plutôt satisfaisante des services d’efficacité énergétique
Le marché français des services d’efficacité énergétique (hors fourniture d’énergie) a totalisé, en 2015, 10,6 milliards d’euros, dont : 1,7 milliard en études et ingénierie (+14% sur 2013) et 8,4 milliards (+17%) en exploitation, installation et maintenance. Avec 3,8 milliards en exploitation de chaufferies collectives (+28%), 2,1 milliards en exploitation de réseaux de chaleur, 1,2 milliard en maintenance de chauffage individuel, 59 millions en maintenance et pilotage de GTB et 7 millions en commissioning. C’est ce qui ressort d’une récente étude du cabinet Gallileo Business Consulting pour l’Ademe. Cette étude parle, toutefois, de demande « encore peu mature ayant besoin d’accompagnement et de solutions clés en main intégrant le diagnostic, l’accompagnement pour la mise en œuvre d’actions, et le financement ».
A propos des établissements hospitaliers, l’étude constate que l’efficacité énergétique « est rarement perçue comme prioritaire », mais qu’elle suscite « de plus en plus d’intérêt ». C’est « un levier de réduction des dépenses énergétiques », souligne l’étude, qui évoque cependant « une réelle difficulté à susciter l’adhésion au sein des communautés hospitalières, ainsi qu’à faire évoluer les comportements de façon pérenne ». En ce qui concerne les immeubles de bureaux, l’étude observe que l’efficacité énergétique « est encore peu souvent un sujet de demande ou d’intérêt de la part des futurs locataires (en dehors de ceux ayant pris des engagements RSE) ». L’étude ajoute toutefois que « la haute performance énergétique est un argument supplémentaire permettant de justifier le prix de location ». Si l’efficacité énergétique est encore très rarement au cœur des discussions de commercialisation, la prise d’engagements de performance de la part des gestionnaires de sites tertiaires pourrait contribuer à renforcer la place prise par ce sujet, prévoit l’étude.
- EN BREF - Le marché mondial des climatiseurs et des PAC progressera de 5,13% en moyenne annuelle entre 2015 et 2020, à plus de 151 millions d’unités, selon une récente étude de la société américaine BIS Research. Il prend de la vitesse, notamment, à cause du changement climatique qui détériore les conditions météorologiques, observe l’étude.
- EN BREF - Pour la régulation, le chauffage, la ventilation et le conditionnement d’air des bâtiments, neufs ou existants, les dépenses mondiales en produits et services d’efficacité énergétique se sont élevées à 76 milliards de dollars en 2015, soit 27 milliards de plus qu’en 2014, vient d’indiquer un rapport de l’Agence internationale de l’énergie, qui estime par ailleurs que, toujours au niveau mondial, le chauffage et la production d’ECS ont représenté 50% de la consommation totale d'énergie des bâtiments en 2015, soit une baisse de 60% sur 1990, et ce en raison de normes et réglementations plus contraignantes.
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Exemple d'un numéro de ThermPresse : ThermPresse du 19 Juin 2017