Solaire thermique : encore bien des soucis, mais des raisons d’espérer
Lors des Etats Généraux de la chaleur solaire, récemment à Paris, ont été annoncés deux prochains lancements :
1) par Tecsol : d’un logiciel « on line » de conception et de dimensionnement d’installations solaires thermiques de production d’ECS (mais une ouverture au chauffage est envisagée à terme), 2) par Qualit’EnR : d’une formation « on line » consacrée à l’étiquetage énergétique des systèmes ST (solaires thermiques). Organisés par le syndicat Enerplan, ces Etats Généraux ont mis en évidence un paysage ST pour le moins contrasté, avec encore pas mal de soucis, mais aussi quelques raisons d’espérer.
En ST, la situation est aujourd’hui vraiment difficile, a souligné François Gibert (Enerplan). En individuel, face à la très forte concurrence du chauffe-eau thermodynamique, le marché ST continue de baisser en 2016 sur le même rythme qu’en 2015. En construction neuve, a ajouté M. Gibert, il n’y a « pratiquement plus » de ST en individuel, tandis que, en collectif, la part de marché du ST n’est plus que de 10%. En chaleur solaire, c’est tout un modèle économique qui doit être recréé, a-t-il poursuivi. Tout est à reconstruire. Et aucune amélioration n’est à espérer avant au moins 2018, a-t-il dit. Pour que le marché du ST croisse dans les années qui viennent, il faudrait « un coup de pouce » des pouvoirs publics, aux plans réglementaire et fiscal, a souligné M. Gibert.
Pour sa part, M. Mugnier (Tecsol) a observé que le ST devait faire face aujourd’hui à une « concurrence énorme » d’autres techniques de production de chaleur. De son côté, Joël Roland (du bailleur social Valophis) a déclaré que, en ST, il y avait « beaucoup de problèmes » en conception, installation et maintenance. En maintenance, M. Roland a souhaité un formation qualifiante pour les techniciens. Dans le même esprit, Xavier Cholin (INES) a jugé nécessaire la création d’un formation ST qualifiante pour les exploitants.
Pour sa part, Olivier Manteau (Fedene) a souligné qu’il était « très difficile » aujourd’hui de convaincre un architecte de l’intérêt du ST et que, par ailleurs, il n’était « pas évident » de réussir à intéresser au ST les techniciens de maintenance en génie climatique. Par ailleurs, en analyse de cycle de vie, le ST « est encore dans le flou, en phase d’apprentissage, il n’est pas encore prêt » pour la future réglementation 2018, comme l’a montré une étude du Crigen pour GRDF présentée par Anne-Sophie Seguis (GRDF).
Mais, par ailleurs, il y a aussi des raisons d’espérer. Au nom de la DHUP, Céline Mouvet, chef de projet réglementation thermique dans les bâtiments neufs, a rappelé que le futur label "énergie-carbone" aurait pour vocation, entre autres, de promouvoir la chaleur renouvelable et que, particulièrement en collectif, le ST avait là « une carte à jouer ».
A ce propos, toutefois, Mme Laplagne (Uniclima) a exprimé, au nom des fabricants ST, la crainte que la chaleur solaire puisse être « mal positionnée » dans ce nouveau label.
La connectivité : voilà une autre raison d’espérer - et aussi une façon de «rassurer» l’utilisateur, comme l’a rappelé Mme Laplagne. Olivier Godin (du fabricant Solisart) a déclaré que la connectivité permettait d’abaisser considérablement le coût de la maintenance ST, tandis que Gaël Parrens (de l’installateur Aqua Sun), s’exprimant au nom de l’ UECF, indiquait que la connectivité lui avait permis de supprimer les problèmes de surchauffe d’installations ST et que, par ailleurs, 95% de ses dépannages étaient désormais réalisés à distance. Autre raison d’espérer : le ST coûte de moins en moins cher. Ainsi, entre 2010 et 2015, la baisse de coût a été de 15% en CESI et de 20% en collectif, selon une étude présentée par le cabinet I Care & Consult. Cela étant, ces baisses ne sont pas suffisantes et il faut aller plus loin, ce qui serait possible si la France s’engageait dans un scénario ambitieux de développement du ST. C’est ce que met en évidence l’étude d’I Care & Consult : dans un tel scénario, on pourrait atteindre - surtout grâce à un accroissement des volumes de ventes - des baisses de coût de la chaleur produite de 35% en CESI et de 40% en CESC (chauffe-eau solaire collectif centralisé), entre 2016 et 2025, avec en outre un nombre d’emplois ST (directs ou indirects) qui, pour répondre à cette hausse de la demande, passerait d’environ 1 500 actuellement à 9 000 en 2020 et à 10 000 en 2023. En attendant, en ST collectif, l’organisation Socol (d’Enerplan) a d’ores et déjà développé divers outils « on line », gratuits, dont, dernièrement, un outil de mise en service dynamique dont l’usage sera obligatoire en ST, l’an prochain, pour l’obtention des subventions du Fonds Chaleur.
Génie climatique : comment évolue le marché français ?
En génie climatique, voici quelle est l'évolution du marché français selon les toutes dernières statistiques de l'INSEE :
INDICES DE CHIFFRE D’AFFAIRES :
- Commerce de gros de fournitures pour plomberie et chauffage : 99,9 en août 2016 (108,5 en août 2015).
- Fabrication de radiateurs et chaudières pour le chauffage central : 79,1 en août 2016 (78,2 en août 2015).
- Fabrication d’équipements aérauliques et frigorifiques : 97,5 en août 2016 (94,6 en août 2015).
- Travaux d'installation d'équipements thermiques et de climatisation : 114,9 en août 2016 (113,5 en août 2015).
INDICES DE PRIX DE PRODUCTION POUR LE MARCHÉ FRANÇAIS :
- Radiateurs et chaudières pour le chauffage central : 93,1 en septembre 2016 (93,7 en septembre 2015).
- Matériel aéraulique : 94,5 en septembre 2016 (98,2 en septembre 2015).
INDICES DE PRIX D’IMPORTATION :
- Radiateurs et chaudières pour le chauffage central : 108,3 en septembre 2016 (105,5 en septembre 2015).
- Equipements aérauliques et frigorifiques : 97,1 en septembre 2016 (102,5 en septembre 2015).
INDICES DE COÛTS :
- BT 40 (chauffage central) : 103,9 en juillet 2016 (103,8 en juillet 2015).
- BT 41 (ventilation et conditionnement d'air) : 108,1 en juillet 2016 (107,8 en juillet 2015).
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Exemple d'un numéro de ThermPresse : ThermPresse du 25 Janvier 2016