The Shift Project préconise des rénovations énergétiques de niveau BBC
Parmi les neuf propositions « prioritaires » que, dans un livre intitulé « Décarbonons ! » (Editions Odile Jacob), viennent de faire - au nom du Shift Project, groupe de réflexion sur la transition énergétique - André-Jean Guérin, ancien directeur de la Fondation Nicolas Hulot, Zeynep Kahraman et Jean-Marc Jancovici, figurent la rénovation « approfondie », « de haut niveau », des logements privés construits avant 1990 et celle de l’immobilier public non-résidentiel, et ce en visant le niveau BBC, d’ici à 2050.
En ce qui concerne l’habitat ancien, le livre recommande une « décarbonation du chauffage (PAC, solaire thermique, bois) », afin de « diviser par quatre les émissions des chauffages résidentiels ». Il propose l’établissement d’une « feuille de route » nationale, avec des objectifs chiffrés de rénovation et des «points d’étape tous les cinq ans». Autres propositions : des « bouquets de travaux prédéfinis » concernant la ventilation, les fenêtres et l’isolation, ainsi qu’un « passeport efficacité énergétique obligatoire pour chaque logement », passeport établi par un « professionnel » et comportant, non seulement un diagnostic énergétique initial, mais aussi une liste d’opérations à réaliser, « avec le degré de performance de chacune d’elles ». La communication de ce passeport serait obligatoire en cas de vente, préconise le livre. Il estime possible, grâce à la rénovation, de faire passer les émissions annuelles de gaz à effet de serre des bâtiments résidentiels privés, en Europe, de 450 MtCO2eq actuellement à 600 MtCO2eq en 2050. Et il observe que, en Europe, c’est d’ailleurs en France que le potentiel de réduction de ces émissions serait le plus grand, et ce assez nettement.
Par ailleurs, le livre recommande une obligation de rénovation énergétique de l’immobilier public non-résidentiel, en vue d’arriver à une consommation «quasi-nulle». Pour ces bâtiments, il recommande la création d’un «standard très bas carbone», particulièrement exigeant. Le secteur des bâtiments publics représente un fort potentiel en économie d’énergie pour les années à venir, rappelle le livre, qui juge « nécessaire une action rapide » en la matière, avec un objectif européen de réduction des émissions annuelles d’une centaine de MtCO2eq en 2050, et ce tout spécialement grâce à des «opérations d’envergure» qui, selon le livre, permettraient, en particulier, de «créer un volume minimum pour des investissements dans la production des équipements nécessaires». Par ailleurs, le livre qualifie le CPE d’« outil clef », tout en souhaitant qu’il soit « amélioré ».
Recul du solaire thermique en 2016 dans le monde
En raison de la faiblesse des prix des combustibles fossiles, les nouvelles installations solaires thermiques ont diminué de 8,5% l’an passé dans le monde, à 36,7 GWth, avec des reculs particulièrement marqués en Pologne (-58%), France (-35%), Autriche (-19%) et Israël (-16%). C’est ce qu’observe un récent rapport de REN21. Le rapport précise que l’Union européenne a été, en 2016, le deuxième marché solaire thermique (après l'Asie), avec une puissance nouvelle de 1,8 GWth (soit environ 2,5 millions de m² de capteurs), mais en recul de 6,4% sur 2015. A la fin de 2016, le parc installé européen s’établissait à environ 34,4 GWth, soit environ 8% du parc mondial - un parc mondial estimé à 456 GWth (contre 435 GWth un an plus tôt), pour une production annuelle d’environ 375 TWh. L’étude fait état par ailleurs, sur les dernières années, d’une montée en puissance des grands systèmes solaires thermiques de production d’ECS, particulièrement en habitat collectif et dans le secteur du tourisme. En 2015, le secteur tertiaire représentait 29% du parc solaire thermique mondial, mais 54% de la puissance nouvellement installée cette année-là. À la fin de 2016, l'Europe n’abritait pas moins de 290 grands systèmes solaires thermiques, pour une puissance totale de 1,1 GWth (soit 1,58 millions de m2), ce qui représentait environ 3% du parc solaire thermique européen.
L’étude observe d’autre part que 2016 a marqué un « tournant » dans l'industrie solaire thermique mondiale, avec une diminution de la demande provenant des propriétaires de maisons individuelles, demande qui, pendant de nombreuses années, avait été le segment majeur pour cette industrie, tandis que, toujours en 2016, les installateurs montraient « moins d'intérêt pour le solaire thermique », selon l’étude. Elle constate par ailleurs que la climatisation solaire est de plus en plus utilisée dans les bâtiments tertiaires quand le solaire peut fournir également de l'eau chaude toute l'année, mais que, globalement, la production de froid au moyen du solaire thermique a continué de souffrir en 2016 sur les marchés clés d'Europe et de Chine en raison de la baisse des prix du photovoltaïque (qui permet d’alimenter électriquement à bas coût des « chillers » électriques), ainsi qu’à cause de la faiblesse des prix des combustibles fossiles.
L’étude indique, d’autre part, que, en 2016, les plus grands fabricants de capteurs de tubes à vide ont été, encore une fois, comme en 2015, le groupe Sunrise East (avec les marques Sunrain et Micoe), Himin, Linuo Paradigma et Sangle, tous basés en Chine, tandis que les principaux fabricants de capteurs plans étaient Greenonetec (Autriche), Fivestar (Chine), Soletrol (Brésil) et Bosch Thermotechnik (Allemagne). Au début de 2017, ajoute l’étude, il y avait 53 fournisseurs de panneaux solaires PV-T (photovoltaïques-thermiques), dont 10 basés en Allemagne, 8 en Italie, 5 en France et 5 également en Suisse ; 38 de ces entreprises commercialisaient des panneaux PV-T non vitrifiés à eau ; 9, des panneaux à air ; 6, des modèles vitrifiés à eau.
- EN BREF - L'Union européenne a continué, l’an passé, à produire davantage de chaleur renouvelable qu’aucune autre région du monde, dont 61% pour le secteur des bâtiments. Et elle continue d'être un chef de file mondial en matière d’aides publiques en faveur du déploiement des techniques de chauffage et de refroidissement renouvelables. C’est ce qui ressort d’un récent rapport de l’association mondiale REN21, qui précise que, en 2016, 18,6% de la consommation européenne totale d’énergie pour le chauffage et le refroidissement a été satisfaite par des EnR (principalement de la biomasse solide), contre 14,9% en 2010.
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Exemple d'un numéro de ThermPresse : ThermPresse du 19 Juin 2017