Alors que l'Assemblée nationale a voté en octobre 2014 le projet de loi sur la transition énergétique avec des objectifs intéressants malgré des mesures encore insuffisantes, le Sénat a déstructuré le texte, lui enlevant plusieurs objectifs et mesures indispensables.
Le collectif Les Acteurs en Transition énergétique, dont l'Association négaWatt fait partie, a fixé fin février 6 points de non-compromis, sans lesquels la loi perdrait tout son sens. Parmi eux, la nécessité de fixer un objectif de réduction de la consommation d’énergie finale en 2030.
Depuis, le Sénat a adopté ce projet de loi - le 3 mars dernier -, laissant ainsi à une Commission mixte paritaire (composée de députés et de sénateurs) le soin de trouver un accord entre les deux chambres, le 10 mars. En cas d’échec, une nouvelle - et dernière - lecture de la loi sera proposée à l’Assemblée nationale.
Téléchargez le dossier de presse du collectif "Les Acteurs en Transition énergétique"
Cliquez ici Et Thierry Salomon, vice-président de l’Association négaWatt de commenter « Le Débat National sur l’Énergie l'a amplement démontré : pour réussir la transition, la sobriété et l'efficacité représentent la moitié du chemin à parcourir, l'autre étant le déploiement volontariste de toutes les énergies renouvelables. Le projet de loi voté en première lecture à l'Assemblée nationale avait fixé deux objectifs sur le niveau de la consommation d'énergie finale : - 50 % en 2050 par rapport à 2012, avec un point de passage à - 20 % en 2030. Si le premier est correct, le second était clairement insuffisant (le scénario négaWatt est à - 30 %), mais il avait au moins le mérite d'exister. Lors de l'examen de la loi au Sénat, la Haute Assemblée a supprimé tout objectif intermédiaire en 2030. Si cela est maintenu, les scénarios en cours de préparation au ministère, qui portent sur la période 2015-2035, ne seront tenus à aucune obligation pour 2030 ! Un tel recul rendrait de toute évidence inatteignable le premier objectif, la division par 2 d'ici 2050 de la consommation d'énergie finale. À titre d'exemple, si cette dernière restait stable jusqu'à 2030, l'effort à fournir pour rattraper ensuite le retard imposerait une diminution annuelle de la consommation d’énergie d’environ 47 TWh (47 milliards de kWh) par an... soit plus du double du rythme du scénario négaWatt sur cette période (-23 TWh/an) ! Ceux qui s'ingénient aujourd'hui à freiner à tout prix la transition auront alors beau jeu de clamer que c'est impossible. Alors, avant le vote final de la loi, pourrait-on suggérer très respectueusement à nos parlementaires de relire La Fontaine ? Rien ne sert de courir, il faut partir à point »Sources