En marge de la COP27, ce Jeudi 10 Novembre 2022, l’IFPEB (l’Institut Français pour la performance du bâtiment) a présenté à un vaste panel d’acteurs de l’immobilier un socle programmatique pour des bâtiments « compatibles neutralité carbone ». Ni un label, ni une certification, cette démarche permet de baliser un chemin concret et opérationnel vers la neutralité carbone.
« Un bâtiment ne peut pas être neutre en carbone, c'est impossible »
Pour Christophe Rodriguez, directeur adjoint, « le concept de neutralité carbone est impossible physiquement à l’échelle d’un bâtiment. Il existe néanmoins des axes programmatiques robustes permettant de réduire de façon immédiate son impact carbone. » L’Institut propose dans cette publication un état des lieux du chemin parcouru ces 30 dernières années ainsi qu’un socle opérationnel pouvant être largement déployé dans les opérations.
Ce socle technique, téléchargeable gratuitement, est le fruit de 8 mois de travail des membres de l’IFPEB dans le cadre de leur Groupe de Travail permanent Neutralité Carbone.
Parmi le sommaire ...
Ambition à l’échelle européenne, à l’échelle française
Intensifier l’usage : raisonner en kgCO2/personne
Consommer moins : sobriété, frugalité et réemploi
Consommer mieux : combiner les meilleurs vecteurs énergétiques
Impact carbone de l’énergie
Impact carbone des matériaux
Vers un Temps de Retour Carbone ?
Synthèse des piliers et objectifs à fixer
Bâtir sa trajectoire à l’échelle d’un patrimoine
Socle programmatique : Intensifier l’usage, consommer moins d’énergie, consommer mieux l’énergie, consommer moins de matériaux, consommer mieux les matériaux
Chantier à faible impact carbone
Vers une garantie de résultat environnemental
La publication est notamment composée d'éléments de décryptage (80 pages) et de fiches thématiques pour chaque levier de décarbonation : intensifier l'usage, consommer moins, consommer mieux.
Téléchargez le socle technique - Guide de 89 pages
Zoom sur … les axes fondamentaux d’un Bâtiment Compatible Neutralité Carbone
1) Le Bâtiment Compatible Neutralité Carbone ne cherche pas à afficher zéro, ce qui compte c’est le progrès mesuré chaque année
Le socle technique « Bâtiment Compatible Neutralité Carbone » s’appuie sur le référentiel Net Zero Initiative (NZI) proposé par Carbone 4. Il permet aux entreprises d’évaluer leurs efforts et leurs contributions à la neutralité carbone française grâce à trois indicateurs distincts.
• Réduire au maximum ses émissions de GES (pilier A, NZI) avec des objectifs de résultat.
• Aider d’autres bâtiments, d’autres secteurs à réduire leurs émissions de GES … (pilier B, NZI) avec des objectifs de moyen.
• Contribuer à augmenter les puits de carbone (pilier C, NZI) via des objectifs de résultat ou de moyen.
Ce qui compte c’est la mesure de la contribution du bâtiment et donc les progrès réalisés chaque année et pour chaque pilier. La trajectoire long terme compte moins que le progrès réel mesuré chaque année.
2) Le Bâtiment Compatible Neutralité Carbone active trois leviers programmatiques principaux
Un Bâtiment Compatible Neutralité Carbone s’appuie sur trois axes programmatiques principaux : Intensifier l’usage, consommer moins et consommer mieux. Pour chaque axe sont cartographiés : les ordres de grandeurs (où est le carbone ?), les leviers d’actions disponibles, les indicateurs objectivables et enfin des exemples concrets de mise en application.
2.1) Intensifier l’usage pour diminuer le besoin net en m²
Cette tendance de fond questionne l’utilisation même des bâtiments. Quelle performance environnementale pour un bâtiment peu utilisé ? De nombreux leviers existent et sont détaillés dans la publication. Intensifier l’usage, c’est basculer d’une performance au m² à une performance à la personne. C’est aussi accepter qu’un bâtiment très fortement occupé consommera plus d’énergie qu’un bâtiment peu occupé, mais présentera potentiellement une performance meilleure. En France, on estime l’empreinte carbone des habitants à 9,9 tonnes de CO2/personne (en 2019). Intensifier l’usage c’est se demander : comment la conception, l’exploitation de ce bâtiment contribuent-elles à baisser l’empreinte carbone de ceux qui l’utilisent ?
2.2) Consommer moins : faire mieux avec moins
Depuis le premier choc pétrolier, de nombreuses générations de réglementations thermiques dans le bâtiment se sont succédées. En cinquante ans, l’ensemble des acteurs du bâtiment a développé une culture commune de la sobriété et l’efficacité énergétique.
Le meilleur kWh et le meilleur matériau ont un point commun : on ne les consomme pas. Essentialiser le kWh ou le matériau utile pour ne consommer que le strict nécessaire : faire mieux avec moins.
2.3) Consommer mieux : une compétition bas carbone est lancée
Questionner l’impact environnemental du kWh ou du matériau mis en œuvre. Favoriser des énergies et matériaux décarbonés, voire contribuer à la séquestration carbone.
3) Il évalue son potentiel de décarbonation maximum
Le potentiel de décarbonation maximum implique d’évaluer le plancher technique de MDE (Maîtrise de l’énergie) pour diminuer au maximum sa consommation d’énergie (kWh/m².an). Et d’évaluer le potentiel d’accès à des énergies décarbonées pour diminuer au maximum son intensité carbone (kgCO2/m².an).
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