Cette étude a pour objectif de proposer une stratégie de soutien au développement de la filière photovoltaïque en France pour la période 2016-2020. Elle a été réalisée par l’ADEME de septembre 2014 à avril 2015, et finalisée en septembre 2015, alors que le Groupe de Travail sur l’Autoconsommation s’est terminé en juillet 2014 et que des ateliers de concertation dans le cadre de l’élaboration de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) ont été lancés au printemps 2015.
L’étude a pour socle la mobilisation de la filière française, à travers, d’une part, une enquête quantitative réalisée auprès de 1200 acteurs français et d’autre part, des entretiens avec plus de 50 acteurs-clés. Par ailleurs, cette étude a été l’occasion de modéliser les coûts, la rentabilité et les emplois le long de la chaîne de valeur de la filière photovoltaïque. Enfin, l’étude apporte un retour d’expérience d’autres pays.
1°) Le marché et la filière du photovoltaïque sont en pleine mutation
Le marché mondial du photovoltaïque aura profondément changé à l’horizon 2020, avec notamment un basculement de la demande vers l’Asie et le développement de modèles sans subvention.
- L’innovation et les volumes devraient continuer à faire baisser le coût des composants du système PV de l’ordre de -35% en 2025 par rapport aux couts 2014.
- Les modèles d’affaires (autoconsommation, flexibilité locale et agrégation de production) vont évoluer rapidement du fait de l’augmentation de la compétitivité de l’énergie PV.
- Un coût d’investissement PV en 2014 qui varie d’un facteur 3 en fonction de la puissance de l’installation: de 1,25€HT/Wc pour les grandes centrales à 3,5€HT/Wc pour les toitures résidentielles.
- En 2014, un LCOE pour une centrale au sol 1,6 fois plus élevé dans le nord que dans le sud (122€/MWh dans le Nord Pas de Calais contre 78€/MWh en PACA)
2°) Pour le marché français, le développement du PV sans subvention sera possible à partir de 2020
- La rentabilité des centrales au sol apparaît en 2021 dans le sud de la France. Elles seront de plus en plus compétitives face au marché à horizon 2025 dans le sud de la France
- La rentabilité de l’autoconsommation dépend à la taille des installations PV (effet d’échelle sur le coût de production), de la puissance souscrite (impactant le prix de détail d’achat de l’électricité) et du taux d’autoconsommation. Ce dernier sera souvent plus important pour des sites à vocation professionnelle (tertiaire, industrie) que pour le résidentiel.
- La rentabilité de l’autoconsommation sans stockage pour les grandes toitures apparaît en 2021 dans le sud de la France si les prix de marché et de détails restent similaires, et si 70% de l’énergie produite est autoconsommée.
- Pour des petits systèmes, sans stockage, pour lesquels une majorité de l’électricité PV serait autoconsommée, le seuil de rentabilité sans subvention pour les particuliers pourrait apparaître en 2020 dans le sud. Ce seuil dépend néanmoins fortement du taux d’autoconsommation.
- Les nouveaux modèles d’affaire, dont l’autoconsommation, créent peu de valeur, ils impliquent des transferts de valeur qui ne devraient pas créer d’emplois au global mais qui les déplaceront.
- Dans un scénario raisonnable de déploiement du PV sur les futurs bâtiments BEPOS, les constructeurs de bâtiments neufs pourraient déployer 800MW/an sur leurs bâtiments une fois la RT2020 en place. Pour une maison individuelle de 114m² SHON, cela correspond à 1,7kWc de PV soit 17m² de surface PV en toiture.
3°) Un bilan contrasté pour la politique publique PV en France
- La particularité de la politique de soutien française a été de soutenir, sur le segment des toitures, des installations « intégrées au bâti », dans l’objectif de développer une offre française.
- Cette politique de soutien a effectivement permis de créer un tissu industriel nouveau mais celui-ci est limité. Cette politique a manqué son objectif initial de placer des produits très innovants (dont des tuiles photovoltaïques, par exemple) sur une courbe d’apprentissage. La période initiale de cette politique (2006- 2009), caractérisée par des tarifs d’achat très élevés, pèse fortement sur le coût global du dispositif de soutien.
- Aujourd’hui, les systèmes IAB (« IAB structure » composés de modules standard et de structures d’intégration innovantes) sont concurrentiels avec les systèmes surimposés dans le neuf ou lors d’une rénovation/réfection de toiture, si l’élément de toiture qui est remplacé par le système IAB est cher.
- Le dispositif de soutien à la recherche et à l’innovation dans le domaine du PV est important et permet aux acteurs français d’être présents sur de nombreuses innovations.
4°) La filière française est encore à la recherche de son positionnement
- En 2014, les acteurs français sont en difficulté économique sur une majorité de segments de la chaîne de valeur, en particulier les fabricants de modules.
- Le nombre d’installateurs QualiPV est passé de 4000 en 2011 à 1000 en 2014, ce qui correspond à un gain en maturité sur ce segment de la chaîne de valeur, d’après les installateurs interrogés.
- Le nombre d’emplois directs de la filière a été divisé par 3 entre 2010 et 2014. Fin 2014, la filière compte 8000 emplois directs….
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