Par Alain MAUGARD, président de QUALIBAT le 04 Juillet 2019
Nous avons tracé jusqu’à présent un itinéraire montrant que le BEPOS pouvait être élargi du bâtiment à la ville, jusqu’au quartier, entraînant également un changement de comportement et de société. Ces changements y compris le changement de société ont été établis comme « plausibles » et sans obstacles proprement dits. Les prédictions se réaliseront-elles ? Plus vite ou moins vite que prévu ?
Faisons désormais une pose et restons attentifs à l’observation de ces prochains temps.Nous nous poserons les questions au fil du temps.
Une « saison » consacrée aux innovations nécessaires du secteur du bâtiment
La prochaine « saison » sera donc consacrée aux innovations que tous ces changements impliquent et à la capacité de tous les acteurs à les intégrer. En premier lieu, aux acteurs du bâtiment, donneurs d’ordres, concepteurs, installateurs, exploitants, industriels et sociétés de services !
La première séquence portera sur la façon de continuer à générer de la performance et dans des conditions de coûts acceptables. Au cours des précédentes chroniques, nous avons tracé un parcours du bâtiment à énergie positive vers l’horizon 2020, sans obstacle a priori. Néanmoins, la crise de l’économie et du bâtiment s’est désormais invitée à ce rendez-vous. Elle nous conduit à nous poser la question si la demande peut accepter et supporter le surcoût de la performance énergétique et avec quelle solvabilité.
La question s’est posée sur le fait d’atteindre l’objectif du gouvernement de pouvoir construire 500 000 logements/an, sachant qu’au mieux on a déjà atteint le chiffre de 400 000 et qu’actuellement nous sommes plutôt aux alentours de 320 000. A cela, rajoutons l’objectif des 500 000 rénovations/an également. Soit un objectif de 2 x 500 000 logements par an !
Il est clair que cet objectif majeur ne peut plus être soutenu par les aides de l’Etat, lui-même endetté. Seul un marché réel et une économie réelle doivent s’enclencher face à une demande qui est bien là. Cependant il y a un réel problème économique de prix, et tous les maîtres d’ouvrage nous disent qu’il faut baisser les prix.
L’innovation peut-elle apporter une réponse concrète à ces défis de la construction et de la rénovation ?
Peut-on développer des matériaux innovants et inventer de nouvelles façons de construire et rénover ?
La réponse a été largement débattue par le Groupe de Travail n°4, qui a été remis à la ministre Cécile Duflot le 21 Février 2014, un rapport de 66 pages dénommé « Objectif 500 000 ».
En tant que rapporteur général de ce groupe de travail, j’ai pu recueillir les sensibilités des différentes organisations professionnelles réunies autour du thème de l’innovation.
La 1ère réaction pour atteindre l’objectif des 500 000 logements neufs et pour que les prix baissent significativement, a été de s’attaquer aux baisses de prestations de construction. A prestations moindres, coûts moindres.
La seconde fut de s’intéresser à l’abaissement des contraintes réglementaires. Ainsi, grâce à un allègement des contraintes réglementaires et à une meilleure productivité, nous pourrions nous « payer » une amélioration des performances énergétiques et environnementales des logements. Une autre réaction a émergée, c’est que pour faire des gains de productivité, nous devions innover.
La question environnementale pèse
Avant de rentrer sur ces gains de productivité, il a été intéressant de noter que la réflexion de bon nombre de participants de ce groupe de travail élargissait le débat de la question énergétique à toute la question environnementale.
L’appétit pour plus de sobriété énergétique est toujours aussi présent certes, mais il ne serait pas si ultime que cela. On aurait peut-être surestimé l’aspect énergétique en comparaison de l’aspect environnemental quelque peu délaissé par rapport aux objectifs Grenelle de bas carbone.
Tout le monde ayant noté que déjà avec la RT2012 l’avancée du bâtiment sur le plan des moindres consommations d’énergie est déjà importante. Or, la gestion de l’eau, des déchets, des équilibres environnementaux en général sont également importants sinon plus car ils « émergent » désormais de plus en plus.
Il s’agit de passer le plus vite possible de la vision énergétique actuelle à la vision environnementale du bâtiment ! Soit la direction tracée vers un « BEPOS environnemental » à qualités énergie positive et environnementale.
Futur label à venir, oui mais à qualités environnementales
Devons-nous attendre comme à l’accoutumé des prochains labels HPE et THPE basés sur un renforcement de la RT 2012 et sur le seul aspect énergétique ?
Ou devons-nous d’ores et déjà penser à 2020 et définir un label proche du BEPOS bâtiment à énergie positive et à qualité environnementale ?
C’est la question que nous aborderons lors de ma prochaine chronique.
Alain Maugard