Par Alain MAUGARD, président de QUALIBAT le 04 Juillet 2019
Nous avons vu précédemment qu’il y a différents BEPOS. Différents en fonction des zones climatiques, intégrant d’autres usages ainsi que l’énergie grise, intégrant plutôt l’éco mobilité pour la maison individuelle, la notion de l’îlot pour l’immeuble collectif en zone dense, …
Maintenant en 2013, quelle est la feuille de route pour y arriver dans huit ans et que pouvons-nous faire dès à présent pour lancer la machine industrie ? C’est l’objet de la présente chronique.
Annoncer le BEPOS, c’est salutaire pour tout le monde !
Avec la projection du BEPOS nous sommes bien loin du simple bâtiment BBC pourtant le premier marchepied vers l’objectif BEPOS. Celui-ci risque de nous amener à une véritable révolution industrielle et révolution de la filière bâtiment. Le passage au niveau BBC s’est fait comme nous l’avons rappelé antérieurement en douceur sans grande difficulté, sans grande innovation.
Le passage au stade BEPOS ouvrira nécessairement une nouvelle ère de construction, une nouvelle gestion des consommations, et une nouvelle industrie.
Ainsi nous nous apercevons que plus vite nous annonçons à tous les acteurs industriels, concepteurs architectes et bureaux d’études, et maîtres d’ouvrage l’itinéraire BEPOS, plus vite nous allons créer une dynamique de créativité à tous les niveaux. Et de ce fait, vont se faire dès à présent les bonnes innovations technologiques, et la filière bâtiment se préparera dans les meilleures conditions à l’échéance 2020.
Pour y arriver, nous allons passer par le stade de labels qui ont toujours vus le jour pour préparer une nouvelle réglementation thermique. Nous pensons qu’il faudra 2 générations de labels avant
le BEPOS réglementaire de 2020. Premièrement un BEPOS immédiat, celui que l’on peut mettre en place rapidement et qui a été finalisé en ce début 2013, appelons le label BEPOS 2013*. Et ensuite nous pensons qu’il faudra un deuxième label BEPOS dénommé BEPOS génération 2018. (*son nom est label Effinergie BEPOS)
Le premier BEPOS 2013 intègre tous les usagers ainsi que la notion d’énergie grise, à minima au travers d’une évaluation, ce qui permettra au moins d’être informé.
Il faudra également annoncer le plus rapidement possible les bases du label BEPOS 2018 qui intégrera les notions d’autoconsommation de stockage ainsi que de niveau carbone.
En fait si nous sommes capables de développer le label BEPOS 2013 ainsi que d’annoncer le label BEPOS 2018, ne serait-ce que dans les grandes lignes, nous rendons un service énorme à tous les acteurs de la construction et de l’industrie. Et nous mettons ainsi tous les acteurs sur les voies des innovations pertinentes, sans perdre de temps vis-à-vis de nos voisins notamment les allemands qui en sont déjà à la phase d’autoconsommation et de tarifs différenciés !
Ces idées ne sont pas uniquement personnelles, elles sont partagées par un certain nombre d’experts et elles doivent être communiquées, au plus grand nombre pour créer une dynamique. Pour l’industrie française c’est une des voies du redressement. Pour le bâtiment c’est un challenge unique.
Après la construction neuve le BEPOS dans la rénovation suivra même si la « mise en musique » est plus complexe. La manière de généraliser le BEPOS bien évidemment consiste à le développer à partir de la construction neuve de manière à indiquer la voie aux industriels. Avec un effet retard, la rénovation profitera de toutes les innovations, de toutes les méthodologies et de tous les retours d’expérience venant de la construction neuve.
Qui bénéficiera de la valeur ajoutée ? Le bâtiment ou l’industrie ?
La question économique se posera bien entendu, car on ne pourra pas accepter des prix déraisonnables ; forcément nous assisterons à un premier surcoût des prix mais ensuite naturellement à un affaissement de ces prix. Celui-ci interviendra grâce à la révolution industrielle qu’implique le BEPOS. Mais au final, nous assisterons à une augmentation de la valeur ajoutée du bâtiment.
En ce qui concerne la filière, le monde des entreprises du bâtiment et des artisans ne devra pas être simple spectateur. Il est bien évidemment acteur afin de s’engouffrer dans ses différents et nouveaux marchés. Cela fera forcément appel à une nouvelle génération d’artisans et d’installateurs, forte en qualité et en compétences. Qui prendra la place ? Les grandes entreprises du bâtiment ? Les artisans ? L’industrie ?
L’industrie au service du bâtiment peut-être y voir effectivement un enjeu. Prenons l’exemple du Japon où des firmes comme Toyota construisent des maisons individuelles. En France, des leaders de l’automobile comme Peugeot Renault qui ont des difficultés que nous connaissons, ne seraient-ils pas tenté de modifier leurs chaînes de montage afin de les destiner à l’efficacité énergétique au service du bâtiment ? Et pourquoi pas une réorientation partielle de leurs activités vers le BEPOS industrialisé ? Déjà ne se rapprochent-ils pas en fabriquant des véhicules hybrides et des véhicules électriques ?
Aujourd’hui ces mêmes industriels sortent des véhicules électriques. Demain, la maison BEPOS étant liée à la voiture, ne pourrions-nous pas trouver des packages, c’est-à-dire un véhicule plus maison le tout standardisé. Très rapidement ne devrait-il pas présenter le véhicule électrique et la maison qui va avec le véhicule électrique ?
Maison autonome avec stockage dans le véhicule électrique, est-ce une idée complètement folle ?
Le danger pour le monde du bâtiment, est qu’il ne soit pas exposé au modèle IKEA, c’est-à-dire que les professionnels deviennent comme le sont les particuliers pour les meubles : de simples monteurs par rapport à une industrie forte et dominante car fabriquant à bas coût.
La balle est dans notre camp et il faudra jouer dans peu de temps la partie. Installateurs du bâtiment, ingénieurs, industriels, nous avons juste le temps de nous préparer, commençons dès aujourd’hui !
Nous ne devons pas attendre. Le BEPOS est parfaitement en ligne avec la politique de transition énergétique qui se dessine en France, que l’on décide ou non de réduire rapidement la part nucléaire de 75 à 50% ; personne ne remet en cause la nécessité urgente d’aller vers un BEPOS tant les avantages sont nombreux.
Comment résoudre la question financière ? C’est un point important, néanmoins des idées de financement pourraient être imaginées. Par exemple, nous pourrions imaginer que le financement serait facilité par la fermeture décalée des différentes centrales nucléaires. Si nous décalons de quelques années la fermeture programmée d’une centrale nucléaire, à condition que les conditions de sécurité soient réunies, nous pourrions bénéficier d’un prix économique largement amorti pour dégager une marge qui servirait à financer le BEPOS et les réseaux qui vont avec. Car il est clair que si nous arrêtons la centrale plus tôt, le prix de l’électricité va augmenter.
L’idée est la suivante : j’adopte un tarif de l’électricité en ligne avec l’arrêt de la centrale et je crée ainsi une taxe sur la rente financière que dégage la centrale nucléaire. Je trouve ainsi un moyen et de plus non carboné de financer le BEPOS et plus généralement l’avènement des ENR décentralisées.
En effet, dans un monde où se généralisent les ENR, nous aurons à « amortir » leur intermittence au niveau de chaque bâtiment à celui de l’ilot et même de la joue urbaine. Les échanges entre producteurs et consommateurs d’énergie se feront par des smart-grids qu’il faudra doter de moyens de stockage.
Cela représente des investissements importants qu’il faudra financer : dans ce contexte la « rente nucléaire » sera la bienvenue.
Alain Maugard
Le Bepos ouvre la voie de l'échelle industrielle et je pense européenne. Nous avons su être leader avec Airbus dans l'aéronautique, nous avons su être leader avec Ariane dans l'aérospacial, nous pourrions être leader dans l'industrie photovoltaïque en nous regroupant avec les Allemands et les Espagnols! Lançons nous ensemble et nous assurerons la "transition énergétique et industrielle"