Par Alain MAUGARD, président de QUALIBAT le 04 Juillet 2019
Nous avons vu que la demande devait être prise en compte, respectée car nous devons nous appuyer sur elle pour que la génération 2020 des bâtiments soit attendue avec « gourmandise ».
Les occupants souhaitent, au premier chef, un nouveau confort.
1/ Commençons par le confort thermique
Le « 19 degrés », l’hiver, n’est pas une température de confort
Toutes les réglementations thermiques sont fondées sur une optimisation de l’efficacité énergétique avec une température de 19 degrés pendant la saison froide.
Or, toutes les enquêtes nous prouvent que la température de confort en hiver est plutôt située entre 21 et 22 degrés.
Elle dépend de l’effet « paroi froide », de l’enveloppe intérieure ; plus près de 22 degrés et au-delà s’il y a « paroi froide » plus près de 21 degrés si ce n’est pas le cas.
Il faut avoir le courage de dire que les bâtiments 2020 seront occupés l’hiver avec une température de confort de 21 à 22 degrés.
Bien sûr, le bilan énergétique sera moins bon qu’à 19 degrés. En fait, quand on y regarde de plus près, la réglementation thermique tient compte de la variation spatiale et de la variation temporelle, ce qui conduit à la prise en compte d’une température de fait de 20 degrés. Donc, on estime à 15% le surcroît de consommation chauffage lorsqu’on passe de 20 degrés à 21-22 degrés. En chiffre absolu, compte tenu de la faiblesse de la consommation chauffage des bâtiments RT 2012, cette augmentation est faible.
Mais les solutions optima à 21-22 degrés ne sont pas les mêmes qu’à 19 degrés. Ainsi, nous nous rapprocherons des situations réalistes et les occupants pourront vérifier, à cette température de confort, la performance énergétique de leurs bâtiments.
Il faut donc affirmer avec force : le bâtiment 2020 doit offrir un nouveau confort d’hiver.
2/ Le confort d’été sera de plus en plus nécessaire sous nos latitudes
Il faut se rendre à l’évidence, le réchauffement climatique est en route ; les températures, l’été, sont et seront de plus en plus élevées.
Pour le logement, nous avons fait l’impasse sur la climatisation en pensant que le rafraichissement naturel serait suffisant pour assurer le confort d’été.
Mais comment imaginer un mode de vie dans lequel les lieux de travail (bureaux et autres locaux industriels) sont climatisés, où les commerces sont climatisés, les salles de spectacles aussi, l’automobile aussi et seuls les logements ne le seraient pas. Or, le logement, c’est le lieu du repos et l’on espère y trouver le confort thermique d’été, particulièrement dans les chambres.
Je pense qu’il est temps d’être réaliste et d’envisager, pour les zones climatiques non tempérées en été (continental chaud et Sud de la France), des solutions de substitution par climatisation dans les cas où le rafraichissement naturel atteindrait ses limites.
Le bâtiment 2020 devrait envisager la climatisation comme solution aux périodes de fortes chaleurs.
C’est d’autant aberrant, que les solutions ENR photovoltaïques donnent leurs meilleurs rendements dans ces périodes-là. Nous disposons donc d’une énergie verte abondante qui pourrait être le support à des solutions de climatisation.
Les solutions de rafraichissement peuvent être envisagées en premier et la climatisation ne viendrait que lorsque celles-ci sont insuffisantes ou défaillantes.
Le rafraichissement passe par trois voies : les matériaux qui procurent un effet « paroi froide », l’inertie qui est une voie efficace s’il n’y a pas de périodes prolongées de canicule et la ventilation naturelle ou « provoquée », les fameux courants d’air qui fonctionnent si la nuit est suffisamment fraîche.
3/ Les nouveaux marqueurs du confort thermique du bâtiment 2020
La fin des « 19 degrés » et l’avènement de la climatisation intelligente et sobre, en complément du rafraichissement naturel, seraient les marqueurs du confort thermique du bâtiment 2020.
Il faut aussi veiller au confort thermique dans les saisons intermédiaires car dans ces saisons, il s’agira d’utiliser au mieux « l’enveloppe » avec de surcroît des pièces tampons.
Il sera nécessaire d’être attentif aux solutions qui ne sont optimisées que pour l’hiver ou que pour l’été. Ainsi, nous offrirons une maîtrise du confort thermique toute l’année.
En nous plaçant du point de vue du confort thermique, nous ouvrons, en fait, la voie de la qualité thermique ; il faudrait que l’on puisse, comme en acoustique, passer du confort acoustique à la qualité acoustique ; et en continuant la comparaison, de la même façon, que l’on parle de « l’acoustique » d’une salle pour désigner sa personnalité acoustique, il faudrait que l’on en arrive à parler de « la thermique » d’une salle ou d’une pièce pour désigner sa personnalité thermique.
Alain Maugard
Je me permets cette remarque : personne ne croit que le 19°C "réglementaire" est satisfaisant durant un période de froid comme celle que nous connaissons actuellement. Outre l'effet de paroi froide - même s'il s'amoindrit grâce aux bonne règles - il restera que nous attendons des températures de 21-22 °C pour remonter la température du corps lorsque nous venons de l'extérieur.
Faut-il de plus noter que si "les réglementations thermiques sont fondées sur une optimisation de l’efficacité énergétique avec une température de 19 degrés", la satisfaction du besoin de confort restera une priorité pragmatique chez ceux qui conçoivent, réalisent et exploitent ?