Dans le bâtiment, tout est bon ! Rien n’est à jeter!

Par Dominique BIDOU, président d'honneur de l'Alliance HQE-GBC France le 09 Février 2022


« Dans le cochon, tout est bon » expression d’une sagesse populaire, pourrait bien redevenir une ligne de conduite incontournable, et pas seulement pour le cochon, pauvre bête. Une manière plus populaire et plus utilitariste de dire que « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », comme disait Lavoisier.

bâtiment

Dans le bâtiment, tout est bon, comme le dans le cochon ! Rien à jeter, tout à récupérer !


Hier, c’était le cochon. Dans le cochon, tout est bon. Aujourd’hui, c’est le poisson

C’est un article du journal Le Monde [1] qui nous l’apprend : En Islande, dans le poisson tout est bon. « De plus en plus d’entreprises tirent des utilisations cosmétiques ou médicales parfois surprenante des parties autrefois considérées comme des déchets, comme la peau et les viscères ». Résultat : la valeur tirée d’un kilo de poisson a doublé en 20 ans. Ajoutons la création d’emplois, pour la recherche et la transformation, et une forte baisse des prélèvements, permettant une reconstitution du stock de poissons.

Rien que du bonheur. Il est donc possible d’intensifier l’usage de la ressource primaire, de gagner plus d’argent, de créer des emplois et de faire du bien à l’environnement. C’est un état d’esprit qui l’a permis. Au lieu d’intensifier les captures, au risque de mettre en danger la poule aux œufs d’or, le cabillaud en l’occurrence, c’est son usage qui est intensifié. Voilà un modèle à suivre, bon pour la nature, l’emploi (en nombre et en qualité) et pour l’économie. L’intensité au bon endroit. Peut-on le transposer dans d’autres secteurs ?


Essayons avec le bâtiment

Premier objectif : loger, ou offrir de bonnes conditions de vie, de travail ou de loisirs. Pas question de réduire la performance sur ces points. Peut-on ajouter d’autres objectifs, peut-on exploiter d’autres aspects d’un bâtiment ? Peut-il produire de l’énergie ? Ce serait un beau retournement, comme la transformation de déchets de poissons en richesse.

Le secteur du bâtiment consomme en France à peu près 45% de l'énergie. Aujourd’hui, on sait construire une maison qui ne consomme presque rien, sans que ce soit une grotte, avec des fenêtres minuscules, et des murs d'un mètre d'épaisseur, consommant au passage des tonnes de matières à extraire dans des carrières. Pour se chauffer, très peu d'énergie est nécessaire, compte tenu de l'isolation et des « apports gratuits ». Il faut quand même se laver, et l'eau chaude, ce n’est pas si mal. Il faut se nourrir, donc conserver des aliments au froid, et cuisiner. Sans oublier un coup d’aspirateur de temps en temps, la télévision et ses accessoires, l'ordinateur, le lave-linge et la machine à laver la vaisselle, la radio, etc.

Pourquoi ne pas essayer de produire sur place ce dont nous avons besoin, avec des dispositifs de captage d'énergies renouvelables, comme le solaire, ou l'éolien qui peuvent produire de l’électricité. Si la production est supérieure à la consommation, nous obtenons une maison à énergie positive. Pourquoi s’arrêter là ? L'énergie captée par la maison n'est pas liée au fonctionnement de la maison, mais au simple fait qu'elle offre des surfaces adaptées à la collecte d'énergie, toit et façades. L'énergie renouvelable se collecte justement sur des surfaces, et l'efficacité du dispositif dépend, en un lieu donné, de leur orientation, de leur inclinaison, des ombres portées par les bâtiments voisins.

Pour récupérer le maximum d'énergie, utilisons toutes les surfaces disponibles, et configurons les maisons pour cela. Le bâtiment devient ainsi une centrale de production d’électricité. Un ouvrage, deux fonctions.


Continuons dans cette voie. Parlons de l’eau de pluie

Le bâtiment provoque spontanément l’imperméabilisation des sols. Peut-on, là encore, retourner la situation, et en faire un instrument de régulation du régime des eaux ?

D’abord avec un circuit court, l’usage d’une partie de cette eau du ciel pour répondre aux besoins du bâtiment. Ensuite, le toit devient un site de stockage et déstockage de l’eau de pluie, la cour ou le jardin conservent une capacité d’infiltration, aidés s’il le faut de dispositifs d’infiltration.


Parlons ensuite de biodiversité

A priori stérile, le bâtiment peut-il accueillir la vie sauvage ? Des gîtes protecteurs, dans le bâti lui-même ou dans les espaces extérieurs, seront ménagés. Ils accueilleront des insectes et autres petits animaux comme les lézards. Des couples d’oiseaux y feront leur nid. Après le gîte, le couvert. Des plantations d’arbres ou d’arbustes offriront fleurs et fruits. Le bâtiment devient une micro réserve naturelle.

Il peut aussi devenir mur anti-bruit, et freiner la propagation des décibels grâce à une structure urbaine conçue pour prendre cette question en charge. Et nous pourrions ajouter bien d’autres fonctions comme la contribution au paysage, qu’il soit urbain ou rural.


Dans le bâtiment tout est bon !

A condition d’y penser et de réunir toutes ces qualités, ou certaines d’entre elles au moins, dans un projet architectural finement inscrit dans son environnement. Dans un monde « fini », la recherche du meilleur profit, le meilleur service pour le développement humain, de chaque intervention humaine offre des opportunités de progrès. Le bâtiment en donne une bonne illustration, comme la pêche au cabillaud de nos amis islandais.


[1] Dans le poisson islandais, tout est bon, tout se transforme de Marie Charrel - Le Monde des 17 et 18 Octobre 2021



Commentaires

Aucun commentaire actuellement, soyez le premier à participer !

LAISSER UN COMMENTAIRE

ABONNEZ-VOUS !
En validant ce formulaire, vous acceptez que les informations saisies soient transmises à l’entreprise concernée dans le strict respect de la réglementation RGPD sur les données personnelles. Pour connaitre et exercer vos droits, vous pouvez consulter notre politique de confidentialité
Reférencement gratuit

Référencez gratuitement votre société dans l'annuaire

Suggestions

Décarboner à tout prix le bâtiment aura-t-il un prix ?

Décarboner à tout prix le bâtiment aura-t-il un prix ?

Voici la réflexion de la filière du PBD et du CSTB établie en début d'année sur la Feuille de route décarbonation du cycle de vie du bâtiment .


L'université d'Avans économise 40 % d'énergie grâce aux solutions Priva

L'université d'Avans économise 40 % d'énergie grâce aux solutions Priva

Grâce aux solutions Priva, l'université d'Avans a pu réaliser 40% d'économie d'énergie.


Présenter les innovations aux acteurs du marché lors d’EnerJ-meeting Paris 2023

Présenter les innovations aux acteurs du marché lors d’EnerJ-meeting Paris 2023

Découvrons l'impact d’EnerJ-meeting qui a rempli sa mission de carrefour de la filière bâtiment.


Rénovation énergétique : installateurs, devenez des partenaires référents

Rénovation énergétique : installateurs, devenez des partenaires référents

Hellio propose un accompagnement pour la rénovation énergétique, découvrez ce partenariat.


Comment produire efficacement de l'ECS avec une pompe à chaleur ?

Comment produire efficacement de l'ECS avec une pompe à chaleur ?

Découvrez comment produire efficacement de l'ECS avec une pompe à chaleur grâce à Elco.


Transition énergétique : La trajectoire européenne alternative par Clever

Transition énergétique : La trajectoire européenne alternative par Clever

Début Juin, un rapport édité par le groupe de réflexion européen Clever, piloté par négaWatt, proposant des solutions pour le bâtiment, le transport et l’industrie.


La décarbonation des logements : comment changer de rythme ?

La décarbonation des logements : comment changer de rythme ?

Avec le plan présenté par le SGPE, celui-ci retient trois lignes d’action d’importance très inégale pour réduire les émissions de 28 Mt de CO2.


L’audit énergétique, l’étape fondamentale pour une rénovation performante

L’audit énergétique, l’étape fondamentale pour une rénovation performante

L'audit énergétique pour une rénovation performante a été au coeur des débats d'EnerJ-meeting Nantes 2023.


RE2020 et construction bois - Le guide pratique pour les logements collectifs et individuels

RE2020 et construction bois  - Le guide pratique pour les logements collectifs et individuels

Le CODIFAB a financé la rédaction du guide pratique RE2020 ET CONSTRUCTION BOIS par Pouget Consultants et Bastide Bondoux destiné aux constructeurs de logements collectifs et maisons individuelles.


Le solaire thermique séduit le non résidentiel

Le solaire thermique séduit le non résidentiel

Lors des « États généraux de la chaleur solaire » organisés par Enerplan en Juin dernier, les participants ont bien montré le potentiel de cette solution technique.


Réseaux de chaleur, acteurs majeurs pour réduire l’empreinte carbone

Réseaux de chaleur, acteurs majeurs pour réduire l’empreinte carbone

L'AQC partage un article sur le levier majeur de la transition énergétique : les réseaux de chaleur


Guide des solutions de pompes à chaleur dans l’habitat collectif

Guide des solutions de pompes à chaleur dans l’habitat collectif

Des solutions de pompes à chaleur pour l'habitat collectif : c'est que propose le Guide réalisé par l'Afpac !


RE2025 : oui les solutions hybrides gaz sont pertinentes pour décarboner les logements neufs

RE2025 : oui les solutions hybrides gaz sont pertinentes pour décarboner les logements neufs

Les solutions hybrides gaz ont toute leur place dans l’offre produits de 2025 afin de décarboner les logements neufs.


Energies renouvelables et nucléaire, la bande dessinée et son Corrigé

Energies renouvelables et nucléaire, la bande dessinée et son Corrigé

Découvrons la bande dessinée « Le Monde sans fin, le Corrigé » relative à la vision sur le changement climatique et sur la transition énergétique.


Rénovation et nouvelle vie de la Tour Racine, mixité d’usage, réemploi et biodiversité

Rénovation et nouvelle vie de la Tour Racine, mixité d’usage, réemploi et biodiversité

Voici le retour d'expérience d'une rénovation remarquable, celle de la Tour Racine qui offre mixité d'usage, réemploi des matériaux et biodiversité