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Le solaire photovoltaïque et la cogénération : bons ou mauvais choix ?

Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019

Certains lecteurs reprocheront certainement à cette lettre d'être pessimiste sur le solaire, mais nous n'en avons pas fini car nous allons aborder le photovoltaïque. Par la même occasion nous aborderons le problème de la cogénération. Ce sont des domaines qui posent potentiellement beaucoup de questions que l'on semble vouloir escamoter. Ce qu'il y a à craindre (le passé du solaire le prouve) c'est que les solutions abusivement vantées et mal circonscrites, ne s'effondrent tôt ou tard.

Pourquoi êtes-vous aussi pessimiste ?

Soyons clair, il y a deux sources de confusion regrettables :
1. le marché du photovoltaïque n'est pas parfaitement mûr, et ce pour des raisons multiples, ce qui peut conduire à des échecs locaux,
2. le domaine est bourré d'affirmations utopiques, alors que le photovoltaïque ou la cogénération peuvent être parfois justifiés, mis dans des conditions bien précises.

Qu'entendez-vous par là ?

Limitons-nous d'abord au premier aspect : le marché du photovoltaïque, lequel subit actuellement un développement anarchique. On se plaint, un peu partout, du manque de silicium. Partout, ou presque, se posent des problèmes industriels. Quand nous avons essayé de fabriquer (avec l'Unesco) des panneaux photo-voltaïques en Afrique de l'Ouest (pour le pompage) des obstacles industriels nombreux nous ont été mis dans les pattes, jusqu'à l'annulation des projets. C'est donc un secteur industriel assez ingrat. Autre exemple : la Chine, qui assure déjà 20 % de la fabrication mondiale, en exporte 90 %. De sorte que les autorités gouvernementales chinoises étudient le moyen d'en réserver beaucoup plus pour la Chine elle-même ce qui pourrait également bouleverser le marché. Ceci dit venons-en aux aspects techniques.

Quels sont-ils ?

Prenons d'abord le photovoltaïque. Le problème est le suivant : qu'adviendra-t-il de cette solution si elle atteint un développement local extrêmement poussé ? Et ce, pour deux raisons.
1. L'électricité produite un dimanche d'été par des panneaux bien ensoleillés risque d'être inutilisable en l'absence de stockage: qu'en fera alors le réseau auquel nous la revendrons?
2. Le prix d'achat de cette électricité, qui est un prix de subvention quel que soit son titre, risque de diminuer sérieusement dans l'avenir. En effet, lorsque vous revendez de l'électricité au réseau vous bénéficiez d'un tarif de 0,50 euros par kilowattheure, ou un peu plus : c'est nettement supérieur au tarif économiquement justifié, donc pas forcément générateur de bonnes décisions.
Il va falloir regarder de près cette idée selon laquelle on peut laisser réaliser des parcs entiers de panneaux solaires locaux, sans se préoccuper de leur avenir y compris de leurs charges d'entretien.

Vos critiques sont-elles les mêmes pour la cogénération ?

Il s'agit ici de la cogénération locale (décentralisée) qui pourrait bien devenir (effet de serre en cause) de la tri-génération : électricité + chauffage + rafraîchissement. Le justificatif est, en principe, que cette solution permet de réduire les dégagements de CO2. Dans la majorité des cas, en France surtout, c'est inexact. Il n'y a d'ailleurs pas qu'en France où le problème se pose : vous en trouverez un exemple dans ma dernière lettre. Le sujet doit être abordé avec prudence, ce qui n'est pas le cas d'un certain nombre de discours plus ou moins publics.

Que conseillez-vous finalement ?

De faire attention aux réalités plus qu'aux conventions. Car ces réalités risquent d'avoir des conséquences sévères lorsque nous négligeons le but véritable. Dans beaucoup de cas actuels par exemple, on ne tient absolument pas compte de l'équipement du producteur d'électricité. Or, avec l'ouverture européenne aux fournisseurs les plus divers, nous risquons de sérieuses erreurs.

Que voulez-vous dire ?

Si nous continuons au train actuel nous serons tout naturellement conduits à ne pas inciter les distributeurs d'électricité à adopter des systèmes de production moins générateurs de CO2. Et ce alors que cette production dépend beaucoup des sources et des techniques utilisées, Dans le système français actuel (RT), comme nous opérons avec les mêmes bases pour tous, il peut vous arriver de justifier la production locale sans tenir compte des caractéristiques du fournisseur en réseau, lequel peut être aussi bien un très faible émetteur de CO2 qu'un très fort producteur de CO2.

Roger CADIERGUES

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