Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
14 Avril 2009
Dans l'examen critique des décisions réglementaires et voisines en perspective j'ai - ces deux dernières semaines - émis quatre souhaits : qu'on privilégie les principes et non pas la manière de faire, qu'on privilégie d'abord les spécifications concernant les composants, qu'on privilégie les aides plus que les obligations, qu'on se place dans une optique futuriste et non pas passéiste. Aujourd'hui je voudrais d'abord revenir sur le deuxième point : qu'on privilégie d'abord les spécifications concernant les composants.
Y a-t-il une raison à cela ?
Oui, car Bruxelles s'agite sur le sujet. En clair il s'agit, plus ou moins, de retirer purement et simplement de la vente les composants qui n'auraient pas des performances suffisantes. Prenez l'exemple des usages électriques résidentiels. Pour l'éclairage c'est déjà clair : l'interdiction programmée à la vente des lampes de trop faible efficacité (l'incandescence surtout). Il faut bien se rendre compte que ce n'est pas le seul poste énergétique qui soit en cause. Ceci dit, je laisserai de côté les usages proprement domestiques tels que le froid : l'étiquetage énergétique est déjà en place. Avec des résultats assez probants. Mais il est d'autres produits où l'intervention serait plus ambitieuse mais néanmoins au moins aussi valable. Et moins marquée par de courtes vues.
Que voulez-vous dire par là ?
Il ne s'agit pas de se borner aux produits consommant finalement de l'énergie, il s'agit de chiffrer l'énergie dépensée par chaque produit, au cours de son utilisation, mais aussi lors de sa fabrication et de son approvisionnement (ce que j'appelle souvent " l'énergie grise "). C'est avec cet objectif que la Commission prépare une directive européenne sur les produits (PuE, EuP en anglais), qui devrait servir de cadre aux actions futures, et qui correspond au souhait que j'ai plusieurs fois exprimé. Rien ne doit être épargné : c'est ainsi que les isolants et les doubles ou triples vitrages devraient être inclus dans l'examen, alors qu'on néglige généralement cet aspect parce que l'on ne tient compte que des consommations finales.
Quels sont donc les produits inclus ?
57 groupes de produits ont été pris en compte au départ, vingt groupes étant finalement retenus pour un premier examen. Cela va des aspirateurs, des téléviseurs ou des ordinateurs individuels aux produits nous concernant plus directement. Plus clairement, et en nous limitant à notre domaine et aux premières approches : les chaudières, les chauffe-eau, les moteurs électriques (>150 kW) et les équipements électriques de secours, les appareils domestiques de ventilation et de climatisation, nos pompes et nos ventilateurs (résidentiels ou non), les générateurs à combustibles solides, et peut-être d'autres produits du même domaine.
Vous semblez insinuer que tous les équipements ne seront pas concernés ?
C'est exact, et en voici une raison. Pour chacun des groupes retenus la Commission va d'abord mettre au point une définition (légale) des produits. Il sera en outre vérifié que les produits sont commercialisés à un niveau minimal : en principe 200 000 par an. Il sera, ensuite, tenu compte de la manière dont les produits sont utilisés : c'est ainsi que, pour les chaudières, le rendement minimum sera de 96 % (à partir de 2013), mais on devra s'assurer que ce rendement est maintenu sur les installations elles-mêmes. C'est dire que cette directive va exiger un travail considérable, mais essentiel pour un vrai développement durable. D'autant que l'inclusion de certains produits, par exemple les isolants et les doubles vitrages, est le résultat de décisions qui sont encore plus ou moins en suspens.
Dans quel délai disposerons-nous de ces spécifications ?
Il n'y a pas de réponse générale. De plus nous sommes un peu condamnés à un examen de la situation actuelle. Et non pas à l'horizon du vrai développement durable, là où 2050 est largement plus important que 2010. Mais on rejoint là mon quatrième vœu : qu'on se place dans une optique futuriste et non pas passéiste.
Que voulez-vous dire par là ?
Par exemple qu'en 2050, pour la France et selon toute vraisemblance, nos températures moyennes d'hiver seront supérieures de quelques 3 [K] aux valeurs actuelles : il faudra donc dimensionner nos installations de chauffage en conséquence. Mais ce qui est plus grave c'est que nos températures maximales d'été seront vraisemblablement supérieures de 4 à 5 [K] aux valeurs actuelles : la climatisation risque alors de devenir une règle dans un nombre croissant de bâtiments. Avec des difficultés de prévision des consommations de climatisation extrêmement fortes.
Roger CADIERGUES