Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
29 Novembre 2010
J’ai, ces dernières semaines, essayé de vous montrer comment, à mon sens, il faudrait opérer pour faire du véritable développement durable. Il nous reste à examiner un point très important : comment le faire valablement – et non pas intellectuellement. Face à un avenir inévitablement assez imprévisible. Ce devrait, en tous cas, être le rôle du développement durable. Alors que toutes les démarches qui nous sont officiellement imposées relèvent plutôt du technocratique et de l’intellectuel. Complètement à côté des réalités.
Que voulez-vous dire ?
Prenez l’exemple des dispositions françaises actuelles : une réglementation, pour le neuf (la RT 2005) comme pour l’existant (les diagnostics), fixant une fois pour toutes – et, de plus, avec des calculs alambiqués et financièrement coûteux – ce qu’il faut décider à un moment bien précis et très amont. Ce qui implique que le futur souhaitable devra être défini une fois pour toutes. Or il y a mieux à faire, à mon sens, et avec des conséquences moins lourdes financièrement. Ce que je propose c’est de faire du développement durable dynamique, et non pas statique. Faire que le développement durable soit une tâche courante, et non pas une tâche à accomplir une fois pour toutes. Et ce, aussi bizarre que cela puisse paraître, à des conditions pratiquement et financièrement plus légères.
Qu’entendez-vous par développement dynamique ?
Un développement continu, et non pas un développement figé. Qu’il s’agisse de neuf ou d’existant au sens des textes actuels, une distinction qui n’a plus alors guère de sens.
N’est-ce pas prohibitif ?
Disons d’abord que c’est la seule méthode rationnelle : le développement correct de nos réalisations ne doit pas être fixé ne varietur, par exemple au niveau du permis de construire, ou au niveau du diagnostic. Bien entendu vous vous demandez comment : il m’appartiendra de vous le démontrer, ce que j’expliquerai dans les lettres de 2011, accompagnées d’outils adéquats. Voici un exemple de situation conduisant à ma proposition : comme je l’ai indiqué dans ma lettre du 1er Juin : qui aurait pu prévoir il y a un ou deux ans qu’aujourd’hui (je dis bien « aujourd’hui ») seraient désormais disponibles des lampes (les nouvelles LED) remplaçant l’incandescence disparue et ce sans recourir à des lampes polluantes (avec présence de mercure). Et ce en améliorant l’efficacité. C’est une situation que nos magnifiques règlements et outils officiels ne veulent pas connaître, la réalité «fonctionnant» trop vite pour les règlements. Alors que nos démarches actuelles (réglementaires et coûteuses) l’ignorent totalement, les progrès de détail sont quasi-permanents : c’est sur la base de cette règle qu’il faut agir.
N’est-ce pas très difficile, sinon impossible ?
Il m’appartiendra – au cours des mois à venir – de vous démontrer concrètement le contraire. En considérant qu’un bâtiment – en particulier par ses équipements – n’est pas une entité globale et figée. Et n’est pas à classer dans l’immobile, même immobilier. Chaque groupe de fonctions et composants, de durée de vie cohérente, doit être examiné, entretenu et développé séparément : c’est ce que j’appelle le développement dynamique, dont il m’appartiendra, dans le futur, d’expliquer en détail ce dont il s’agit. Comme indiqué en titre de cette lettre « l’avenir ne se décrète pas, il se vit ». Entre temps il va falloir faire face à quelques difficultés.
Lesquelles ?
Comme je l’ai déjà indiqué, les mesures que nous pouvons actuellement envisager ne se répercuteront qu’avec retard et vont se traduire, dans l’immédiat, par des productions de CO2 accrues (et non pas réduites). Ce qui signifie que nos teneurs de l’air en CO2 ne stagneront que si on fait de plus en plus appel aux importations (avec du CO2 dû aux productions venant d’ailleurs qu’en France). Cette situation en matière de CO2 « bâtiment » est déjà celle qu’on constate. Et ceci tout en aboutissant – au niveau des pouvoirs publics – à des explications fallacieuses, qui vont se trouver largement dépassées dans les années à venir, années au cours desquelles il se pourrait bien que notre CO2 dans l’air croisse de façon encore plus significative. Notre commissaire au développement durable et notre ministère de l’environnement, déroutés par la situation, continueront sans doute à se faire des illusions et à cacher plus ou moins la réalité. Si vous ne me croyez pas attendez donc les années qui viennent. Et arrêtez de dire que l’amélioration qui était attendue grâce à des actions diverses est tout simplement annulée par l’accroissement des usages (en clair cela veut dire que les améliorations énergétiques pousseraient à la consommation, ce qui n’est absolument pas vérifié) …
Roger CADIERGUES