Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
14 Juin 2010
J’ai, fréquemment, fait allusion à l’exemple danois : il est sans doute temps de le décrire avec précision. D’autant que, finalement, nous ne parlerons pas que d’éolien.
Pouvez-vous vous expliquer ?
L’affaire remonte à la « première » crise de l’énergie (1973). A cette époque j’avais déjà eu plusieurs fois l’occasion de travailler avec des chercheurs danois. Ayant l’occasion de retourner dans ce pays, j’en ai profité pour poser quelques questions sur les évolutions énergétiques prévues. Je rappelle qu’à cette époque nous craignions de manquer d’énergie. C’est un discours que j’ai entendu périodiquement depuis qu’en cette année 1973 l’OPEP avait décrété un embargo sur les produits pétroliers. Depuis lors après la première phase de crainte sinon de panique, on s’est aperçu - une fois la panique passée et les solutions examinées - que les ressources étaient finalement plus importantes que celles prévues précédemment. C’est donc un risque limité, d’autant que les solutions existent. Voyez par exemple les USA qui vont se lancer maintenant sur l’extraction (à très grande profondeur), du « gaz de schiste » (shale gas). Ceci étant, nous n’étions pas, en 1973, dans cette position rassurante. Et cette crainte était le moteur essentiel des décisions énergétiques, en France comme au Danemark. Pour y répondre il était logique de se retourner vers les énergies que nous appelons maintenant « renouvelables ».
Ce problème étant universel, pourquoi le Danemark joue-t-il un rôle particulier ?
A cette époque (1973-74) nous nous sommes, en France, fortement retournés vers les possibilités du solaire.
Le Danemark, considérant qu’il n’était pas bien adapté climatiquement à cette source, s’est plutôt orienté vers d’autres énergies renouvelables, l’éolien en particulier considéré comme mieux adapté au relief de la région.
Pour nous, en France, restait ce problème : que faire de l’éolien. Le CSTB (Duchesne Marrulaz) se chargea d’étudier les petites éoliennes, incorporées aux bâtiments), en testant des installations réelles (le résultat final fut fort pessimiste). De mon côté il me parut intéressant d’examiner un usage plus large de l’éolien, les informations dont je disposais prouvant que c’était la voie étudiée par le Danemark. Il me suffisait donc « d’y aller voir ». Contrairement aux présentations euphoriques d’aujourd’hui ce pays n’était pas sûr de réussir, et il est important (à mon sens) de savoir pourquoi.
Quelles furent donc vos conclusions ?
A cette époque (et c’est toujours largement valable) l’énergie, au Danemark, était souvent produite dans des centrales municipales de production combinée fonctionnant aux combustibles classiques, fournissant l’électricité au secteur et le chauffage aux réseaux urbains. La question posée était donc : comment faire alors que nous risquons de manquer de combustible. Deux solutions triomphèrent alors : recourir à la combustion des déchets (pour les centrales thermiques), assurer les besoins en électricité par le recours à l’éolien. Aujourd’hui on sait que le Danemark a magnifiquement réussi pour l’éolien, mais on parle beaucoup moins de la combustion des déchets, une technique qui d’ailleurs a été plus longue à mettre au point.
Quelles sont vos conclusions en matière de combustion des déchets ?
La difficulté est classique, c’est celle des incinérateurs : le dégagement, dans les produits de combustion, de matières odorantes ou nocives. Il aura fallu de longues années pour qu’on mette au point des ensembles de filtration complète des gaz produits de combustion : il s’agit d’une multitude de filtres, absorbant les dioxines, le mercure, etc … Rendons d’ailleurs grâce aux développements hollandais qui furent en tête dans ces démarches, mais il n’en reste pas moins que le développement du Danemark fut remarquable, puisqu’il existe, dans ce pays, 29 centrales (plus 10 en projet ou en cours) alimentant, en production combinée, 98 municipalités.
Peut-on en savoir un peu plus ?
Nous avons, en fait, deux thèmes :
. la production d’énergie par des centrales combinées incinérant des déchets,
. la production d’électricité par des centrales éoliennes.
Ce sont deux secteurs différents, que nous examinerons séparément à partir de la semaine prochaine.
Je reviendrai, in fine, sur le solaire.
Roger CADIERGUES