Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
8 Mars 2012
J’ai, Lundi dernier, indiqué le caractère désormais « officiel » du smartgrid américain : il nous reste à en analyser les points essentiels, car les tâches sont – jusqu’à un certain point – énormes. Et les applications européennes envisagées incertaines.
Comment le système américain se met-il en place ?
Premier point important : le réseau intelligent – le « smartgrid » - n’est réellement efficace que s’il dessert des bâtiments eux-mêmes intelligents. Il ne faut pas se faire d’illusion : ce point est essentiel. Dans le système les bâtiments desservis doivent être capables de maintenir la stabilité dans le réseau en modérant ou modulant les besoins énergétiques. Pour cela il faut qu’ils sachent, par exemple, réagir au signalement des pointes. Cette collaboration des bâtiments et des réseaux implique, évidemment, la définition de règles normalisées, ce qui existe déjà dans les organisations techniques concernées. Avec un rôle privilégié (aux USA) de l’organisation dénommée « OASIS » (Organization for the Advancement of Structured Information Standards), un acteur fondamental des échanges d’information – le réseau électrique n’en étant qu’un exemple. Nous disposons, in fine, d’une assez grande abondance de textes et de propositions d’OASIS, les plus importants datant de 2002.
Est-ce essentiel ?
OASIS est fondamental, d’autant qu’il coïncide avec la création du centre de recherche de l’Université de Berkeley sur la standardisation (en matière d’information) de ce qu’on a appelé la méthode « Demande-Réponse » (Demand Response, ou « DR »), l’essentiel du système américain à la base du réseau électrique intelligent. Les règles (publiques) de Berkeley sont dénommées « Open ADR » (Open Automated Demand Response), et ont manifestement rencontré un net succès, d’autant qu’elles s’intègrent très bien dans le marché USA d’électricité. Celui-ci repose sur la distinction entre producteurs et distributeurs, ces derniers jouant un rôle essentiel : il s’agit de ce qu’on appelle les «ISO» (Independent System Operators), ceux qui sont finalement en contact avec les utilisateurs finaux, et qui sont donc les parties prenantes de base du système intelligent. Un peu l’ERDF français.
Tout cela est bien loin de nos problèmes ?
Peut-être, mais voici un exemple nous concernant directement : l’ASHRAE (l’AICVF Américaine) a très fortement soutenu et développé, depuis de nombreuses années, un système de gestion technique centralisée nous concernant, connu sous le nom de BacNet. Désormais BacNet intègre les systèmes intelligents, y compris l’intégration aux smartgrids. Malheureusement il y a souvent confusion entre deux évolutions essentielles.
Que voulez-vous dire par là ?
Dans toutes les évolutions fondamentales qui vont nous frapper de plus en plus, durant les années qui viennent, il y aura deux évolutions remarquables, déjà largement en cours, au moins pour la première :
- 1 - le développement des communications « M to M », c’est-à-dire de « machine à machine »;
- 2 - le développement des objets « intelligents », un développement qui me parait inévitable et essentiel, mais qui ne sera significatif que dans les années à venir.
Qu’est-ce, finalement, que le « M to M » ?
Le fait que les communications par Internet concernent de plus en plus des machines entre elles : il est prévu près de 2 milliards de connexions de ce type pour 2016 (déjà 100 millions en 2010). Bien entendu ceci est lié aux très grandes vitesses des liaisons Internet, aussi bien pour les appareils mobiles à usage personnel que pour les machines, par exemple les compteurs d’eau. La vitesse pourrait être multipliée par dix entre 2010 et 2016, et ce grâce à la généralisation progressive du protocole de liaison Internet qu’est le « 4G ». C’est une situation qui concerne aussi bien les dialogues entre machines que les dialogues entre hommes et machines (via smartphones, tablettes ou PC). Il est prévu qu’en 2016 le monde comptera plus de 8 milliards d’appareils mobiles à usage personnel connectés à Internet. C’est donc, à mon avis, essentiel, et j’y reviendrai prochainement.
Roger CADIERGUES