Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
19 Janvier 2012
Le photovoltaïque étant plus que jamais à la mode … au moins dans les esprits, je vais – maintenant – essayer de faire le point sur le plan des coûts.
Que peut-on dire ?
A mon sens le développement normal du photovoltaïque est, ou a été pénalisé – en France - par deux démarches regrettables :
- une tarification du rachat de l’électricité photovoltaïque au départ aberrante,
- une séduction purement sentimentale pour les bâtiments dits à énergie zéro (produisant plus d’énergie qu’ils n’en consomment),
L’ensemble – sur le plan des actions gouvernementales – relevant plus de la dictature technologique que de la confiance aux vrais professionnels.
Pouvez-vous être plus précis ?
Prenons le premier point, celui des tarifs, l’affaire se résumant actuellement aux deux phases suivantes :
- - d’abord des tarifs initiaux scandaleux (en fait des subventions cachées) qui avaient débordé des pouvoirs publics manquant complètement de bon sens,
- - ensuite une solution mi-chèvre mi-choux, très mal perçue, de réduction autoritaire de ces tarifs.
Alors qu’il aurait été plus simple et plus valable de laisser aux producteurs d’électricité le soin de fixer le tarif de rachat, au lieu de ces mauvaises démarches, à ma connaissance d’origine allemande.
Cette solution « subvention qui ne veut pas dire son nom » n’est pas propre à la France : le gouvernement britannique, par exemple, vient de diviser par deux les tarifs photovoltaïques qu’il avait proposé. Avec les protestations violentes que l’on peut prévoir.
Peut-on quand même être plus précis sur les coûts ?
Je me suis trouvé face à ce problème en 1988, lorsque l’Unesco a envisagé de me confier la mise en place de la fabrication et des installations de pompes photovoltaïques pour toute l’Afrique de l’Ouest. Le projet – destiné à régler le problème africain de l’eau - comportait une usine de fabrication à Bamako, accompagnée d’un centre de formation des ingénieurs et techniciens africains. Les plans de l’usine étaient préparés en détail c'est-à-dire avec toutes les plates-formes de fabrication, ce qui impliquait des techniques de production bien précises. C’est là où j’ai commencé à m’intéresser sérieusement au coût des installations photovoltaïques. Les plates-formes de fabrication prévues à Bamako avaient très bien été étudiées, et ce en détail par un ingénieur américain qui s’était fortement inspiré des méthodes de son pays. Toutefois, dès que j’ai pris connaissance du dossier il m’est vite apparu que l’on pouvait réduire le coût des installations photovoltaïques.
Comment ?
Schématiquement le coût du photovoltaïque peut se décomposer en deux :
- - le coût du noyau photovoltaïque proprement dit, le silicium pour être simple,
- - le coût de l’encadrement (cadre, supports, etc ...) et le coût des annexes et liaisons électriques, l’onduleur par exemple pour produire du courant alternatif.
C’est sur le second poste qu’à première vue j’estimais possible de réduire les coûts : c’est à peu près ce qu’on a pu réaliser dans les dix années qui ont suivies.
Quels sont, actuellement, ces coûts ?
Je n’ai pas arrêté pendant 30 ans d’entendre dire par les « spécialistes » que le prix du photovoltaïque allait fortement baisser dans les années à venir. Je suis toujours resté sceptique sur ces affirmations. « Sceptique » ne veut pas dire que je considérais la baisse progressive des coûts du photovoltaïque comme impossible, je considérais simplement qu’il fallait en apporter la preuve, et ne pas se baser sur des affirmations non contrôlées.
J’ai donc cherché – longtemps en vain – à y voir clair. Fort heureusement j’ai pu dénicher une étude américaine menée par le laboratoire de l’université de Berkeley avec laquelle j’avais jadis travaillé. Cette étude consiste en un suivi des coûts réels d’installations photovoltaïques de toutes puissances. C’est ainsi que, depuis 1998, plus de 120 000 installations ont pu être repérées dans tous les secteurs. Les résultats obtenus sont les suivants, en dollar par watt crête : 11 en 1998 ; 9,9 en 2002 ; 8,4 en 2004 ; 7,9 en 2006 ; 7,6 en 2008 ; 6,2 en 2010. Donc des baisses progressives incontestables. Mais ce ne sont là que les premiers éléments : il faut que nous y revenions, ce que nos ferons Lundi prochain.
Roger CADIERGUES